Chapitre 3 : le faucheur a assez attendu.

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               Il avait finalement trouvé un vieux hôtel délabré, mais qui ferait l'affaire le temps de remettre sur pieds Anaka. Il avait déposé le malade sur le lit et avait cherché de quoi le soigner. Il avait trouvé le strict nécessaire. Le chevalier noir avait retiré ses vêtements pour facilité l'accès à Reeve. Quand celui-ci revint auprès de lui, il eut un moment d'absence en découvrant son torse nu, sculpté dans la roche. Ses cheveux bruns étaient lâchés et Reeve ne sut ce qu'il ressentit à ce moment même, mais ce n'était pas une chose qu'il souhaitait savoir. 

Lorsque leur regards se croisèrent, Anaka avait ce petit air mi malicieux mi souffrant et il arborait difficilement un sourire. Reeve se demandait pourquoi, avant de se sentir honteux. Anaka l'avait vu mater son torse. Sans plus tarder, il s'occupa de lui, sous les directives du chevalier. 

    Reeve partit à la recherche d'eau dans l'hotel, pendant qu'Anaka se reposait. Il ne comprenait toujours pas ce qu'il fichait ici, ni quand il allait retrouver la mémoire, mais il savait qu'il ne devait pas s'éloigner d'Anaka. Il était en sécurité avec lui. Et puis, il connaissait son prénom, signe qu'il pouvait avoir confiance en lui. 

Quand il tomba sur la malle qu'il avait déjà vu dans l'immeuble, il se précipita vers elle et l'ouvrit, y découvrant une gourde d'eau. Il la prit et repartit en courant, mais se stoppa net en voyant un homme, devant lui, dans ce couloir vide. Son sang se glaça en apercevant cette arme, pointé sur lui. Il ne bougea plus. Il remarqua qu'ils étaient habillés de la même manière, comme le type qui était entré dans l'immeuble. C'était peut-être un allié ? 

— Ecoute, je pense que... que tu devrais poser ton arme, je ne te veux rien de mal, je ne suis pas le faucheur. 

— Amène-moi à lui, alors. 

— Je ne sais pas où il est, je... 

— Je t'ai vu entrer avec quelqu'un ici, qui est-il ? demanda l'homme. 

Reeve le vit s'approcher, toujours aussi menaçant. Il espérait de tout son coeur que le chevalier vienne le sauver, parce que lui ne savait pas se battre. 

— Je ne comprends pas tout à cette histoire, mais je peux t'assurer que mon ami et moi ne sommes pas tes ennemis. On recherche aussi le faucheur. 

— Montre-moi ton médaillon, alors. 

Reeve fronça les sourcils. De quoi parlait-il ? Un médaillon ? Il n'avait pas ça ! 

— De quoi tu parles ? 

L'homme s'approcha davantage. 

— Tu es celui qui a perdu la mémoire, n'est-ce pas ? 

Le jeune homme eut un mouvement de recul, comment connaissait-il cette information ? 

— Tu es Reeve.

— Comment... comment tu sais ça ? demanda-t-il, surpris. 

— Tu dois porter un médaillon autour de ton cou, regarde en dessous de ton t-shirt. 

Reeve fit ce qu'il lui dit, curieux. Il passa une main sur son cou et sentit une chaîne. Il tira dessus et en sortit un médaillon, comme l'inconnu le lui avait dit. Ce médaillon lui rappelait quelque chose, mais il n'arrivait pas à savoir ce que c'était. 

— Est-ce que ton ami en a un également ? questionna l'homme, son arme toujours visé vers lui. 

Il réfléchit quelques secondes, avant de se souvenir pourquoi ce médaillon lui paraissait familier. Anaka en avait plusieurs autour du cou... 

Reeve préféra garder cette information pour lui et hocha la tête. L'inconnu baissa son arme. 

— Bonne chance. Mais ne te fais pas trop d'espoir, c'est moi qui aurait la peau de ce faucheur et qui gagnerait, dit-il avant de se retourner et de s'enfuir. 

Le jeune homme resta perplexe, avant de retourner dans la chambre d'hôtel, où se trouvait Anaka. Lorsqu'il entra, il vit celui-ci, de nouveau habillé, sa cape était posée contre la chaise en bois et il était assis dans le lit. 

— Où étais-tu parti ? questionna le chevalier, son épée dans sa main. 

— J'étais parti chercher de l'eau, dit-il en lui tendant la gourde. 

Anaka s'en saisit et but de longues gorgées. Reeve avait les yeux rivés sur tous ses médaillons accrochés à son cou. Un sentiment de peur lui prit dans le ventre. Finalement, le chevalier noir lui paraissait plus menaçant, tout à coup. Pourquoi en avait-il plusieurs ? 

— D'où viennent ces pendentifs ? osa-t-il dire, la voix tremblante. 

Il tenait fermement un couteau derrière lui, trouvé sur le sol, dans le couloir, prêt à se défendre si besoin. Le chevalier noir arrêta de boire et fixa son regard doré dans le sien. 

— Je récupère les médaillons de nos alliés, qui meurent par la faute des servants du faucheur et de lui-même. C'est une manière d'honorer leur âme. 

Reeve se sentit quelque peu soulagé. Pendant une seconde, il avait eu peur qu'Anaka lui ait menti et qu'il ait tué toutes ces personnes, qui étaient de son côté. Que le chevalier noir était en fait le faucheur. 

— Comment est-ce qu'on reconnaitra le faucheur ? demanda Reeve. 

— Tu le sauras, sourit Anaka. Maintenant, poses ton couteau. 

Le jeune homme s'empourpra à cette demande et lâcha le couteau par terre. 

— Comment tu... tu as su ? 

Anaka se leva, tout en serrant les dents de douleur, et se rapprocha de Reeve. Quelques centimètres les séparaient et le chevalier posa ses mains sur les joues du jeune homme. 

— Je t'ai dit que je te connaissais, Reeve. Et à vrai dire... nous ne sommes pas que de simples alliés, souffla-t-il. 

Reeve frissonna, comprenant très vite où voulait en venir Anaka. 

— De quoi tu parles ? demanda-t-il tout de même. 

Ses mains relevèrent son visage et ses yeux plongèrent dans les siens. 

— Tu sais de quoi je parle, Reeve, je l'ai vu dans tes yeux, quand tu m'as regardé. Je t'attire. 

Reeve sentit ses joues chauffer. Il avait envie de contester, mais le chevalier l'attirait, il n'arrivait pas à en comprendre la raison. 

— Tu me désires et moi aussi, follement. Laisse-moi te remémorer notre attraction l'un pour l'autre. 

Le chevalier pencha la tête vers lui et Reeve allait se laisser faire, désireux d'en connaître les sensations. Anaka passa ses mains dans ses cheveux et tira dessus, pour que Reeve soit à sa portée. Celui-ci couina sous la douleur et se raccrocha à son t-shirt craqué. Il sentit son coeur s'emballer et une drôle de sensation se répandre dans son ventre. Sauf qu'au dernier moment, la panique le gagna et il repoussa Anaka. 

— Nous... nous n'avons pas le temps pour ça. 

Reeve se retourna pour que le chevalier n'insiste pas. Il savait qu'il céderait trop facilement. 

— Si tu peux te mettre sur tes deux jambes, alors nous pourrons reprendre les recherches du faucheur. Je veux sortir d'ici, le faucheur a assez attendu. 





Le faucheur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant