Lilluvent

Linéaments de...

"Linéaments de…"

Adieu torpeurs et vénéneuses fumées

      Je voudrais…

Adieu cette prison de verre

      Entre moi

Et ce monde aussi illusoire

Que les chimères de mes rêves

Adieu lecteur assis rêvant

Les images d’un conte

Où il ne sait pas vivre

Adieu prisonnier

Pitoyable spectateur

Bardé hérissé

Derrière le hublot épais de son scaphandre

J’irai je cheminerai où ? Dans quel but ? Pourquoi ?

Je ne sais pas vraiment

Quand bien même devrais-je recréer

Le réel et l’univers

Insecte après Insecte

Arbre après Arbre

Visage après Visage

J’irai

     Je voudrais…

Et à l’heure où la Mort

M’effacera

J’aurai peut-être atteint cette transparence

Où les chemins des mots et de la pensée

Deviennent inutiles

Où mon être

      Sera

La chair et la respiration

De cette terre

Terre planète ma bien aimée…

Ses morts et ses germinations

Je serai un peu de ses visages à venir

Après m’être nourrie et créée

Longtemps incantés et portés

De ses visages passés

Je serai Terre planète ma bien-aimée

Atome et infinie

Comme chaque atome de mon corps est mon corps

Et vit dans sa respiration

Meurt et se recrée dans une incessante alchimie

Terre planète ma bien-aimée

Quand le Bleu

Efface les ridicules cloisons frontières-boîtes-prisons

Où ceux qui ont le vertige

A regarder couchés

Le foisonnement des étoiles

Et le dôme et la courbe

Sans courbe et sans dôme

Pure lumière Noire à traverser

Du Vide infini

Où ceux qui ont le vertige

Enferment et morcellent ton corps

Par crainte d’être petits

Terre Planète ma douce

Pas même patrie

Avec toi Respirer au souffle

De la concrète musique des sphères

Celle où les antennes et les radars

Disent ne rien déchiffrer

Grandes corolles d’oreilles sourdes

Mais pourtant au moins coquillages

Et déjà beauté

Terre Planète ma douce

Respirant au souffle noir du cosmos

Où se dilatent s’enfantent et éclatent

Les étoiles les soleils et les mondes

Et si c’est encore chimère et illusion

J’aurai essayé

(23-10-79)