"Procès de Saint François"
Aux clarisses d’Assises
La sœur au poteau
Sur la dalle froide
De ce froid du tombeau
Les bras en croix
Le chanvre au cou
Aux clarisses d’Assises
Claire en croix
Si peu vivante
Si morte déjà
Dans son grand suaire
Baisait la poussière
Et dans les yeux égarés
De la clarisse au poteau
Dans le brasier lucide de son âme
Pleuraient les étoiles
En extase
Et riait l’univers
Rédempté
Le tonnerre dit-on
L’eût frappée
Que la vierge à la coulpe
Ne se fût point retournée
Aux clarisses d’Assises
Les sœurs au chapitre
Forêt de longs cierges noirs
Plantés tout droits sévères
Avec pour seule lumière
Pour flamme sainte
L’extase lucide
Des vierges austères
Des vierges sages
De celles que l’on dit folles
Aux clarisses d’Assises
Les sœurs au chapitre
Grand orgue noir
Et vivant
Dedans tout de lumière
Les clarisses au chapitre
Et Claire au poteau
Chantaient du cristal tranchant et sans faille
De la même voix
Les clarisses d’Assises
Et Claire en croix
Chantaient du cristal blessé
Et sanglant
Du même pauvre cœur en émoi
Chantaient le procès
De Saint François
Saint François
Saint François d’Assises
Regard bleu tout neuf
Bleu à en mort quérir
Saint François d’Assises
Regard bleu tout neuf
Sous l’auréole folle
De tes cheveux blonds
Posés tout de guingois
Sur ton front sage
De petit garçon
Saint François d’Assises
Dont le doux front s’égare
Et s’incline vaincu contre l’épaule
Dans la clarté douloureuse de l’extase
Saint François d’Assises
Au tribunal de leur cœur
Les clarisses vous jugent
Les clarisses accusent
Elles vous déclarent homme
L’Homme
Dans ce qu’il a de plus fort et de plus vulnérable
Saint François
Saint François d’Assises
Au tribunal de leur cœur
Les clarisses vous jugent
Et te condamnent François
A leur amour
(5-10-72)
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Lilluvent
PoesíaImpossible quête de l'amour fantomatique à l'unique et changeant visage et de la mère morte irrémédiablement perdue. Éternelle adolescence, refus ou incapacité de grandir se heurtant inexorablement au mur de la réalité. Paradoxal désir d'éveil, de p...