𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐕

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     Le trajet jusqu'à Birmingham ne dura qu'une demi-heure en voiture. J'étais soulagée de constater que la ville se trouvait bien plus près que ce que j'avais imaginé. Je me trouvais à l'arrière de la voiture, tandis que Federico était à l'avant, à côté du chauffeur. Je le connaissais depuis mon enfance ; il avait été employé par mon père très tôt et était ainsi devenu l'un de ses meilleurs éléments. Alors que le chauffeur tournait dans l'une des rues de la ville, je perdis patience et lui demandai de s'arrêter sur le côté d'un trottoir pour que je puisse sortir.

Federico demanda au chauffeur de revenir nous chercher dans environ deux heures. Je le soupçonnais de savoir ce qui se tramait au manoir et, surtout, ce que mon père et Emilio avaient prévu. La ville me parut sombre et "grise". C'était la couleur dominante et peu de couleurs vives ressortaient. Cela ne devait pas remplir de joie ses habitants, d'autant plus qu'elle était dirigée par un gang soi-disant dangereux. J'imaginais que vivre ici n'était pas facile tous les jours. À la recherche d'une boutique, je marchais dans la rue sans vraiment passer inaperçue. Beaucoup de personnes se retournaient vers moi. Je n'étais pas sûre si c'était Federico qui attirait leur attention ou si c'était écrit sur mon visage que je n'étais pas originaire de cette ville.

Depuis notre arrivée, Federico avait pris une certaine distance avec moi, mais je sentis qu'il se rapprochait, se retrouvant bientôt à mes côtés.

"Je me demande bien pourquoi tu as demandé à ton père de te rendre ici, s'interrogea-t-il, Cette ville est affreuse."

     Je levais les yeux au ciel. Évidemment que je ne venais pas ici pour admirer le paysage. J'espérais trouver des personnes qui pourraient m'en apprendre plus sur les Peaky Blinders. Mais pour le moment, je ne devais pas paraître suspecte auprès de mon père. Et surtout, je ne devais pas l'être auprès de Federico, au risque qu'il aille tout raconter à mon père.

"Il me faut trouver des livres, expliquai-je, Bien sûr toi, tu as tout ce qu'il te faut pour t'occuper. Moi non.

Monsieur Benedetto a récemment acheté des chevaux. Tu pourrais apprendre à monter.

J'aimerais mieux trouver une activité qui ne nécessite pas la présence d'un chaperon. Mais merci pour la recommandation."

     Je laissais Federico jurer dans sa barbe, car j'avais enfin trouvé ce que je cherchais. J'entrai dans une petite boutique dont la vitrine avait attiré mon regard. L'intérieur me procurait une sensation de bien-être. Malgré l'odeur des vieux livres qui ne pouvait pas plaire à tout le monde, je m'y sentais bien. Un vieil homme se trouvait derrière un comptoir et, en me voyant, il se mit à sourire comme si j'étais la première cliente depuis des mois. Derrière moi, j'entendis un soupir de la part de Federico qui semblait regretter d'avoir accepté de m'accompagner. Mais cela était le cadet de mes soucis.

Je m'approchai alors du comptoir du vieil homme et le saluai, espérant que mon anglais ne serait pas trop mauvais malgré mon accent italien.

"En quoi puis-je vous servir mademoiselle ?

J'aimerais que vous me conseilliez un très bon livre. Ma foi, je sais lire en anglais et français. Je suis originaire d'Italie.

J'ai un très bon ouvrage français quelque part qui pourrait vous plaire, annonça-t-il en partant vers ses étagères."

     Fière de savoir que j'allais repartir avec un trésor, je me tournai vers Federico, qui me lança un regard noir. Je trouvais que les hommes n'avaient de goût que pour la violence et l'alcool. Très peu d'entre eux savaient reconnaître le vrai art. Quelques minutes plus tard, le vieil homme revint avec un livre assez épais dans les mains. Je le pris délicatement dans les miennes. J'ai toujours considéré les livres comme sacrés. Si un jour on me demandait quel était mon objet préféré, je répondrais sans aucun doute un livre.

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant