𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐈𝐈𝐈

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     Nous étions assis, presque collé l'un à l'autre. John tenait ma main dans la sienne. Il avait réussi à me calmer en quelques minutes. Malgré mon inquiétude pour mon père toujours présente, j'étais beaucoup plus rassurée et je me sentais en sécurité à ses côtés. Au début, nous avions repris notre conversation de la veille. Enfin, nous avions continué à déballer nos histoires respectives.

"On dit souvent que je lui ressemble, plus que je ressemble à mon père. Je n'ai aucun souvenir d'elle, mais lorsque je regarde les photographies, j'ai l'impression que des bribes de souvenirs me reviennent, contai-je à John."

     Son regard était focalisé sur ma main. Il hochait parfois la tête afin de me faire comprendre qu'il m'écoutait. Lorsqu'il sentait que je m'égarais et me laissais submergée de nouveau par le chagrin, il pressait doucement ma main. Ainsi, j'arrivais à reprendre le contrôle de moi-même.

"Souvent je suis souvent très triste. Depuis que sa maladie l'a emportée, je sens qu'il manque une présence féminine dans ma vie. Il ne se passe pas un jour où il n'y a pas une chose que je souhaiterais lui raconter."

     Je relevai la tête vers John, qui cette fois-ci me regardait également. Un léger sourire s'était dessiné sur ses lèvres que je fixais malgré moi. J'ai eu l'impression qu'il s'en était rendu compte, puisque son sourire s'intensifia, tandis que je détournais le regard. Mon objectif était de le sortir d'ici, de retrouver mon père et de découvrir ce que cachait Emilio. Et non de flirter.

"Je pense qu'il va bientôt être temps pour toi de partir d'ici, annonçai-je, Dans une semaine tu seras libre."

     Je n'avais pas de plan particulier pour qu'il puisse sortir sans être vu et trouver une excuse concernant sa disparition soudaine n'allait pas être facile. Seul Federico savait que je le voyais désormais très régulièrement et pour le moment il ne semble pas avoir révélé mon secret. Peut-être que quelque chose allait me donner une idée pour ensuite tout mettre en place.

"Et toi ? me demanda-t-il.

Moi ? C'est toi qui dois sortir d'ici.

Je veux dire, accompagne moi. Je vois bien que tu n'es pas totalement heureuse dans cet endroit."

     C'était la dernière proposition à laquelle je m'attendais. Qu'est-ce que je devais répondre ? Et surtout, qu'est-ce que l'on ferait ? De toute évidence, je serais probablement mariée de force à Federico, que je le veuille ou non, mon père qu'il revienne dans la minute ou jamais, mon destin était scellé.

Une voix féminine se fit entendre depuis le haut des escaliers. Je regardais alors John, surprise et à la fois anxieuse que ce puisse être une domestique envoyé par mon père, qui serait rentré et aurait appris ce soudain intérêt que j'avais pour son prisonnier, ainsi que tout le temps que je passais avec lui. Mon nom résonna de nouveau dans le sous-sol et après un dernier regard à John, sans même pu avoir pris le temps de lui donner une quelconque réponse, je quittai le sous-sol.

En remontant, je découvris Elizabeth, la domestique à qui j'avais posé des questions sur les Peaky Blinders peu de temps après l'arrivée de John. Alors que je croisai les bras, dû au mélange de froid et de chaud qui me faisait frissonner, j'observais la jeune femme qui tortillait le bas de son tablier.

"Il y a problème ? demandai-je de plus en plus inquiète.

Monsieur est rentré. Il y a à peine une minute. Il est directement parti dans la bibliothèque."

     Sans plus attendre, je me pressai rapidement afin de me rendre dans la bibliothèque. J'avais été tellement inquiète et le fait de savoir qu'il était rentré sain et sauf me retirait un immense poids. Je pris tout de même le soin de frapper à la porte avant d'entrer dans la vaste pièce. J'avais normalement interdiction d'y entrer, car quand mon père n'interrogeait pas son prisonnier, il se trouvait ici avec Emilio. Cela me rappelait, que je devais mettre mon père en garde contre cet homme. En me voyant entrer, je le vis se tourner et je le trouvais à la fois fatigué tout aillant une bonne mine. Ses vêtements étaient froissés, ses cheveux étaient en bataille.

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant