Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐕𝐈𝐈

Une horrible douleur traversait ma poitrine dès que j'y repensais. Comme si je mourrais à mon tour, mais mon corps refusait de disparaître. Cependant, ce qui revenait le plus souvent, c'était l'incompréhension. Pourquoi et qui avait pu me retirer l'être le plus cher à mon cœur ? J'étais aussi en colère. J'en voulais à ceux qui avaient fait cela. Bien sûr, j'étais persuadée qu'un seul homme n'aurait pu commettre un crime aussi grave. Massacrer autant de personnes innocentes. Toutes les personnes que j'avais croisées la veille, avaient été tuées. En découvrant le dresseur, je m'en suis terriblement voulu d'avoir pensé tout ces reproches, mais je ne pouvais pas savoir ce qui allait arriver et d'un autre côté, je continuais de m'en vouloir.

Le manoir était dans un sale état, je n'avais pas dormi, hantée par la dernière image que j'avais de mon père. Il avait tout de même essayé de se défendre. Son arme était au sol, à peine à quelques centimètres de lui. Néanmoins, j'aimerais pouvoir porter son arme sur la tempe des personnes qui me l'ont enlevé et leur faire subir le même sort.

Le feu de cheminée était allumé pour essayer de réchauffer le salon qui avait été le moins touché, mais je ressentais constamment le froid. Je fus prise d'un sursaut, lorsque je sentis que l'on déposait une couverture sur mes épaules. Je devais probablement trembler sans m'en rendre compte. Appréciant ce geste, je déposais ma main sur celle qui s'attardait sur mon épaule.

"Voulez-vous quelque chose à manger Mademoiselle ?"

Je souris et me tournai vers Elizabeth. Je secouai lentement la tête. Cette sensation aussi ne me quittait pas. L'impression que, quoi que je puisse avaler, cela ne servirait à rien. Je perdais peu à peu la foi, l'espoir et une part d'humanité. Elizabeth avait été la seule à avoir survécu à l'attaque, mais elle ignorait qui avait fait ça. Aux premiers coups de feu, elle était partie se cacher et n'était ressortie que lorsqu'elle avait été sûre qu'il n'y avait plus de danger. Dès que j'étais revenue, après avoir découvert mon père, je l'avais cherchée, criant son nom, étant presque sûre qu'elle non plus n'avait pas été épargnée. Même lorsqu'elle est sortie de sa cachette afin de me rejoindre, pendant un moment, je ne croyais pas qu'elle était vraiment là. L'une comme l'autre, nous n'avons pas posé la moindre question, laissant place au silence. Toutes les questions se bousculaient déjà assez dans ma tête pour que je les prononce à voix haute. Je cherchais le moment, l'événement, le détail qui avait pu provoquer cette catastrophe.

Elizabeth hocha lentement la tête avant de s'éloigner. Je n'avais pas enterré mon père, son corps était encore dans son bureau, personne n'avait encore été prévenu, que je me préparais déjà à ce qui allait être le plus dur à surmonter : le deuil. Je devais m'y préparer, car une fois que j'aurais dit adieu à mon père, je reprendrais tout ce qu'il avait construit. Tout ce qu'il avait bâti jusqu'à aujourd'hui allait me revenir et je devais m'y préparer le plus rapidement possible, afin d'être à la hauteur, pour l'honorer.

Souvenirs d'Elizabeth

La jeune femme était soulagée à présent d'avoir vu l'ancien prisonnier retrouver sa liberté. Désormais, elle se doutait que Mademoiselle Tozzi l'avait retrouvé, elle aussi. Du moins, l'homme qui faisait battre son cœur depuis quelque temps maintenant. Tandis qu'elle vaquait à ses occupations habituelles, ses pensées commençaient peu à peu à être envahies par ce qu'elle allait devoir faire ce soir, jusqu'à demain matin. Elle allait devoir prendre la place de Mademoiselle Tozzi dans sa chambre jusqu'à son retour. L'inquiétude d'être découverte était bien présente, mais elle pensait aussi au fait qu'elle allait passer une nuit dans une chambre véritablement luxueuse pour elle. Jamais elle n'avait eu la chance de posséder une telle pièce pour elle seule, ni de dormir dans un lit possédant un matelas qui devait être très confortable. C'était un plaisir que jamais elle n'avait touché du bout des doigts et dont elle ne jouissait jamais.