Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐗

     Trois mois. Trois mois s'étaient écoulés depuis le drame que j'avais vécu. Depuis la dure révélation d'Emilio concernant la disparition de ma mère. Grâce à Elizabeth, Federico et Emilio, j'avais réussi à sortir la tête de l'eau. Je vivais en apnée depuis quelques temps, avec un poids sur la poitrine qui m'empêchait de reprendre ma respiration, de m'échapper de cette prison de souvenirs qui me reliait à ma vie d'avant. Petit à petit, je prenais conscience que je ne pouvais pas rester les bras croisés. Du moins, Emilio m'a chaque jour rappelé que mon père aurait remué ciel et terre afin de me rendre justice et justice à ma mère. Ainsi, il m'a fait comprendre que la seule façon de me sentir mieux, c'était de mettre fin au gang des Peaky Blinders.

Je ne faisais toujours pas confiance à Emilio. Je continuais de penser qu'il me cachait quelque chose, sur lequel je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Soudainement, il s'était fortement impliqué dans l'idée de venger mon père. Il avait fait appel aux hommes qui affectionnaient beaucoup mon père, qui l'admiraient et qui à présent étaient touchés par sa disparition. Une fois par semaine, nous nous réunissions dans l'ancien bureau de mon père, qui était désormais le mien, que je partageais avec Emilio lorsqu'il en avait besoin. Pendant des heures, nous étions réunis afin de mettre aux points différentes stratégies. Certains étaient pour directement attaquer et d'autres voulaient prendre le temps de réfléchir et déstabiliser la famille Shelby lentement, mais durement.

Federico a été d'un grand soutien, bien que tout ce qui le préoccupait, fût-ce ce que nous allions devenir après avoir mis fin à cette guerre. Sans cesse, il me proposait de repartir à Naples, afin de fonder une famille, après nous être marié là-bas. Quant à moi, je ne me projetais pas avec lui et ça ne sera jamais le cas. Au contraire, mes sentiments à son égard changeaient au fil du temps, se muant en haine, alors que je l'avais toujours considéré comme le frère que je n'avais jamais eu. Je n'avais jamais vu en Federico une vie commune, maritale.

Enfin, j'avais décidé que pour Elizabeth, il était de temps de mettre fin au statut de bonne qu'elle avait depuis que j'étais arrivée dans ce manoir. Désormais, je la considérais comme mon amie la plus précieuse. Les lieux étant de nouveau très animés, nous partagions une chambre et nous nous méfions toutes les deux d'Emilio.

     Ce soir, alors que nous fûmes couchées, que les ombres projetées par la flamme de la bougie encore allumée, dansaient contre le mur et au plafond, je pus sentir qu'Elizabeth ne dormait pas encore. Tout comme moi, elle devait être nerveuse. Demain allait être un jour particulier.

"Qu'est-ce qui te rend nerveuse au point de ne pas dormir ? demandai-je.

Je m'inquiète pour vous Mademoiselle. Comment pouvons-nous être certaine que même une fois marraine de la mafia de votre père, tout se déroulera comme vous le souhaitez ?"

     Ce qu'elle disait n'était pas entièrement faux. Demain, une sorte de cérémonie allait avoir lieu, afin de me désigner comme étant la marraine de la mafia napolitaine. Mon père n'ayant pas de garçon, tout me revenait. C'était une énorme responsabilité qui me tombait dessus. Jamais je n'ai eu l'occasion de m'y préparer. C'est en pratiquant que j'allais apprendre, peut-être qu'il s'agissait, de toute évidence, de la seule solution qui s'offrait à moi. Il n'y avait aucune réponse que je pouvais apporter à Elizabeth. Rien ne me permettait de savoir si tout ce que je souhaitais, allait se dérouler comme prévu. Seulement, est-ce qu'il y avait quelque chose que je souhaitais vraiment ? Ces interrogations me brouillaient l'esprit et je ne tenais pas à passer une nuit blanche. Ainsi, tout ce qui sortit de ma bouche fût un "bonne nuit", avant de fermer les yeux, frappant mentalement contre la porte du royaume de Morphée, espérant y être accueillie pour cette nuit.