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s'épanchèrent parcimonieusement les jours de doyoung, calmes et tristes. cependant pas si solitaires ; johnny venait quotidiennement lui injecter de la morphine pour atténuer la douleur dans sa poitrine. au premier jour, ce fut un supplice pour le jeune homme, malgré le fait que le docteur fut d'une importante douceur. au deuxième jour, son cœur battait de travers. régression que johnny remarqua, mais plus rien ne pouvait l'aider. au troisième jour, son cœur était vraiment en panne.

rudes hurlements, râles alarmants.
les traits de doyoung étaient assombris par des crispations qui tenaient de la fièvre et de la suffocation. il ne bougeait plus mais écoutait en lui, oubliant les vagues qui lui disaient de tenir bon. johnny était allongé à sa gauche ; tous deux observaient le ciel alternativement tendre, pâle et cruel. les extrêmes phalanges joints, ils attendaient.

et elle arriva. l'agonie, l'intense douleur que suivra la mort. doyoung gémissait longtemps, ses larmes coulant abondamment. johnny, l'âme fendue, essaya d'étouffer ses gémissements en l'embrassant. le cœur de doyoung hésitait, repartait, s'arrêtait. « je vous embrasserai même si vous êtes mort », se dit le surdoué.

quand doyoung cessa de respirer, les lèvres de johnny se posaient encore sur les siennes, et torrent de pleurs sortit de ses orbes. il caressa ses fins cheveux, sa douce peau puis plongea son visage humide dans son torse. leurs doigts s'entremêlèrent pour la dernière fois.

la beauté du corps de doyoung était partie dans les feux du cancer, son esprit s'évaporait et son âme volait devers le ciel.

là-bas étincelle la vague bleue, emportant ses flotilles de barques brillantes et ses voiles étendues, blanches ailes des vaisseaux, et les avirons aux cadences harmonieuses, et tout le gai murmure des eaux...

EAUX CÉANS. ᵈᵒʸᵒᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant