09

37 11 3
                                    

doyoung était vivant ; l'ouverture de ses miraculeuses paupières l'attestait. mais lui était persuadé du contraire ; apercevant jardin de fleurs bleues et un chérubin allongé près de lui, il se croyait au paradis.

mais à ses songes utopiques se mêlaient soudain des détails précis. étranges familiarités ; le son des lames et la chaleur du soleil. quand il se mit à tousser, de l'eau jaillit de sa bouche. il se rendit alors compte qu'il n'était pas mort.

il se tourna pour observer de plus près l'être à côté de lui ; ses formes ne lui étaient pas inconnues, et il se souvenait avoir déjà vu ses vêtements quelque part, mais il n'arrivait pas à savoir à qui ils appartenaient. doyoung essaya de bouger, et il put se rapprocher de la personne qu'il identifia ensuite très facilement grâce à son visage : seo young ho.

un frisson parcourut l'échine de doyoung. encore cet homme. ce fut précisément lui qu'il ne voulait plus jamais revoir, ce fut lui qui a brûlé ses espoirs. à ses yeux, il ne pouvait pas être sauvé. doyoung se sentait presque mort, il n'avait plus rien à gagner de la vie, et johnny lui disait encore d'en profiter.

« - vous ne me comprenez pas, et vous ne me comprendrez jamais ! »

de toutes les maigres forces qu'il lui restait doyoung criait. mais par ces vives paroles johnny fut réveillé. il sourit, puis prononça quelques mots à l'adresse de son patient :

« - les suicidaires sont toujours des gens incompris. »

doyoung sentit son cœur battre à tout rompre. il détestait vraiment seo johnny et sa façon de parler.

« - les suicidaires ne demandent pas à ce qu'on les sauve ! »

« - écoutez doyoung. je suis vraiment désolé pour ma précédente prescription ; quand je vous disais de profiter de la vie. c'était une grave erreur de ma part, c'était votre écroulement que j'ai commandé. oui, je vous ai même expliqué que l'on ne peut vivre en ayant la mort en tête mais hélas, le danger dans vos arrière-pensées m'a échappé. cependant, ma conscience m'a rattrapé ; voilà pourquoi je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai insufflé mon âme. »

« - vous n'êtes pas dieu pour m'insuffler votre âme, je voulais mourir ! »

« - vous n'êtes pas dieu pour décider vous-même quand vous allez mourir. l'heure arrivera, mais ne la forcez pas. ignorez la mort du mieux que vous pouvez, et vivez tant qu'il est encore temps. je serai avec vous. »

s'afficha alors l'irrévérence de doyoung ; tempête de jurons et insultes explosant. johnny se leva, et s'apprêtant à partir, il affirma :

« - en passant, vos lèvres sont exquises. »

EAUX CÉANS. ᵈᵒʸᵒᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant