Elle est là, seule, dans son appartement. Allongée dans sa baignoire, le corps recouvert d'une eau légèrement opaque due au sel de bain à la lavande, le tout complété d'une épaisse mousse blanche.
Combien de fois a-t-elle failli faire tomber son téléphone dans l'eau? C'est incalculable. Mais elle résiste à le garder au creux de ses mains. Depuis quelques temps, elle ne le quitte plus. Attendant un appel, un message, un signe ; quelque chose. Mais rien. Le néant à l'état pur.
Dans la société actuelle, on nous oblige à acheter des téléphone afin de se connecter au monde, alors qu'en réalité, on ne se sent que plus seul à cause de ceux-ci. Partager sa vie pour se sentir aimé à travers un écran, mais aussi pour mieux se faire critiquer.
Certes, elle aurait pu envoyer un message la première, mais sa fierté a fait qu'elle n'a pas écrit ce foutu message. Après quelques instants de réflexions, à faire tourner ses doigts, sans but précis, au dessus du clavier, elle décida de poser son téléphone sur le bord de la baignoire.
La douce mélodie du Clair de Lune de Debussy résonne depuis seulement quelques instants, mais la solitude et la tristesse la creuse un peu plus jusqu'aux tréfonds de son coeur.
Quelques larmes, ce sont les seuls vestiges de sa douleur. Une douleur sans nom. Une douleur sans fond. À cause de qui? À cause d'un con. À cause des cons.
Les hommes? Hors de question d'y repenser pour le moment. Une aberration. Elle a déjà passé trop de temps de sa vie à se morfondre sur des imbéciles. Elle en a aimé. Peu à vrai dire, sur tous ceux avec qui elle est sortie, mais elle les a aimé à en crever. Le dernier en date, celui pour qui ses larmes se confondent avec l'eau de son bain, aurait pu être l'homme de sa vie. Si seulement il était plus présent avec elle au lieu de l'être avec d'autres.
Mensonge, crie la conscience, tu n'étais pas avec. Tu t'es créé cette histoire de toute pièce. Tu t'es attachée, trop vite, comme d'habitude, et maintenant tu en fais les frais. Tu ne sais même pas ce qu'il pense de toi. Tu retiens juste les 2 pétasses à qui il a parlé et tu te fais une scène. Tu te bousilles pour un homme.
Plongeons dans le bain, la tête sous l'eau. Cacher les larmes et rafraîchir son esprit en laissant l'eau glisser sur sa peau. Conscience, parfois il serait préférable de se taire. Elle le sait tous ça, mais parfois, il est bon de rêver, et parfois, il vaut mieux oublier la vérité.
La solitude. Un art, incompris de tous. Je devrais en faire mon métier.