𝐇𝐨𝐰𝐥 | BTS (Scarlet Alpha Calendar)

『10』

A travers la fenêtre du véhicule défilait les paysages de la périphérie, à vitesse soutenue. Distraite par ce qu'elle pouvait apercevoir à l'extérieur, Rieka secouait légèrement la tête en rythme avec la musique émanant du poste de radio. Des notes entraînantes, qui l'hypnotisaient presque. A ses côtés, sa mère conduisait tranquillement en direction du centre commercial. 

Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas vu sa génitrice. Pour tout dire, Rieka se tenait à distance de sa mère : sa nouvelle vie était loin d'être compatible avec elle. D'autant plus que depuis la perte de Taehyung, l'Alpha avait ressenti la montée en puissance d'une solitude qui prenait de plus en plus de place dans sa vie. Plus les jours passaient, plus elle ressentait le besoin d'être seule avec elle-même. 

Doucement, un soupire s'échappa d'entre ses lèvres et son regard se fit vague. Quittant quelques instants des yeux la route, sa mère la jaugea pendant quelques secondes avant d'esquisser un petit sourire. 

— Ca faisait longtemps que nous n'étions pas sorties ensemble. 

— Hm, c'est vrai... Je suis désolée, je n'ai pas trop de temps en ce moment, souffla la brune. 

— La meute, n'est-ce pas ? 

Rieka sursauta et se tourna subitement vers sa mère qui eut un sourire un peu plus large. D'une main habile, elle changea de vitesse et accéléra sur la voix rapide sans décrocher son regard de la route, le regard écarquillé de sa fille ne la déstabilisant pas le moins du monde. C'était presque si la mâchoire de la louve ne touchait pas le plancher du véhicule.

— Ma chérie, ton père était un Alpha, tu as cru qu'il allait pouvoir me le cacher pendant longtemps ? 

— Tu... Tu sais depuis le début... ? 

La femme aux cheveux courts et noirs hocha simplement la tête en retenant un rire. Elle semblait amusée que sa fille ne l'ait pas réalisé avant. Rieka, quant à elle, demeurait figée de stupeur. Depuis tout ce temps, sa mère savait pour elle ? Pour la meute ? 

— Jaejoon a bien tenté de me le cacher, pendant un moment. Mais on ne peut pas cacher sa véritable nature, je suppose, dit-elle en retenant un rire. Quand tu es née, il m'a promis que tu allais être une petite fille "normale" puis il est parti en me disant qu'ils allaient finir par le trouver. 

— Les Anciens... grogna la louve. 

Rieka pinça les lèvres puis se tourna complètement vers sa mère qui s'engagea vers le parking du centre. Elle était incroyablement calme, comme si... comme si elle savait pertinemment que ce moment allait finir par arriver. 

— Tu m'as toujours dit que papa était parti pour une autre femme. 

— C'était la version qu'il m'a dit de te dire. Il fallait que tu le détestes pour ne jamais le chercher. 

Rapidement, madame Choi se gara puis se tourna vers sa fille, un sourire aux lèvres. Quant à Rieka, elle se sentait incroyablement coupable, désormais. Depuis tout ce temps, sa mère savait pour elle et sa condition. Elle aurait pu aider ses parents à se retrouver, si son père n'était pas mort ce soir là. Maintenant, cet espoir n'était plus qu'une chimère. Soudain, sa mère attrapa sa main avec douceur, la serrant doucement entre ses doigts. 

— Je suis désolée... fit simplement la louve qui avait le coeur serré, n'osant pas regarder la brune dans les yeux. 

— Rieka, regarde moi. 

A contre coeur, la jeune femme s'exécuta. 

— Ton père... était quelqu'un d'extraordinaire et je l'aimais de tout mon coeur. Mais nous savions tous les deux que notre histoire n'allait pas durer. Nous savions que notre avenir n'était pas fait pour nous réunir. Nous savions que le jour où nous allions devoir nous séparer arriverait. Mais tu sais, c'est cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes qui nous a fait vivre tous nos moments à deux plus intensément. 

Elle pinça les lèvres puis sourit un peu plus. 

— Il ne faut pas que tu t'en veuilles. Tu es le plus beau cadeau qu'il aurait bien pu me laisser avant de partir... pour toujours. 

Embarrassée, Rieka baissa la tête sans pouvoir s'empêcher d'avoir le sourire aux lèvres. Elle avait presque oublié à quel point sa mère avait le don de la rassurer en quelques phrases. Auparavant, elles étaient toutes deux si proches... Et maintenant, voilà qu'elles s'étaient drastiquement éloignées. La louve plongea le regard dans celui de sa mère et instantanément, elle prit sa décision. 

— Maman. Voyons-nous plus souvent, désormais. 

— Avec plaisir ma chérie.