Chapitre 15. Dans la gueule du Vampire

89 4 0
                                    

L'hôpital était plongé dans le silence en ce début de soirée. Les patients terminaient tranquillement leur repas, tandis que guérisseurs et médicomages donnaient leurs derniers conseils avant de quitter la chambre. La seule qui n'avait pas encore reçu de visite se situait au premier étage de l'hôpital Ste-Mangouste.

La chambre en question, numéro 124, aussi connue sous le nom de la salle Cliodna, d'après la célèbre druidesse qui avait découvert les propriétés de la rosée de Lune, abritait un jeune sorcier qui venait de survivre à l'attaque d'un dragon. En considérant que c'était le troisième qu'il affrontait à même pas vingt-quatre ans, il était tout à fait logique de constater la présence d'un troupeau de journalistes. Cela le devenait encore plus quand on savait que le sorcier en question n'était autre que Harry Potter.

C'était déjà son deuxième séjour en un mois dans l'illustre centre de soin magique, et une nouvelle fois il avait fait preuve d'un courage hors du commun. La rue Moldue Norman Road à Sutton, dans le sud de Londres, avait été pratiquement détruite par un Pansedefer ukrainien.

La Brigade de réparation des accidents de sorcellerie avait travaillé durant une demi-journée pour réparer les dégâts, et tandis que les Oubliators s'étaient évertués à faire oublier aux Moldus le spectacle hallucinant auquel ils avaient assisté, le Comité des inventions d'excuses à l'usage des Moldus tentait de trouver une explication à communiquer.

Certains Moldus avaient même dû être admis à Ste-Mangouste pour des blessures, ou pour leur santé mentale, tout simplement. Cependant, les visites de la salle Cliodna étaient filtrées, et seuls quelques visiteurs étaient autorisés à y entrer. Mais ils n'y restaient que quelques minutes, rarement plus d'une heure, et sortaient de la salle le visage triste et morose. Seul un visiteur semblait rester au chevet de Harry Potter toute la journée.

Ron était inquiet.

Son ami n'avait pas ouvert les yeux depuis son arrivée quelques jours plus tôt. Sa plaie s'était rouverte lors de son combat avec le dragon, lui faisant perdre beaucoup de sang, et d'autres blessures moins graves étaient venues s'ajouter aux anciennes. Son état était moins critique que la dernière fois – après tout, il n'avait rien de cassé et ses blessures avaient vite cicatrisé –, mais il était dans un grand état de fatigue.

Ses forces l'avaient quitté, toute son énergie avait disparu. Volenlaire se voulait rassurant : ce n'était rien de grave, il lui fallait juste du repos. Mais Harry n'était pas un cas médical comme les autres. Ses visites à l'infirmerie de Poudlard n'étaient jamais anodines, Madame Pomfresh avait de quoi faire une dissertation de plusieurs dizaines de parchemins sur le sujet. Pourtant, aussi loin que remontaient ses souvenirs, jamais Ron n'avait vu Harry dormir si longtemps.

Il avait ouvert une fois les yeux, mais semblait tellement loin de la réalité que Ron avait pensé que ce devait être un rêve. Hermione était toujours inquiète au sujet de Harry, depuis toujours, mais ce n'était rien comparé à Ginny, notamment depuis qu'elle était enceinte – une fois, Harry était venu avec suffisamment de nourriture pour sustenter pendant un mois tout le Bureau, tant Ginny avait eu peur qu'il ne manque de quelque chose. Volenlaire avait donc appris à la laisser entrer quand elle se présentait. Mais lui, Ron, avait toujours fait confiance à son ami pour se sortir de toutes les situations possibles et imaginables.

N'était-ce pas Harry qui était entré dans la Chambre et avait terrassé le Basilic de Voldemort ? Ou encore avait triomphé des tâches du Tournoi des Trois Sorciers alors qu'il était plus jeune que les autres champions et bien moins expérimenté ? Ron jouait le rôle de l'ami rassurant, essayant de calmer les trois femmes de sa vie à propos de la santé du Survivant. Mais il devait avouer qu'aujourd'hui, il avait bien du mal à être positif.

Harry Potter et le sceptre de MulcahyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant