⏳9 mois...⏳

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12 novembre. 9 mois, 7 jours. Joyeux anniversaire... j'aimerais tellement te le dire en vrai ! Ça commence à devenir vraiment très long, Eren. Trop long. Réveille-toi ! Pourquoi n'ouvres-tu pas les yeux ? Pourquoi me laisses-tu seul ? J'ai besoin de toi, moi !

Armin et Mikasa viennent toujours aussi souvent te voir. Sasha et Connie passent aussi. Christa et Annie ne viennent plus...

Parfois, j'entends mes parents se disputer, le soir, quand ils croient que je dors. Je ne sais pas ce qu'ils disent. De toute façon je ne les écoute pas. Mais j'ai remarqué qu'ils se disputent de plus en plus souvent. Ils ignorent que je le sais. Je ne leur dis pas. À quoi bon ? Dans tous les cas, je n'oserais pas intervenir.

J'essaie d'oublier tout ça en me noyant dans le travail. Je regarde la suite du programme quand j'ai fini mes devoirs et je passe des heures à lire quand j'ai du temps libre. Ça me permet de m'évader, ne serait-ce qu'un instant, de la vie insipide et morose qui est la mienne. 》

Livai ne savait pas quoi raconter de plus. Il ne se passait rien dans sa vie qui l'intéressait assez pour qu'il veuille en parler à Eren. Parce qu'il écrivait pour lui. Il savait qu'il ne lirait jamais ces mots. Ni lui ni personne d'autre d'ailleurs. Mais c'était plus fort que lui, il avait besoin d'évacuer, de s'évader. Alors il écrivait.

Mais ce soir-là, même s'il ne savait plus quoi raconter, même s'il avait mal au poignet, il ne voulait pas poser son stylo. Il voulait voir apparaître, sur les pages blanches de son carnet, des lignes, des courbes, des mots et des virgules, des majuscules et des points. Mais que dire ? Même si Eren ne les lirait jamais, ces phrases étaient pour lui. Parce que son absence était terriblement douloureuse. La douleur...

Et soudain, un premier vers résonna dans la tête de Livai. Et peu à peu, la suite lui vînt naturellement. Comme s'il avait toujours connu par cœur chaque syllabe de son petit poème. Alors sur une nouvelle page, il posa doucement la pointe de son stylo et écrivit. Ce qui lui passait par le coeur, ce qui lui passait par la tête. Douceur et douleur, en mots et en lettres. Parce que petit à petit, même de façon minime, ça le soulageait.

J'écris tout mon malheur
Et parce que j'ai mal
Je crie et puis je pleure
Ma souffrance infernale.

J'écris toute ma peine
Ma peur et ma colère
Ma tristesse et ma haine
Envers la terre entière.

Même si je sais que
Je ne serai pas lu
J'écris car les larmes
Ne me suffisent plus.

Et je laisse couler
L'encre de mon stylo
Je noircis le papier
Pour adoucir mes maux.

J'écris pour voyager
Dans l'imagination
J'écris pour échapper
À un enfer sans nom.

Et même si je sais
Que nul ne me lira
J'écris puisque pleurer
Ne me soulage pas.》

                                  

493 mots

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