Devil's Eagles T1. Les ailes de la liberté (réécriture en cours)

Chapitre 1 : Eve ✔

Je me faufile avec la plus grande discrétion dans le couloir principal des dortoirs. Personne ne m'a repérée jusqu'à présent. Je prie pour que cela continue.
Plus que quelques mètres et j'aurais atteint la porte. Les voix de mes sœurs résonnent autour de moi. Elles occupent les pièces du rez-de-chaussée, occupées à coudre ou à lire les textes sacrés. Comme si elles ne les connaissaient pas déjà par cœur !
J'avance prudemment, jette un regard en arrière pour être sûre que personne n'arrive et continue mon chemin.
J'arrive à la porte qui mène à l'arrière du bâtiment et je peux enfin respirer à nouveau. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais retenu mon souffle.

Je suis dehors mais il me faut encore longer la bâtisse afin d'atteindre la cour. Personne ne me freine dans mon avancée et j'en arrive vite à la partie la plus risquée de mon plan.
Je dois traverser la cour à découvert pour atteindre la grange, ma destination finale, tout en évitant les gardes qui patrouillent en permanence dans le domaine.

J'ai bien étudié leur ronde. Il ne me reste plus qu'à attendre le bon moment.
Le premier garde passe, repasse puis vient le tour du second. Je me lance dans une course effrénée en direction de la grange. Mes pieds nus sur les graviers me font souffrir le martyre, sans compter mon corps meurtri par les coups que j'ai reçus pas plus tard que la veille.

Je cours sans m'arrêter un seul instant. Je ne peux pas me le permettre.
Je dois quitter cet endroit à tout prix et c'est peut-être ma dernière chance d'y parvenir.

Arrivée à destination, j'entre discrètement dans la grange par la porte de derrière et m'incruste dans le groupe de filles déjà présentes. Je peux enfin reprendre mon souffle. Personne ne semble m'avoir remarquée, pour mon plus grand soulagement. Il ne me reste plus qu'à attendre d'embarquer dans l'immense camion.

Mon sang se glace lorsqu'une voix familière s'élève depuis l'entrée principale de la grange. Je prie en silence pour ne pas être repérée.

- Mes chères sœurs, c'est un grand jour pour vous toutes car vous êtes les élues. Dieu vous a choisi pour le rejoindre. N'oubliez pas nos lois et nos préceptes durant le trajet qui vous mène auprès de notre Seigneur. Je compte sur vous toutes pour vous montrer digne du privilège qui vous est accordé.
- Oui seigneur !

Mon Dieu, faites qu'il ne reste pas, par pitié. Faites qu'il s'en aille.
Si jamais il me voit, je suis fichue. Il ne se contentera pas de me punir ou de me frapper. Cette fois, il me tuera, c'est certain. Et Dieu sait que je ne veux pas mourir.

En réponse à mes prières, Adam tourne les talons et s'éloigne jusqu'à disparaître de mon champ de vision.
Mais je ne suis pas plus rassurée pour la cause. Un groupe de trois hommes à l'allure effrayante nous fait monter dans le camion. A Eden, tout le monde portent des vêtements de couleur claire. Ces hommes portent tous des habits sombres et un morceau de tissu cache le bas de leurs visages. Je ne peux distinguer que leurs regards vides de toute forme d'expression.
S'agit-il de ces fameux démons dont parlent les textes ? Je n'en ai pas la moindre idée. Ce que je sais c'est qu'ils me font peur. Je suis certaine que ces gens ne conduiront personne auprès de Dieu. Ils ont plutôt l'air de vouloir nous emmener en Enfer.
Par chance, ils ne nous recomptent pas et nous grimpons docilement, les unes à la suite des autres, et nous asseyons à même le sol du camion. C'est dur et froid. Mais cela ne me gêne pas plus que ça.
Lorsque les portes du véhicule se referment, nous nous retrouvons dans le noir complet. Je peux presque entendre le vent de panique qui souffle parmi les autres filles.
Les pauvres sont habituées à vivre dans la lumière, elles qui sont si dociles. Je n'ai pas eu les mêmes privilèges qu'elles. Lorsque je désobéissais ou que je manquais de respect à Adam, notre Messie, il m'enfermait dans une pièce sombre sans aucune source de clarté pour me punir. Je n'avais rien à manger et à peine de quoi boire.
Les ténèbres ? Je les connais. Elles ne me font pas peur. Au contraire, c'est grâce à elles que j'ai connu mes plus grands moments de paix.