Devil's Eagles T1. Les ailes de la liberté (réécriture en cours)

Chapitre 13 : Lucy

Ça fait une semaine que je vis une vie paisible au ranch des Walsh, enfin presque paisible. Je suis toujours inquiète à l'idée qu'on puisse me retrouver. Qu'Adam me retrouve. J'en fais des cauchemars toutes les nuits.

Dès le premier jour, j'ai proposé mon aide à Maggie. Je me voyais mal rester à ne rien faire alors qu'ils avaient la bonté de m'héberger.
Et puis, ne rien faire ouvre la porte aux pensées négatives. C'est un point sur lequel je suis d'accord avec Adam. Travailler au ranch m'aide à ne pas réfléchir.

Maggie à été très patiente avec moi. Mon ignorance n'a pas eu l'air de la perturber. J'ai appris à nourrir les chevaux et à les brosser. J'adore ces animaux.
Je les aime tellement que Jerry s'est proposé de m'apprendre à les monter. La première leçon à été un fiasco je ne saurais dire combien de fois Flash m'a éjecter de son dos. Jerry était hilare. J'ai bien cru qu'il allait s'étouffer tant il riait. Je crois même avoir vu un micro sourire sur les lèvres de John.

Parlons-en de John. Il ne parle pas, ne rit pas, ne siffle pas en travaillant, comme Jerry le fait.
Mais il est loin d'être désagréable, juste distant. Je devine sous ses airs sombres qu'il n'a pas dû avoir une vie facile.

J'ai vu des reportages à la télé. Des gens racontaient leur vie, parfois pire que la mienne.
Je ne pensais pas que ça pouvait exister : la drogue, la prostitution… C'est écœurant. Mais ça m'a permis de mettre de l'ordre dans mon esprit. A présent je sais qu'Adam est un monstre. Eden n'est qu'une façade, de belles paroles pour se faire passer pour homme pieu. Mais il n'en n'est rien.

J'ai appris beaucoup de choses grâce à la télévision. Je suis fan des reportages animaliers. Je connais le nom de plein d'animaux. J'en sais également plus sur les aigles. J'aimerai bien en voir un en vrai.
J'ai vu une série sur un club comme celui de Kill, avec des motos. D'après ce que j'ai compris, ces gens-là vivent selon leurs règles et ils n'aiment pas la police.
Je regarde aussi les émissions sur la mécanique. Ces machines qui roulent me fascinent.
J'adore la télévision et tout ce qu'elle peut apprendre à quelqu'un comme moi.

Mais ce soir, pas de télé : je dîne chez Maggie et Jerry. J'ai choisi une jolie robe verte et des ballerines assorties dans le sac de Cherry. Ce sac ne me quitte jamais, où que j'aille.
Lors de mon premier repas chez mes bienfaiteurs, j'ai vu la surprise dans leurs regards. Mais ils ont eu la gentillesse de ne rien dire.

Une fois prête, je quitte ma chambre et verrouille derrière moi.
La soirée est fraîche et il commence à faire sombre. C'est une bénédiction après la chaleur étouffante qu'on a eu en journée.
Je profite de la sensation du vent léger qui frôle mes cheveux.
Mes pas me guident naturellement à la maison des Walsh. Je commence à m'habituer aux lieux. Pourtant, plus j'approche de la demeure et plus j'ai l'impression désagréable que quelques chose ne va pas.
Je m'arrête un moment avant de comprendre ce qui me dérange. Le silence absolu.
Maggie et Jerry passent leur temps à rire ensemble, à chanter ou siffloter. Et là, rien. Pas le moindre bruit.
Je risque un œil par la fenêtre et découvre la scène la plus horrible qu'il m'ait été donné de voir.
Je suis tellement terrifiée que je reste immobile à contempler les corps ensanglanté de Maggie et Jerry qui gisent au beau milieu de la cuisine.
Tout à coup, une voix familière me sort de ma torpeur.
Je ne réfléchis pas et me mets à courir aussi vite que possible en direction des chambres. J'ai parcouru une bonne partie du chemin lorsqu'une main gigantesque se plaque sur ma bouche tandis qu'une deuxième main me ceins la taille et me tire en arrière dans la grange.
Prise de panique, j'essaie de me dégager comme je peux.

- Chut, souffle mon agresseur à mon oreille.

Je reconnais aussitôt John et réalise qu'il n'est pas en train de m'agresser. Il me sauve la vie.
Et dire que je me dirigeais vers sa chambre.

- Je sais que tu es ici, Eve. Ça ne sert à rien de te cacher, princesse.

La voix d'Adam qui résonne dans la nuit me terrorise, mais je me force à rester calme et immobile. John me serre un peu plus fort et ça me rassure un peu. Mais nous ne sommes pas tirés d'affaire. Les bruits de pas se rapproche de notre cachette.

- Eve ! Si tu sors maintenant, je promet de ne pas te punir.

Je sais qu'il ment. Je ne dois rien écouter de ce qu'il raconte. Je ne dois pas le laisser me manipuler.
J'entends ses pas dépasser la porte de la grange et s'éloigner lentement.
John fait un pas en arrière puis un autre avec le plus de discrétion possible. J'ai compris la manœuvre et suis le mouvement jusqu'à atteindre la porte arrière de la grange.

John me lâche pour vérifier que la voie est libre.
De l'index, il me montre la direction que nous allons prendre. Je hoche la tête et nous sortons prudemment. Nous progressons avec une lenteur agaçante, nous cachant la où nous pouvons tandis qu'Adam et ses hommes scrutent les moindre recoin du ranch à ma recherche.

Lorsque nous arrivons enfin à la route, John attrape ma main et me fait traverser. Nous pénétrons dans le bois et continuons à avancer. Les branches éparses me griffent les jambes ainsi que mes bras nus. John ne me lâche pas la main et m'entraîne Dieu sait où.

J'ai peur de ne pas arriver à m'éloigner assez d'Adam. Je suis terrifiée à l'idée qu'il me trouve et me ramène à Eden.
Je ne veux plus retourner là-bas. Jamais.