Chapitre 8 : Kill

6.1K 444 19
                                    

- On en est où avec les filles ?
- On les a casées dans les chambres à l'arrière, m'informe Blizz. Si tout va bien un exfiltreur viendra les chercher demain.

Voilà déjà un problème de régler. Par contre, je ne me fais aucune illusion pour la suite. On est dans une merde noire.

- Sheitan et Adam ?
- Comme tu t'en doutes déjà, Sheitan est furieux. Il refuse de négocier.

Ben voyons ! En même temps fallait s'y attendre. Ça faisait des années qu'il traitait avec mon vieux. Ça doit bien le faire chier que je ne prenne pas la relève.

- Quant à Adam, continue Judge. Il nous pose un sérieux problème. Il prétend qu'on lui a volé une de ses filles et il veut qu'on la lui rende.

Voilà autre chose ! Pourquoi on lui volerait une meuf avec tous les jolis culs qui traînent au club ? Est-ce qu'un des gars aurait pu faire un truc dans le genre ?

- On ne lui a rien volé. Si ?

Judge hausse les épaules. Évidemment, il n'en sait rien.

- Blizz, il faudrait que tu recompte les filles. On peut faire quelque chose pour Sheitan ?
- À part attendre qu'il nous attaque et lui foncer dans le lard ? demande Blade. Je vois pas trop.

Je reconnais bien là mon sergent d'armes, prêt à foncer dans tout ce qui bouge.

- On pourrait peut-être en discuter avec les Mexicanos et les Amérindiens, propose Judge. Je crois savoir qu'ils sont victimes du trafic d'esclaves sexuelles.
- Et se faire lyncher ? lance Blizzard. Non merci. Il savent qu'on est impliqués dans ce trafic. C'est pas bon pour nous.

Putain, il manquait plus que ça. En clair, j'ai tout le monde sur le dos à cause des conneries de mon vieux. A la limite, je pourrais m'arranger avec les Indiens. Par contre, avec les Mexicains, c'est pas gagné. Toute cette histoire me file la migraine.

- Judge, tu contactes les Indiens.
- Amérindiens.
- Si tu veux. Explique-leur que le club à changé de main et qu'on a décidé d'arrêter le trafic. Je veux rencontrer leur chef. Les Mexicanos attendrons.
- Pas de soucis.
- Smart, trouve-moi tout ce que tu peux sur Adam et sa secte à deux balles.
- Ok, Prez !
- Blizz, tiens-moi au courant pour les meufs.
- Ouais.

Nous discutons ensuite des finances. Heureusement, de ce côté-là, tout va très bien. Quelques affaires courantes retiennent notre attention. Mais rien qui mérite qu'on y passe des heures.
J'abats enfin le marteau sur la table pour marquer la fin de la messe et regarde tous mes gars quitter la pièce pour retourner au bar.

- Au fait, me lance Judge avant de quitter l'église. Si ça t'arrache la gorge de dire Amérindiens, tu peux toujours dire les Utes.
- Les Utes ?
- Tu vois, t'y arrives. C'est le nom de leur tribu.

Il se barre en riant à s'étouffer, le con. Mais il a raison sur un point : si je les appelle Indiens, ils risquent de mal le prendre. Et Dieu sait que je dois faire profil bas si je veux obtenir un accord avec eux. Autant leur montrer un minimum de respect.

En arrivant au bar, je rejoins Bella et Cherry. Elles ont l'air de bien s'entendre, ces deux-là.
Je m'installe à côté de Bella qui m'offre un magnifique sourire.

- Jet ! File-moi de l'aspirine et un whisky.

Le barman s'exécute et trente secondes plus tard, j'ai un verre d'aspirine et un verre de Whisky sous le nez. J'avale le premier d'une traite avec une grimace de dégoût. Le second suit la même trajectoire, mais beaucoup moins vite.

- Tu vas bien ? me demande Bella.
- Oui, ma belle. Juste une migraine. Ça va passer.

C'est bien la première fois depuis longtemps que quelqu'un me témoigne de l'inquiétude.
Si elle continue à être aussi gentille avec moi, je sens bien que je vais finir accro.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que Blizzard arrive derrière moi.. Ce type dégage tellement de négativité qu'on ressent toute suite sa présence.

- Prez, on a une fille en trop.

Il se retourne et quitte les lieux sans dire un mot de plus. Je tourne vers Bella qui est en grande conversation avec Cherry. Mon instinct me souffle qu'elle est la meuf de trop. Cela expliquerait pourquoi elle n'a pas suivi docilement les autres. Et puis, n'a-t-elle pas admis qu'elle doutait d'Adam ?
Je lui prends la main avec douceur et lui demande de me suivre. Elle salue Cherry de la main. Elle ressemble à une petite fille qui agite joyeusement la main pour dire au revoir à ses copines.
Je l'emmène à l'extérieur et me dirige vers ma chambre.

- Quelque chose ne va pas ? Tu sembles contrarié.

Évidemment que je suis contrarié. J'ai une nana en trop qu'on nous accuse d'avoir volé. Il y a de quoi devenir dingue.
Je la fais entrer dans ma chambre et lui demande de s'asseoir aussi calmement qu'il m'est possible de le faire.
Elle s'installe au bout du lit, les mains sagement posées sur ses cuisses et la tête baissée.
Putain ça me gonfle! J'ai l'impression d'avoir un chien battu sous les yeux.

- La vérité !

Elle sursaute, mais ne change pas de position pour la cause. Et surtout, elle ne daigne même pas me répondre.

- Tu n'étais pas censée monter dans ce camion, n'est-ce pas ?
- Non, je n'ai pas été pas été choisie. Je voulais m'enfuir.
- Putain ! Pourquoi tu n'as rien dit ? Adam nous accuse de t'avoir volée. Tu sais ce que ça veut dire ?

Elle relève la tête. Ses yeux sont remplis de larmes. Bon sang, elle va avoir ma peau à me regarder comme ça.

- Tu vas me renvoyer là-bas ? couine-t-elle entre deux sanglots.
- Bien sûr que non, ma belle. Mais tu aurais dû nous en parler.
- Je suis désolée. Est-ce que tu vas me punir ?

Non mais, merde! Où est-ce qu'elle se croit ? Pourquoi pense-t-elle que je… Putain! Je suis vraiment trop con !

- Est-ce qu'ils te punissaient là-bas ?
- Oui, répondit-elle dans un souffle.
- Comment ? Et pourquoi ?
- Parce que je n'étais pas entièrement soumises, pas comme les autres.
- C'est pour ça que tu n'as jamais été choisie ? Parce que tu n'étais pas obéissante ?
- Oui.

Fait chier ! Fallait vraiment que je tombe sur une meuf bousillée. Une meuf qu'Adam veut récupérer.
Je ne sais pas comment je vais nous sortir de ce merdier. Ce qui est sûr, c'est que le sang va couler parce que je ne compte pas la lui rendre.

- Il faut que je parle aux frangins. Je peux te laisser un moment ?

Elle hoche la tête. Il ne m'en faut pas plus pour que je quitte la chambre.
Deux messes sur la même journée. C'est sûr, cette fois, ils vont vouloir ma mort.

Devil's Eagles T1. Les ailes de la liberté (réécriture en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant