Quand je retourne dans ma chambre, je m'attendais à peu près à tout de la part de Cherry, mais ça, je ne l'ai pas vu venir.
Dans le style excentrique, cette fille est une experte. Du coup, j'envisageais le pire.
Et me voilà planté au beau milieu du jeu de quille comme un ado attardé tellement je suis surpris par ce que je vois.
Eve est lavée, habillée et coiffée. Mais surtout, elle est belle à en crever.
Je ne peux pas m'empêcher de pousser un sifflement admiratif.
Cherry murmure quelque chose à l'oreille d'Eve qui semble être mal à l'aise. Putain, qu'est-ce qu'elle a bien pu encore sortir comme connerie ?
Elle sert Eve dans ses bras et m'annonce qu'elle reviendra demain avec d'autres vêtements avant de partir comme elle est venue, telle une tornade dévastatrice.- Cherry a dit que je te plaisais, lâche Eve.
- Cherry a tout à fait raison. Tu es très belle.Elle baisse la tête tout en jouant avec ses doigts. Visiblement, elle n'est pas habituée aux compliments.
- Tu as faim ? J'ai commandé chez le Chinois.
Elle recommence. Elle me fixe comme si les mots sortis de ma bouche étaient une énigme indéchiffrable. Je soupire lourdement. Son ignorance me tue.
- Les Chinois sont les habitants d'un pays appelé la Chine et ils font de la très bonne bouffe.
- Oh d'accord. Et oui j'ai très faim.Je lui souris et me décide enfin à bouger.
Dans la commode, je trouve un tee-shirt propre et un vieux short de boxe qui date de l'époque où je gagnais du fric grâce aux combats.- Tiens, dis-je en lui tendant le linge. C'est pour dormir. Ce sera plus confortable qu'un jeans.
- Merci.Elle prend les vêtements et les serre contre sa poitrine. J'aimerai beaucoup être à leur place.
- Me remercie pas, j'allais pas te faire dormir toute nue quand même.
- Ce ne serait pas la première fois.
- Oui, ben ici t'es pas obligée. T'es plus à Eden et Adam n'est pas là pour te dicter ta conduite. Tu es libre à présent.Elle s'assied sur le bord du lit. Une larme coule sur sa joue. Je me pose à côté d'elle et lui prend la main avec une douceur que je ne me connaissait pas.
- Je ne savais même pas que j'étais prisonnière. Je croyais que c'était normal. Qu'Adam disait la vérité. Et j'apprends que les femmes de ton monde ne sont pas traités comme nous l'étions à Eden. Qu'elles ont le droit de dire non et qu'elles sont libres de faire ce qui leur plaît.
- Pleure pas, ma belle. Toi aussi, tu es libre à présent.
- Je voudrais le croire, vraiment. Mais tu ne connais pas Adam. Il fera tout pour me retrouver.
- T'inquiète pas pour Adam. Les frangins se chargeront de son cas s'il ose s'approcher d'ici.Et merde ! Je récapitule.
Un : je me suis fait deux nouveaux ennemis, Adam et Sheitan, en stoppant ce trafic de merde. Comme si j'avais pas assez de monde sur le dos.
Deux : j'ai cogné et viré mon vice-président. Chose qu'il n'a pas dû apprécier
Trois : je laisse cette meuf squatter ma piaule.
Quatre et cinq : je la console et lui promet de la protéger d'Adam.C'est clair, je tourne plus rond. D'habitude, les meufs, je les baises et puis je les jette. Une gonzesse, c'est trop d'emmerde à mon goût. Et puis, la fidélité, on sait ce que j'en pense.
Mais putain, quand je la regarde, quand elle me regarde, je pourrais danser sur la tête si ça lui fait plaisir.Quelqu'un frappe à la porte et entre. C'est Smart qui me tend un sachet marqué du logo du traiteur.
Je récupère notre dîner en le remerciant.- Bon appétit, lance-t-il avant de s'en aller aussi vite qu'il est venu.
Je m'installe confortablement sur le lit et tend un ravier à Eve. Bien sûr, elle n'a jamais utilisé de baguettes et c'est à moi que revient la responsabilité de lui apprendre.
Elle apprend vite, ou alors c'est moi qui suis un bon prof. On a quand même bien ri lors de sa dizaine de tentatives ratées.
Elle a l'air d'aimer la bouffe chinoise vu la vitesse à laquelle elle mange.- C'était délicieux ! s'exclame-t-elle à la fin du repas. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon.
- Content que ça te plaise. Tu mangeais quoi dans ta secte ?
- Les produits de la terre. Des fruits et des légumes. Nous ne buvons que de l'eau.
- Pas de viande ? Bœuf, porc ? Du poulet peut-être ?Rebelotte. Elle ne semble pas comprendre de quoi je parle. Sur le coup, je suis choqué. Pas parce qu'elle ne consomme pas de viande, mais plutôt parce qu'elle n'a pas l'air de savoir ce que son les animaux dont je parle.
- Je désolée. Je suis vraiment ignorante.
Merde, je crois que ma gueule a cause à ma place.
- Ne t'excuses pas. Ce n'est pas ta faute si on ne t'as rien appris. Je suis sûr que tu es tout sauf ignorante.
- Merci, tu es vraiment gentil.Non ma belle, je ne suis pas quelqu'un de bien. Je suis gentil avec toi, mais ceux qui me connaissent savent que je suis un monstre. C'est l'héritage que mon connard de père m'a laissé. Ça et le club.
- Tu sais quoi ? Tu devrais te reposer. Tu as l'air fatiguée.
- Oui, tu as sans doute raison.
- Je viendrai te voir demain matin, dis-je en me levant du lit.Je veux me diriger vers la porte, mais sa main agrippe la mienne. Je me retourne. Elle a les yeux mouillés.
- Tu voudrais bien rester avec moi cette nuit ? J'ai un peu peur.
Super ! Passer la nuit avec une nana carrément bandante sans pouvoir la toucher ! Je pouvais pas rêver mieux. Pourtant j'accepte de rester. Je ne sais pas si ce sont ses larmes qui m'ont attendri ou si c'est moi qui est en train de devenir accro à elle.
Elle s'allonge dans le lit. Mon lit, je tiens à le préciser. Et moi, comme un pauvre naze, je squatte le vieux canapé.
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Devil's Eagles T1. Les ailes de la liberté (réécriture en cours)
Fiction généraleEve s'incruste dans un groupe de filles destinées à être vendues pour fuir la secte qui l'a vue naître. Elle va se retrouvée dans un univers totalement opposé au sien et dont elle ne sait rien. Kill vient d'endosser le rôle de Président des Devil's...