Devil's Eagles T1. Les ailes de la liberté (réécriture en cours)

Chapitre 2 : Kill ✔

Journée de merde ! Si j'avais su, je serais resté dans mon pieu !
Au lieu de cela, je me retrouve comme le dernier des connards à "examiner" les meufs qu'on doit livrer à un certain Sheitan.

Quand j'ai pris le patch de président il y a moins d'une semaine, j'étais loin d'imaginer un merdier pareil. J'étais bien entendu au courant des nombreux trafics illégaux gérés par le club, mais ça, ça dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer.
Putain ! Du trafic d'esclaves sexuelles ! Je savais que mon père était une belle enflure, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Ce qui est sûr, c'est qu'il a bien su caché son jeu. Personne ne m'a jamais rien dit et il a su m'éloigner du club à chaque livraison.
Il est mort il y a une semaine, abattu par Dieu sait qui. Je ne suis pas certain qu'on retrouve le coupable un jour, tant il avait d'ennemis. On se demande bien pourquoi.
Quoi qu'il en soit, j'ai pris ce fichu marteau juste après l'enterrement. C'est le moment que Snake, le vice-président du club, a choisi pour m'annoncer la nouvelle. J'étais tellement choqué que j'en ai recraché ma bière. Je n'étais vraiment pas préparé pour un truc aussi énorme.
Et comme je suis un petit veinard, une livraison était déjà prévue de longue date et j'allais devoir m'en occuper.

Je fais mine de regarder les filles avec attention, mais franchement, j'en ai rien à battre qu'elles soient conformes ou non. Je ne sais même pas ce que c'est censé vouloir dire. Et puis, je n'ai pas signé pour ça, moi. Quand j'y pense, mon connard de père doit bien se foutre de ma gueule là où il est.
Je remarque néanmoins que ces jeunes femmes sont sublimes, bien qu'elles aient toutes la même allure. C'est un peu comme si elles avaient été produites à la chaîne.
Après avoir jeté un rapide coup d'œil à la dernière fille, je lance un regard courroucé à mon VP et me dirige vers la sortie. Il ne relève pas, sachant très bien ce que je pense de toute cette merde.

Une fois à l'extérieur, je respire à pleins poumons l'air frais et humide. Le ciel a beau être clair, je sens bien qu'il va pleuvoir.
J'allume une cigarette et décide de marcher un peu, histoire d'évacuer la pression. Mais je n'ai pas fait trois pas que je vois cette fille, immobile, qui fixe ses pieds.
Elle est habillée comme les autres, bien qu'elle soit un peu plus petite et bien moins maigrichonne.
Quoi qu'il en soit, elle n'est pas supposée être dehors et j'ai la ferme intention de la ramener auprès des autres. Du moins, c'est ce que je croyais.
Je m'arrête devant elle et j'attends un mouvement, une réaction de sa part. Mais rien ne vient. Elle semble attendre elle aussi.
Je me demande bien pourquoi elle n'est pas avec les autres filles. Pourquoi n'a-t-elle pas fui tant qu'elle en avait l'occasion ? Elle semble aussi docile que le reste du groupe, pourtant elle est restée dehors.
Qui donc peut bien être cet Adam et comment s'y prend-il pour que les filles se laissent vendre sans broncher ? Les drogue-t-il ?
Tant de questions sont restée sans réponses et je me dis que cette fille est peut-être l'occasion rêvée d'en apprendre davantage sur ce foutu trafic.
Snake m'a pris pour un con et m'a caché pas mal de choses. Il a beau être mon meilleur pote, ça ne l'empêche pas d'être une vipère sournoise et opportuniste. Ça ne m'étonnerait pas qu'il m'ait mentit pour ne pas que j'annule ce commerce plus que lucratif.
C'est pourtant bien ce qui va arriver, cette livraison sera la première et la dernière. Tant que je serais président, je refuserais que mon club vende des êtres humains comme du vulgaire bétail.

Je passe deux doigts sous le menton de la fille et lui fait lever la tête. Elle n'oppose pas la moindre résistance et ça me rend malade. Mais pas autant que son beau visage couvert d'ecchymoses.
C'est certain, cette fille n'est pas comme les autres, même si pour l'heure elle garde les yeux baissés.

- Regarde-moi.

Je ne voulais pas me montrer aussi cassant, mais cette situation m'irrite au plus haut point. J'essaye désespérément de garder le contrôle de mes émotions, ou ça risque de mal se terminer.
La fille secoue vivement la tête. Au moins, elle sait dire non. Et même si je n'ai pas l'habitude qu'on me refuse quoi que ce soit, ça me rassure qu'elle ne soit pas une brebis docile.
Par contre, elle a l'air effrayée à l'idée de me regarder. Je ne comprends pas pourquoi. Ce n'est pas non plus comme si j'allais la bouffer. Quoique, ça ne me dérangerait de goûter à sa peau.

- Comment tu t'appelles ?
- Eve, murmure-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Eve, Adam. Adam, Eve. La bonne blague. Je pourrais presque croire que quelqu'un me joue un mauvais tour.

- Pourquoi tu ne veux pas me regarder, Eve ?
- Je ne veux pas aller en Enfer.

Cette fois, c'est la totale ! J'éclate de rire sans la moindre retenue. J'en ai entendu des conneries dans ma courte vie, mais cette fois, c'est la totale. Bon, j'ai envoyé un tas de monde en enfer, pour tout un tas de raisons. Mais celle-là n'en a jamais fait partie.
Je reprends mon sérieux quand je réalise enfin qu'elle ne plaisantait pas du tout.

- Ecoute, personne n'a jamais été en enfer pour m'avoir regardé. Tu ne risques absolument rien.
- Vous... bafouilla-t-elle. Vous n'êtes pas un démon ?

De mieux en mieux. Certes, je suis loin d'être un enfant de cœur, mais de là à me prendre pour un démon, faut pas abuser non plus. Y a des frangins pires que moi dans ce club.

- Non ma belle, je ne suis pas un démon, juste un homme qui voudrait voir tes yeux.

Elle pousse un profond soupir et lève prudemment les yeux vers mon visage.
Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau de toute ma vie. Eve pose sur moi un regard doux et innocent. On dirait une brebis égarée. Une magnifique brebis aux yeux verts émeraude.

- Eve, tu veux bien me parler de l'endroit d'où tu viens ?

Elle semble étonnée par ma question et je me sens comme un con qui demande de quelle couleur est le ciel.

- Et bien, Eden est un endroit magnifique. Il est y fait très calme et très silencieux, sauf au moment de la prière quotidienne. Les hommes travaillent aux champs où ils récoltent les légumes que nous mangeons et les femmes s'occupent des travaux domestiques. Nous étions très heureux jusqu'à la mort d'Ezechiel.
- Qui est Ezechiel ?
- Notre ancien Messie. C'est Adam, son fils qui l'a remplacé. Depuis rien n'est plus pareil.
- Attends ! Un messie ? Ne me dis pas que tu viens d'une secte ?
- Je ne sais pas. Qu'est-ce qu'une secte ?
- Peu importe. Les autres filles, elles viennent d'Eden, elles aussi ?
- Oui. Ce sont toutes des natives de notre communauté.
- Et elles sont d'accord d'être ici ? Je veux dire, est-ce qu'on les a obligées à venir ?
- Non, pas du tout. Elles sont heureuses d'être là. C'est un honneur d'être choisie pour rejoindre le royaume de Dieu.

Oh putain ! Dites-moi que ce n'est pas ce que je crois ! Fallait que je tombe sur une secte qui vend des filles comme esclaves sexuelles. Dans quelle merde est-ce que je suis encore tombé ?
J'ai envie de tout défoncé, mais je m'efforce de rester calme. Je ne veux pas effrayer Eve et prendre le risque qu'elle ne réponde plus à mes questions.

- Tu y crois, toi ?

Elle secoue doucement la tête de gauche à droite et j'avoue que cela me soulage.
J'ai beaucoup d'autres questions à lui poser, mais je suis interrompu par des bruits de pas derrière moi.
Je me retourne et vois Snake qui nous observe. Il a l'air contrarié que je sache la vérité.

- Tu savais d'où venais ces filles ?
- Ouais. Ecoute, Kill...
- Non ! crié-je. Toi, tu vas m'écouter ! Que ça te plaise ou non, je suis le président de ce club ! Tu aurais dû tout me dire dès le début ! Et puis, merde, comment t'as pu tremper dans un truc pareil ?
- Putain, t'as pas l'air de réaliser tout le fric que ça nous rapporte !
- Mais je m'en bats les couilles du fric. Il est hors de questions que je laisse ce trafic continuer.
- Tu fais ch...

Je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase et lui assène un puissant crochet du droit dans la mâchoire, suivi de près par un uppercut du gauche. Ça fait longtemps que j'avais envie de lui en foutre une. Il pisse le sang, mais je m'en tape. En fait, j'ai tellement la haine qu'il pourrait crever sous mes yeux sans que je ne lève le petit doigt.

J'attrape Eve par la main et l'emmène àl'intérieur du clubhouse où sont réunis les frangins.
Il est temps de mettre un terme à cette merde une bonne fois pour toute.