Il ne comprenait pas.
— Je t'aime.
Le regard terrifié, elle le toisait de ses yeux dorés. Elle semblait trembler de tout son corps telle une fragile créature qu'elle était pourtant loin d'être. Les cheveux blonds laissés au vent, libres de tous mouvements, libéraient un parfum charmeur, ensorcelant.
L'image habituellement tentatrice paraissait différente aujourd'hui. Et lorsque la jeune femme fit un pas vers lui, il recula. C'était étrange. Il se sentait comme intimidé à présent.
— Gabriel, je sais que mes mots sont comme un blasphème à tes yeux mais crois en leur sincérité. Je t'aime.
— J'en ai assez entendu, Lilith.
La démone se pétrifia de stupeur lorsque Gabriel se mit à la rejeter avec ferveur. Pourtant lorsque la Reine des Succubes, la première femme d'Adam se mit à pleurer malgré son sourire forcé et empli d'amertume, le cœur inexistant de Gabriel se brisa de l'intérieur. L'Archange connu par ses frères comme inexpressif, parfois sans émotion, grimaçait de douleur.
Voir une telle tristesse sur le visage de cette pécheresse le déstabilisait. Pourquoi ?
Il fit un pas en avant, elle recula. Ses mains tremblantes essuyèrent son visage, chassant les larmes destructrices. Des mains qui apparaissaient si petites et délicates. Des larmes qui semblaient déchirantes pour ce qui était l'âme de Gabriel. En cet instant Lilith n'avait rien de démoniaque, de tentateur ou de luxuriant. Elle était une femme malheureuse qui avait besoin que l'on protège son cœur fragilisé.
Une âme en peine qu'il pouvait guérir, guider. N'était-ce pas son rôle ?
« Mais qu'est-ce que je raconte ? »
Lilith était une démone, un blasphème. Elle était son ennemi de toujours. Et il l'aurait tué depuis quelques temps, seulement les récents événements ne lui en avaient pas donné l'occasion. Entre Mikhael qui avait trahi le Paradis pour un déchu, Claes qui s'était épris d'une créature provenant d'une autre croyance et Calice qui s'était offerte à un animal sauvage, plus rien n'allait. Le Paradis était en désordre, d'autant plus que Métatron avait lui aussi contribué à la réalisation de ces problèmes.
Un Père absent, une famille dysfonctionnelle, une lumière n'ayant plus autant d'influence que par le passé.
L'épée de Gabriel apparu dans sa main. Lilith était une démone et lui était un ange. Il devait l'éliminer. Mais lorsque l'ange s'approcha, la démone ne bougea pas. Pire encore, elle semblait attendre. Voulait-elle mourir ?
Voyant qu'il ne bougeait plus, Lilith prit la lame de Gabriel dans sa main, pointant l'arme sur sa poitrine.
— Si tu veux me tuer c'est ici que tu dois viser, mon ange. Le cœur.
— Ne me tente pas, Lilith.
Alors une ébauche de sourire se dessina sur les lèvres du beau succube. Un sourire qui arracha un battement de cœur bruyant dans la poitrine de Gabriel. Mais que lui arrivait—il à la fin !?
— Te tenter sera toujours l'un de mes devoirs, mon ange.
Elle avait raison. Elle était la tentation là où Gabriel serait la raison. S'approchant de la créature, il planta sa lame non pas dans la poitrine de la créature mais dans son ventre. De ce geste froid il fut si proche de Lilith que la chaleur de celle-ci vint le réchauffer inconditionnellement. Une chaleur que le Paradis ne lui avait encore jamais offert.
Les bras du succube l'enlacèrent, ses lèvres s'approchaient de son oreille.
— Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuies,
Et les vagues de terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le cœur comme un papier qu'on froisse ?
Alors que la vie s'échappait de son corps, la refroidissant petit à petit, la créature trouvait tout de même la force de murmurer quelques vers de poème. Celui d'un homme dont elle devait surement avoir apprécié l'art.
— Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?
De ce dernier vers prononcé d'une voix douce et dénuée de tous péchés, la créature tomba au sol tandis que la lame de Gabriel la quittait avec une fluidité presque délicate et poétique. Le sang de Lilith se répandait autour de ce qui serait bientôt un cadavre. Les yeux fermés, elle était en train de mourir.
Pourquoi ne parvenait-il pas à s'en réjouir ? Il venait d'éliminer une servante du Mal...
Et tout en observant son ancienne ennemie, Gabriel fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était que ça ?
La végétation se mettait à pourrir autour de Lilith. Son sang empoisonnait le sol, les ondes de sa vie qui fuyait commençaient à détruire la forêt environnante.
De ce phénomène peu commun, Gabriel comprit que Lilith en était la cause. Ce fut sans doute la raison pour laquelle il décida de la prendre dans ses bras, la soulevant du sol. A moins que ce n'ait été à cause de la vague de douleur qui semblait l'envahir à la vue de cette créature en train de dépérir. Par sa faute.
Gabriel ne le savait pas. Et il avait peur de le savoir.
Dans cette incertitude voulue, l'Archange déploya ses ailes. Lilith semblait plus dangereuse morte que vivante. Il devait retourner au Paradis avec cette créature maudite.
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Hey !!!
Comment allez-vous ??
Je vous avais promis la sortie du tome 4 le 25 décembre alors le voici. Que pensez-vous de ce prologue ???
Ah, et pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, le poème n'est pas de moi mais de Charles Baudelaire (c'est Réversibilité) ^^
Bref, on se retrouve pour le chapitre 1 la semaine prochaine ^^
Bye Bye ^^
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Alter Ego (Tome 4) - La Compagne éternelle
ParanormalTome 4 de la série "Alter Ego". Il est conseillé d'avoir lu les tomes précédents, bien que ce ne soit pas obligatoire. Mais quelques détails vous échapperons sans doute si vous commencez avec ce dernier tome. . . . «Te tenter sera toujours l'un de m...