Pensées Bancales (RB)

23:56:47

Il fait nuit, les étoiles veillent sur nous. On entremêle nos doigts, précipitamment et on file à travers cette obscurité envoûtante. On court vers le kiosque illuminé, d'une clarté presque fantomatique, perçante, troublante. Je retire mes chaussures et les balance sur le côté, à pieds de chaussettes sur le béton froid.

Bientôt minuit sonnera.

Elle me regarde d'une expression que j'aimerais figer et enclenche cette musique que l'on ne connait que trop bien, tant on l'a entendue, tant on a vécu sur ses notes et cette voix plus que spéciale. On récite par cœur les paroles, entre-deux sourires, on esquisse quelques mouvements, je regarde partout, comme pour mieux ancrer ce moment, ces lieux, ce visage dans ma mémoire.

Bientôt minuit arrivera.

La lumière est fulgurante, me fait plisser des yeux, le noir m'emporte, et sur le coup ça me fait penser un peu à l'obscure clarté de Baudelaire. Tu sais, cette façon d'allier deux contraires ensemble pour un mariage d'autant plus délicat, plein de verve. Mon amour, j'aimerais que cette nuit ne s'arrête pas.

U
N

C
O
U
P

Tes pupilles rencontrent la face visible de la pâle lune.

D
E
U
X

C
O
U
P
S

C'est ton sourire en croissant qui la défie, et je crois qu'entre les deux il n'y a même pas concurrence.

T
R
O
I
S

C
O
U
P
S

C'est ton pas précipité sur le dallage glacé, vers moi.

Q
U
A
T
R
E

C
O
U
P
S

C'est tes bras qui se tendent vers l'univers, vers les étoiles.

C
I
N
Q

C
O
U
P
S

C'est tes fines jambes qui m'entraînent dans la danse.

S
I
X

C
O
U
P
S

C'est la musique qui prend possession de nous, qui nous entraîne dans le lointain.

S
E
P
T

C
O
U
P
S

C'est ton rire cristallin qui résonne entre les balcons du kiosque.

H
U
I
T

C
O
U
P
S

C'est toi qui tourbillonne, qui va et qui vient. On s'éloigne, on revient et je te retiens du bout de la main, pour te ramener doucement contre moi.

N
E
U
F

C
O
U
P
S

C'est ce regard du "presque, attends moi". Qui me fait tomber amoureux de toi. Encore. Encore. Et encore.

D
I
X

C
O
U
P
S

C'est tes cheveux qui flottent dans le vent frais, de ce dernier jour de décembre, de cette dernière minute de décennie. C'est la promesse que la prochaine sera plus belle que toutes les autres et qu'on sortira enfin de ce tunnel.

O
N
Z
E

C
O
U
P
S

C'est tes lèvres qui se plaquent contre les miennes, comme les papillons qui se forment au fond de mon ventre. Tout s'efface autour de nous, il n'y a plus que l'immensité qui se dérobe sous nos pieds, plus que les notes à demi criées par l'interprète comme un appel à l'aide. Je sors de l'eau, tout dure si vite et pourtant si éternellement.

D
O
U
Z
E

C
O
U
P
S

Le feu d'artifice.

-Je t'aime.

2020.