Cinq heures du matin.
Mon corps se réveilla naturellement à cette heure pour aucune raison valable. La température de ma chambre était pourtant stable, ma mère n'était pourtant pas réveillée, et aucun bruit suspect me venait à l'esprit pour ce qui aurait jonglé de mon rêve à la réalité pour venir me tendre une issue.
Ce n'était même pas un réveil en sursaut, je m'étais simplement réveillée.
Le soleil commençait à peine à se lever, je le voyais grâce aux rayons qui traversaient mes volets pour trouver nid au bureau de ma chambre. Je me leva donc pour ouvrir ceux-ci en grand, après tout je n'étais plus fatiguée. La lumière m'aveugla pendant une demi seconde, juste le temps d'ouvrir en entier les volets.
Je ne savais même plus de quelle raison était ma présence sur Terre.
J'avais beau me voiler la face, il fallait bien que je l'admette, c'était bien aujourd'hui que j'allais devoir dire adieu à mon très cher professeur de français de quatrième.
J'avais une très forte envie de reculer le temps, ou de le bloquer à la limite, ou encore me rendormir pour faire comme si rien ne s'était passé et que je puisse encore me dire qu'il reste par exemple, encore quatre heures avant que je commence ma journée d'adieu. Mais que voulez-vous? C'est ça l'amour. C'est une grande aventure avec des tourments, et il faut parfois admettre le fait qu'il peut y avoir un chapitre final.
VENDREDI 5 JUILLET, 8H
La chaleur incessante de l'été imprégnait ma peau de ses vertus positives. Annaëlle et moi avions décidé de sécher le cour d'anglais pour jouer aux cartes dehors. (C'est à dire que le cour d'anglais n'était pas si intéressant que ça, et puis c'était le dernier jour, fallait bien profiter)
Le jeu de carte auquel nous jouions était un jeu que m'avait fait découvrir Annaëlle quelques jours plus tôt, et depuis je lui demande de le ramener tous les jours!
Nous étions alors assises dans la cour du lycée, le temps était chaud, mais ce n'était encore que le matin: le temps allait certainement se réchauffer dans l'après midi.
Tous sentiments confondus en cette matinée étaient présent, mais j'avais avant tout le stress monté au maximum. En effet, dans la matinée j'allais devoir avouer mes sentiments à Monsieur Brown. Je me suis d'ailleurs toujours demandée s'il le savait déjà malgré mes réactions presque surjouées de petite fille surexcitée à chaque fois que je le vois. Je m'étais dit que s'il ne le savait pas, c'était vraiment bizarre étant donné que tout le monde le savait, même les profs: Monsieur Aydin, mon prof de maths, était bien au courant de mon amour pour son collègue, ainsi que Madame Brewer ma prof de français, qui n'arrêtait pas de me taquiner à propos de ça depuis le début de l'année, et j'en passe! Ce n'était pas ce qui me dérangeait le plus au contraire, tout le monde le savait pour mon cas, c'était presque évident, mais personne venait m'embêter à propos de ça et tant mieux!
C'était bizarre de se dire que.. aujourd'hui était ma dernière journée en compagnie de Brown. J'avais l'impression d'être brisée en deux, qu'on m'avait cassé une brique sur la tête. Je pouvais pas m'empêcher d'y penser sans lâcher de nombreuses larmes.
-N'y penses pas, ça va aller ne t'inquiète pas, profite de cette dernière journée. me rabâchait sans cesse Annaëlle.
Mais c'est que c'est compliqué en fait. Comment veux-tu ne pas penser au départ de ta personne préférée quand, justement, tu pensais à elle chaque seconde de ta journée, c'est impossible.
Et plus j'y pensais, plus ça me foutait mal. Seulement deux ans putain, deux ans et déjà trop d'attachement.
Je me demandais même ce que lui allait ressentir lors de son départ, car après tout ils ont l'habitude, les profs, de vagabonder d'établissement en établissement. Mais Monsieur Brown c'est pas «un prof», c'est CE prof que toutes les filles aiment, CE prof qui est entouré de petites fans surexcitées à chaque récrés, CE prof qui m'a fait comprendre le sens du verbe aimer! Comme vous vous en doutez, Peter Brown n'est pas un professeur comme les autres; c'est le prof dont je suis amoureuse et devoir le laisser partir c'est comme une grosse claque dans la gueule: ça brise.
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Coup De Règle [Tome 2] (Relation Prof-Élève)
Ficção AdolescenteCe n'est pas de ma faute si je fais des fautes.