Prologue

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Douleur. Tout n'est que douleur. Les parties de mon corps sont comme broyées. C'est insoutenable !

Je tente d'attraper quelque chose de mon bras, n'importe quoi. C'est à peine si mon épaule bouge. Je tourne doucement la tête et me fige. La douleur explose tout le long de mon membre.

Je hurle.

— Tiens bon, Maïlyn !

Tenir bon ? Comment ? Mon bras n'est retenu que par un épais filament de muscle ! Une nouvelle vague de douleur me transperce de toute part, me coupe le souffle.

C'est ça, ma punition ? Pour en avoir trop su, c'est comme ça qu'on se débarrasse de moi ? Il en est hors de question !

Je serre avec désespoir, le petit médaillon poisseux entre mes doigts. Le sang de mes veines semble avoir pris feu et me brûle à chaque écoulement. Une main fraîche se pose doucement sur mon front brûlant pendant que quelqu'un déblatère des paroles incompréhensibles. Je n'y prête pas attention. Je préfère me focaliser sur cette douce fraîcheur sur mon visage.

Nous sommes dans la forêt.

Grâce à la lumière de la pleine lune, je distingue le visage de ma mère, bienveillant. Avec toutes ces ombres il semble presque irréaliste. Elle sèche tranquillement les larmes qui me brouillent la vue, comme si tout mon sang ne se répandait pas à ses pieds. Elle s'empare du médaillon puis recule dans un craquement de feuilles mortes.

Je me tortille pour la rejoindre mais on me retient fermement au sol.

Je baisse les yeux vers mon corps. Il y a tellement de sang que je ne distingue pas d'où il provient et le peu de vêtements que j'avais est maintenant partit en lambeaux. Dessous, mes muscles semblent animés d'une force inconnue.

Je me cambre de douleur, la tête rejetée en arrière.

— Maïlyn, tu es en sécurité avec nous. On essaie de te sauver, gronde un homme à mes côtés.

Je plisse les yeux et reconnu Edwin.

— Mais qu'est-ce que...

Puis je comprends, je suis horrifié.

Il plisse le front devant mon air paniqué et murmure d'une voix qui se veut apaisante :

— Je n'ai pas le choix. Sinon nous allons te perdre...

Je bats des jambes et tire sur mon bras valide.

Non, tout mais pas ça. Je les ai déjà vu agir, ce sont des monstres. C'est à cause d'eux que je suis ici. Je refuse de leur ressembler !

Une main ferme se pose sur mon thorax et y fait pression. Mes omoplates sont plaquées dans le sol boueux. Je m'obstine à me dégager avec le peu de force qu'il me reste.

Il est trop tard.

Les battements de mon cœur s'accélèrent face au changement de mon organisme. Déjà, ma peau se déchire avec un bruit de papier et un pelage recouvre partiellement mon corps tel une onde de choc. Ma colonne vertébrale se tord, on entend un craquement sourd.

— C'est bon, lâchez-là, ordonne Edwin.

Aussitôt, l'étau autour de mes membres se desserre.

Je bascule sur le flanc en me tordant de douleur. La boue sèche me râpe le visage.

Un grondement sort alors de ma gorge, animal. Non...Je...Je suis un monstre. Je ne serais plus jamais humaine. Je...Je me relève sur mes quatre pattes. C'est bizarre, je n'arrive pas à m'habituer à ce nouveau corps. Je le déteste déjà. Je veux crier, pleurer, frapper. Je tends le coup et hurle à la lune.

Un cri de loup.

Le hurlement se propage à travers la forêt, d'autres s'enjoignent à lui. Lui répondant, le soutenant.

En cette nuit, sous le regard de la pleine lune, un loup est né.

Les Loups de Portland { TERMINER }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant