Les Loups de Portland { TERMINER }

Chapitre 1

5 ans plus tard. Portland, Oregon.

Il va falloir que j'y aille, me dis-je tout en grattant ma peau qui me tiraillait.

Je n'avais pas réalisé que la lune était si haute dans le ciel. Le picotement de mon épiderme m'agaçait mais plus je grattais plus la sensation s'épanouissait le long de mon bras.

Foutue lycanthropie !

Installée en tailleur sur le canapé, je n'arrivais pas à me concentrer sur le bouquin entre mes jambes. Je le balançais avec rage à travers la pièce, manquant d'assommer ma colocataire. Emeline était couché par terre, un magazine entre les mains.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? sursauta-t-elle en entendant le « plac » du livre.

Oups, je devais faire plus attention à mes crises de nerfs.

— Ce n'est rien, juste ce bouquin que je viens de terminer, mentis-je à moitié.

— Encore un de plus...

— Un bouquin à l'eau de rose. C'est tellement ridicule et niais.

— Attention, me prévint-elle, celui qui rit de l'amour en pleurera un jour.

Je secouais la tête d'un air exagéré tout en me levant.

— Je t'en prie, Cupidon. Ne me transperce pas d'une de tes flèches.

Quand je passais devant elle, Emeline m'attrapa la cheville en s'y accrochant de toutes ses forces. Je la regardais étonnée, en me demandant ce qu'elle me voulait.

— Si on sortait, ce soir ? Quatre ans de colocation ça se fête, quand même !

Oh. Oui, déjà quatre petites années que je partageai cet appartement avec elle. Depuis que j'avais emménagé avec elle sur Pearl District, Emeline était devenu l'une de mes amies les plus proches alors même que je pensais que ma vie ne pourrait plus jamais prendre un cours normal. Emeline m'a montré que j'avais tort. C'est ce que j'aimais chez elle : sa bonne humeur, son insouciance et sa normalité. Et voilà quatre ans qu'elle faisait partie de ma vie. Quatre ans qu'elle ignorait ma véritable nature.

Je lui fis un petit sourire d'excuse.

— Non, désolée, j'ai déjà quelque chose de prévu.

C'était la pleine lune et je ne pouvais pas résister à son appel. Dans quel cas je deviendrais violente et décimerai tout ce qui se trouverait sur mon chemin...et encore, j'étais optimiste.

Je tentais d'avancer mais ma réponse ne lui convenait pas. Emeline s'accrocha plus fermement à ma cheville

— Aller, s'il te plaît ! Je n'accepterai aucun refus, mademoiselle Anders.

Mon éclat de rire retentit jusqu'à l'autre bout du salon. Quand Emeline avait une idée derrière la tête, c'était difficile de lui faire changer d'avis.

— Lâche-moi Emeline, je ne peux pas ce soir. Une autre fois, si tu veux.

— Non, tu dis toujours ça. Je ne te laisserai pas t'échapper cette fois.

— Tu sais que ça ne va pas m'empêcher de faire ce que j'ai à faire, non ?

Une lueur de défi brilla dans ses grands yeux bleus.

 — Essaie pour voir.

— Avec plaisir.

Avec un grand sourire, je la traînais derrière moi, elle, s'ancrant à ma jambe comme si sa vie en dépendait. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte de notre appartement. Emeline me relâcha finalement et demanda :