J'ouvris mes paupières avec difficulté, j'avais dû m'assoupir après seulement quelques kilomètres. A plusieurs reprises, j'avais furtivement vu Welgan apparaître sous la lune mais ça avait dû me fatiguer. Quand nous nous étions retrouvés sur l'autoroute et que les véhicules avaient commencé à apparaître, lui, avait disparu.
La nuit était déjà très avancée et je me demandais si nous n'allions pas arriver avant le lendemain matin. Alors que je me penchais en avant pour demander l'heure à Edwin, Elliot, qui était au volant, freina brusquement. Les pneus crissèrent contre le bitume et mon crâne rebondi contre l'appui-tête. Je remerciais le ciel que nous soyons les seuls sur la route sinon nous aurions finis dans un vrai carambolage.
— Putain de merde, marmonna Elliot.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? s'écria Chloé.
— Je ne sais pas, je vais voir.
Je ne remarquais qu'à ce moment qu'Elliot s'était arrêté car un obstacle barrait la route. Je détachais ma ceinture et me précipitais le plus vite possible à l'extérieur. Welgan se posa au sol au moment même où le groupe s'agglutinait autour de ce que je pensais être un tronc d'arbre. La pancarte de bienvenue de la ville était fichée dans la boue. Nous étions rentrés plus vite que je ne le pensais. Je m'approchais un peu plus alors que Max demandait :
— Qu'est-ce qui a bien pu faire ça ?
Il se déplaça de quelques centimètres et je pu voir que le tronc d'arbre n'était pas du tout un tronc d'arbre. Elliot lui répondit :
— Une seule chose immonde peut avoir fait autant de dégâts sur un corps.
— Un loup.
Il ou elle n'avait pas tort. Je ne me souviens plus de qui avait prononcé ses mots, j'étais trop choquée pour y faire attention. C'était un corps qui barrait la route, du moins ce qu'il en restait. Je sentis une grimace de dégoût se former sur mon visage. C'était un autre loup solitaire, nu, bras et jambes écartés. Cette fois, son agresseur ne s'était pas fait chier à le tuer rapidement. Il avait pris son temps. La bile me remonta dans la gorge, je me retenais à grande peine de ne pas la recraché. La chair du loup avait été lacérée et certains de ses muscles pendaient mollement des membres disloqués. Toute une bouillasse de sang striait le sol, preuve que le pauvre loup avait été attaqué sur place et non déplacé comme les autres victimes. Mais le pire se passait un peu plus haut. Sa tête avait été frappée avec une telle force qu'elle était méconnaissable. Le nez s'enfonçait profondément dans le crâne alors que l'os de sa mâchoire ressortait de l'autre côté de son visage révélant des dents entrechoqués. La cavité du crâne était ouverte sur le cerveau qui s'éparpillait en une masse spongieuse sur le sol. La nuque avait été brisée et dépassait sur le côté du cou, encadrée par des lambeaux sanglants de charogne.
Une fois encore, il n'y avait aucune odeur. L'agresseur n'avait jamais été aussi violent. Si l'absence d'odeur ne m'avait pas interpelé, j'aurais penser que c'était un psychopathe qui avait fait ça. Seul un fou ou un dément pouvait s'en être pris à un loup avec telle rage. Mes yeux se posèrent sur le haut de sa hanche. Je m'accroupis sans poser mes genoux au sol. Ma vue se brouilla alors que j'essuyais le sang en haut de sa cuisse. Ma respiration s'entrecoupait alors que mon cerveau tentait d'analyser ce que mon coeur avait compris.
Un tatouage était incrusté sur sa hanche, le signe du yin et du yang.
- Tu savais qu'il avait un tatouage juste au-dessus de la hanche ? C'est un signe du yin yang. Je l'ai remarqué juste quand je descendais vers son...
À ce moment, je m'étais bouché les oreilles pour ne pas entendre la suite mais les paroles de Hanna résonnaient encore et encore dans les parois de mon crâne.
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Les Loups de Portland { TERMINER }
WerewolfMoi c'est Maïlyn. Je vis dans un superbe appartement à Portland dans l'Oregon, ma colocataire est un mannequin ambulant et ma voiture a besoin d'un nouveau rétroviseur. Je suis une femme normale quoi...normale si on mets de côté que je suis un loup...