Tim dormait à moitié sur la table du salon de Jean. Il était épuisé, et la douleur n'aidait en rien.
Quand Tim l'avait déshabillé, avait vu ses marques, ses cicatrices ... Rarement il n'avait vu le jeune basketteur aussi en colère de toute sa vie. Mais il n'avait fait aucune remarque. Absolument aucune remarque. Tim ne savait pas que Jean était capable de colère froide ... Le jeune homme lui avait toujours paru tempétueux. Quelqu'un capable de s'emporter rapidement. Mais la colère dont Jean avait fait preuve n'était pas celle de quelqu'un d'impulsif. Il s'était vraiment trompé jusqu'au bout, avec lui. Et dire qu'il était d'ordinaire un bon juge de caractère ... Il s'était laissé aveugler par tous les stéréotypes que représentait Jean. Dire qu'au début, il l'exécrait. Et maintenant, il était en train de dormir sur sa table, avec une couverture sur les épaules, et son chien à ses pieds. La couverture, douce et chaude, lui donnait l'impression d'être dans un cocon. Elle était fort agréable. Et Raspoutine, à ses pieds, le réchauffait allégrement, telle une bouillotte.
Jean avait appliqué des baumes de toute sortes sur sa peau, avec de l'arnica et d'autres crèmes, avant de bander les plaies qui lui semblaient les plus moches. Ensuite, il lui avait passé quelques de ses affaires, pour qu'il se change de manière plus confortable, et il l'avait laissé s'endormir là, sans un mot. Tim ignorait combien de temps était passé, mais ... il se sentait bien, là.
Soudain, Raspoutine se releva, en aboyant, et Tim grommela en insultant intérieurement le cabot. Il rabattu encore la couverture sur sa tête, et s'endormit de nouveau, quasiment immédiatement. Il fit des rêves brouillés et brouillon, sans queue ni tête, sans doute issus d'un passé lointain ou inexistant.
Il fut tiré de sa torpeur lorsqu'il se rendit compte du mouvement de la table. Quelqu'un venait de s'asseoir en face de lui. Jean venait-il enfin de le rejoindre ? Sans doute. Raspoutine vint à nouveau s'allonger à ses pieds, et comme Jean n'avait pas l'air de s'adresser à lui, il glissa de nouveau vers le sommeil, tout en faisant l'inventaire de ses douleurs.
Ses blessures étaient plus graves qu'il ne l'avait cru au premier abord, mais pas assez pour qu'il se rende à l'hosto. Tant mieux. Il allait devoir rentrer dans la journée ... merde. Mais il n'avait pas le choix ... son frère l'attendait. Heureusement qu'il avait fait tous ses devoirs la veille ...
- Tim.
Il sursauta soudainement, à l'entente de son prénom, et se redressa doucement ... pour trouver en face de lui une véritable inconnue. Une vieille femme, à l'air un peu dur, mais droite, le regardant d'un œil critique. Mais qu'est-ce que ...
- Tim ? Je suis là, Tim.
Jean apparut alors dans son champ de vision, juste derrière la vieille dame, avec un sourire presque désolé.
- C'est ma grand-mère. Tu te souviens ?
Il cligna des yeux, et hocha la tête. Oui, il avait mentionné qu'elle passerait ... dans l'après-midi. Avait-il dormi tout ce temps ? Il comprenait mieux pourquoi son ventre grondait tant ...
A l'entente du tohu-bohu de son estomac, la vieille femme lui jeta un drôle de regard.
- Jean, mon cher, va lui chercher de quoi se rassasier, prononça-t-elle d'une voix rauque, presque ... impérieuse ?
Oh non. Une bourge ? Jean descendait d'une famille de richou ? Pitié, qu'il ne la laisse pas seule avec lui ... Il s'enroula plus fermement dans la couverture, et se redressa comme il put, face à cette étrange dame un peu trop bien habillée, tandis que Jean s'éclipsait dans une autre pièce. Foutu Jean.
La vieille femme, aux cheveux immaculés, et tirés en un chignon impeccable, sembla l'inspecter d'un regard perçant.
- Tu es Tim, répéta-t-elle, en plissant ses yeux d'un bleu presque glacial.

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Âmes Trouvées
Historia CortaUne longue nouvelle séparée en plusieurs chapitres, racontant la petite d'histoire de jeunes âmes esseulées et un peu perdues, qui malgré tout, ont su se trouver ...