5- Druide avant tout.

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Hoseok :

Je suis assis sur ma chaise dans mon bureau avec mes lieutenants et intendants afin de faire un dernier point avant mon départ. Pourquoi pas après tout ? Je me dis que, peut-être, cela me fera oublier Aelen. Elle me manque. Je n'ai pas honte de le dire. On n'oublie pas l'être aimé aussi facilement, quelles que soient les circonstances qui l'ont éloignée de nous. Il faut du temps, c'est comme ça.

Je suis à ma place, les yeux rivés sur la fenêtre, les sons autour de moi ne sont que des bruits de fond. Mon esprit quant à lui est à Sombrivage, le jour où je l'ai vue pour la première fois, si belle et si fragile. Dès la première seconde, j'ai su qu'elle serait la femme dont je tomberai amoureux. Tout n'est plus que souvenirs si chers et éphémères.

Quelqu'un m'appelle. J'entends mon prénom, si près et si lointain à la fois. Aelen ? C'est elle qui m'appelle ? Non, cela ne se peut, elle est partie avec son ami, et moi, je me retrouve seul... Moi et ces quelques phrases qui résonnent dans ma tête. "Je t'aime mais plus de la même manière", "Tu n'es plus le druide que j'ai connu, il ne reste que le commandant."

Je ne vois plus les gens qui me regardent, je ne les entends plus. Il ne reste que moi, tout le reste autour a comme disparu. Je me lève de ma chaise, retire mes épaulettes que je pose sur le bureau, puis mes gants qui suivent le même chemin. Je défais ma ceinture sur laquelle sont attachées mes crocs d'Ashamane, je n'en suis plus digne, plus pour l'instant. Elle grogne, elle se manifeste, elle ne veut pas que je la laisse. Ma robe de druide se retrouve à son tour sur le meuble, seuls mes jambières et mes bottes m'habillent encore.

Un druide, c'est ce que je dois redevenir, je me suis perdu en chemin et je dois me retrouver. Je sors de la pièce sous le regard médusé de mes compagnons. Une fois en dehors du fief, je me transforme en panthère. Une douleur vive me traverse la poitrine mais je m'en moque. Les sensations que je ressens sont mille fois mieux et plus encore. Je me sens revivre.

Mes pattes foulent le sol, l'herbe fraîche et douce. L'odeur des fleurs et des arbres m'emplit les narines. Mes oreilles bougent aux sons des animaux. C'est si bon. Comment ai-je pu oublier ça ? Je cours à en perdre haleine, grimpe en haut d'une falaise. Je me jette dans le vide et prends ma forme d'oiseau en pleine chute. Grisant ! C'est le mot qui convient. Je plane au-dessus des arbres, sentant l'air fouetter mon visage. Je me repose à terre en prenant ma forme de cerf. Les bruits sourds des sabots résonnent dans le sol. Je continue de courir, je continue de voler, jusqu'à ce que mes muscles ne soient trop douloureux.

La nuit est là, la fraîcheur du soir frappe ma peau. Il est temps que je rentre. Une fois dans ma chambre je me laisse tomber sur le lit vide de sa présence, seul son parfum persiste encore.

Yoongi :

Cela fait plusieurs heures maintenant que le commandant a quitté la réunion et que les circonstances de son départ soudain nourrissent les discussions nocturnes du fief. Voilà comment on massacre une autorité durement gagnée et qu'on sème le doute au sein de ses troupes, bravo Hoseok !

Je soupire pour la vingtième fois et jette ma plume sur le bureau, puis me laisse tomber dans le fond de mon siège. Ce n'est pas possible de manquer d'autant de discernement et de se laisser mener par ses émotions à ce point ! Je me lève et fait les cent pas dans l'infirmerie, vide depuis ces derniers jours mais emplie d'un silence réparateur. Au moins ici, je n'entends pas les conneries de Jimin et je ne vois pas non plus son sourire niais. 

Je regarde par la fenêtre, le soldat posté devant ma porte est toujours à son poste. Je lui ai donné l'ordre de venir me prévenir dès que le commandant serait rentré sans pour autant lui préciser que c'était pour lui remonter les bretelles –ou les poils selon la forme – à son retour.

World of Sope (YoonSeok / Jikook)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant