World of Sope (YoonSeok / Jikook)

2- Contrat manqué

Jungkook :

J'ai beau avoir reçu une formation de bretteur par le maitre d'armes de mon père, je n'aime pas me battre et encore moins la guerre. Pourquoi s'emmerder avec la peine et la douleur quand on peut profiter de chaque jour comme si c'était le dernier ? C'est notamment pour l'une de ces raisons que j'ai fui le domaine familial, il y a plusieurs années, avec l'aide de mon frère.

Depuis, j'ai voyagé beaucoup et je me suis perfectionné dans ma grande passion : l'ingénierie. Ma spécialité, ce sont les explosifs et je me suis fait un nom dans le métier. Dans ma clientèle, je compte des soldats bien sûr mais aussi des pirates, des mercenaires et des civils en manque de sensations fortes.

J'ai créé un atelier dans une petite ville portuaire, j'ai sous mes ordres quelques gobelins et humains aussi intelligents que dingues qui n'hésitent pas à bosser des heures pour assurer les commandes. Ils ne se cassent pas les couilles à ce point pour mes beaux yeux, même si j'assume d'être un beau gosse, mais pour la grosse prime de motivation qui va avec.

Quand je ne vends pas mes babioles, j'offre un autre de mes talents. Qui dit soldats et guerre, dit aussi femmes seules qui ont besoin d'écoute. Certains diront que je profite de la situation, je dirais plutôt que je leur propose une épaule accueillante et une oreille attentive. Le reste, c'est elles qui décident si elles veulent me remercier et la manière dont elles veulent me montrer leur gratitude.

J'essaie toujours d'être la personne dont elles ont besoin : la plupart cherchent de la tendresse et de l'affection mais il arrive que d'autres ne souhaitent qu'une aventure sauvage et rapide. Parfois, je partage une nuit avec des hommes, c'est différent et ça me permet de connaitre d'autres sensations.

En général, je ne suis pas difficile, j'ai juste quelques principes. J'évite juste tout ce qui est vraiment trop grand, trop petit ou trop mort. Dans le premier cas, mon égo en prendrait un coup, dans le second, je risquerais de blesser quelqu'un et dans le dernier, il n'y a pas grand-chose à tâter.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous pour affaires avec deux mercenaires orcs. J'ai apporté un échantillon de ma prochaine invention pour leur donner une petite idée de la bête. J'évite toujours d'amener des prototypes en fonction à de nouveaux clients, histoire qu'ils ne me la fassent pas à l'envers. Je n'ai pas peur de mourir en petits confettis mais le plus tard serait le mieux.

Le plus difficile va être de leur expliquer, les orcs préfèrent les démonstrations. S'ils ont l'impression que je les prends pour des jambons, ils se feront un plaisir de m'arracher mes deux longues oreilles de kaldorei – l'autre nom des elfes de la nuit – et d'en faire leur déjeuner.

Certaines personnes de l'Alliance et la Horde ont beau se foutre des vieilles rancunes de guerres, souvent au profit d'autres ambitions personnelles, d'autres n'attendent qu'une infime étincelle pour remettre le feu aux poudres et te balancer une hache à la tronche. Bref, c'est avec mon sourire plein d'assurance que je me présente au lieu de rendez-vous.

Couchés à plat ventre dans la forêt, les orcs observent quelque chose en contre-bas. Fendu d'un certain amusement, je les regarde tels deux chatons attirés par une étrange créature. Dans d'autres circonstances plus amicales, je leur aurais fait mon entrée en claquant leurs fesses mais je tenais à repartir avec un gros contrat.

Curieux, je me faufile plusieurs mètres sur le côté et je me cache à l'abri d'un arbre pour découvrir qu'ils avaient repéré un prêtre kaldorei. Leurs visages patibulaires n'augurent rien de bon pour ce pauvre type. Peu importe, chacun sa merde et je ne suis pas un sauveur. Alors que je reviens vers mes futurs clients qui m'ignorent totalement pour filer à toute vitesse vers l'autre côté, dégainant rapidement leurs haches. De mon promontoire, je regarde vers le prêtre aussi grand que fin, glisse mes mains dans les poches et évalue le nombre de secondes qu'il va tenir contre deux tas de muscles enragés.