Maladie de la page blanche

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Un pauvre cailloux se vit projeté dans les airs pour la millième fois avant de retomber au sol en un son mate à quelques mètres du pied qui lui faisait vivre ce calvaire. Ce pied « criminel » appartenait à un jeune homme brun à la moue atterrée. Ses habits autrefois d'un bleu ciel éclatant s'étaient assombris à cause de la poussière qu'il avait mainte fois soulevée en s'essayant à la chasse dans les bois environnants. Il semblait perdu dans un amas de pensées maussades tandis que ses jambes le dirigeait sur le petit sentier de pierres.
Il n'y avait rien d'étonnant à cette dépression, cela faisait presque un mois qu'il sillonnait seul les routes en espérant trouver une nouvelle muse. L'ancienne n'était pas bavarde alors ce n'était pas la conversation qui lui manquait le plus. Mais cette muse était spéciale, elle avait une histoire et un caractère que personne au monde ne pouvait se vanter de posséder. Sa muse s'appelait Geralt de Riv. À son nom seulement, il trouvait déjà le premier couplet d'une ballade.

-Il aurait put me donner un cheval. Se plaint-il en frappant plus fort le cailloux innocent.

La pierre chuta dans une flaque d'eau, lui arrachant un soupir d'ennui. Il avait chaud, soif, sommeil et sa seule source de divertissement venait de se noyer. Son esprit lui hurla de sortir de cette forêt, de trouver une taverne et y crécher pour le restant de sa misérable vie mais il l'ignora. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour s'en aller la queue entre les jambes. C'était déjà un miracle qu'aucune créature ne l'ai attaqué.

-Je te trouverais Tariune ! Et Geralt se mordra les doigts en apprenant que ce cher Jaskier qu'il a si méchamment rejeté est devenu l'homme le plus influent de la terre entière ! S'exclama-t-il après avoir pris une bonne aspiration pour se donner du courage.

« Tariune » était le nom d'un puissant sorcier dont il avait entendu parler durant une de ses nuits où il avait passé son spectacle à recevoir des restes de nourritures sur la figure. Pendant un instant il avait pensé que Geralt avait peut être raison et que ses chansons n'étaient que de pauvres tartes vides et c'était cette pensée qui lui avait donnée l'envie de trouver un remède à son manque d'inspiration.

C'était donc après une dizaine d'heures de marche durant lesquels il pensait tomber de fatigue à tout moment, qu'il trouva une petite case en bois. Il voulut se précipiter à la porte, un large sourire illuminant son visage las, quand un homme filiforme à la peau blanche comme un os, vêtu d'une large tunique pourpre, sortit de l'ombre comme un fantôme. Sa voix d'outre tombe glaça le sang de Jaskier qui recula en un large pas arrière:

-Qui...es...tu ?

-Personne ! S'empressa-t-il de répondre, Absolument personne! Je vais calmement repartir d'où je suis venu et jamais Au grand jamais vous ne...

Pendant son monologue, il s'éloignait à reculons de l'homme mystérieux. Cependant, il disparût de son champs de vision et son dos se heurta à quelque chose alors qu'il était certain qu'il n'y avait rien à cet endroit. Tels des pattes d'araignées aussi glacées que des stalagmites, les doigs angelus du sorcier agrippèrent ses épaules en lui arrachant un cri extrêmement aigu et puissant. Lui même fut surpris du son qu'il avait émit et de la résistance de son cœur face à un retournement si soudain de situation:

-Ferme là. Ordonna l'homme avec la même charmante voix.

Le brun obéit dans la seconde en scellant ses lèvres d'un coup. Tout son corps tremblait alors que la main hideuse se glissait sur son dos. Il paniqua d'autant plus en se demandant si cette chose allait le violer puis le dévorer avec ces autres compagnons probablement cachés dans les broussailles. Vu sa laideur, il n'avait pas souvent l'occasion de trouver de belles proies comme lui. Heureusement pour lui, le sorcier agrippa la bourse accrochée à sa ceinture et la tira d'un coup sec:

-C'est tout ce que vous voulez ? P-prenez tout, je m'en irais silencieusement. Vous avez ma parole!

-Ta parole n'a aucune valeur, faquin. L'insulta l'homme en détaillant les pièces d'or, Comment m'as-tu trouvé ?

Jaskier sortit une petite carte de sa poche en priant tout bas pour s'en sortir vivant et la lui tendit:

-J'ai... Une femme me l'a dit... Fit-il en cherchant un moyen de s'enfuir avec naïveté.

En vérité, ce jour là il était si saoul qu'il avait fondu en larme sur les jupes d'une prostitué en se lamentant sur son terrible sort de barde abandonné et elle lui avait offert cette carte pour lui remonter le morale. Le sorcier abandonna ses épaules, s'empara du plan et lui demanda:

-Que veux-tu ?

Le brun se racla la gorge et s'expliquât en essayant de ne pas trop parler. Pourquoi les gens de son entourage voulait autant qu'il se taise ?

-J'aimerais...j'aimerais trouver un nouveau souffle qui redonnerait de la vie à mes chansons.

Il sursauta en voyant la carte s'enflammer dans la main du sorcier tandis que celui-ci se dirigeait vers l'entrée de sa chaumière:

-C'est oui ?...Monsieur ? Hé bien, je suppose que je dois attendre ici. Supposa Jasquier en haussant légèrement le ton pour qu'il l'entende.

Il ne fallut qu'une vingtaine de minutes pour que l'homme lui amène une fiole au liquide noirâtre sans prononcer le moindre mot. Les yeux bleus du barde allèrent de la fiole au visage hideux du sorcier et non sans réticence, il l'accepta.

-Vais-je mourir si je bois ? Il y a des effets secondaires ou peut-être que je dois faire bouillir le liquide avant de l'ingérer ?

Le sorcier lui tourna le dos et disparu à nouveau, avec sa bourse entière dans l'ombre d'où il était sortit. Jaskier fixa sa boisson pendant un instant et finit par la boire d'une traite en se disant qu'il n'avait rien à perdre.

-Hmm, ce breuvage a un arrière goût de...

La terre se mit soudain à trembler sous ses pieds, faisant chuter la fiole un peu plus loin. Le sol se fissura devant lui. Il ne pouvait pas fuir car son corps était comme paralysé. Il voulut demander de l'aide mais sa voix qui était pourtant si perçante plus tôt, ne voulut pas s'élever dans l'air. Un cratère s'ouvrît juste en dessous de lui, l'aspirant comme une bouche béante alors qu'il se dit que l'univers ne voulait simplement pas qu'il chante.

*+*+*+*+*+*+*+*+*+

Il avait garder les yeux fermer durant sa longue chute mais la douleur ne venant pas, Jaskier les ouvrit lentement et une odeur noséabonde emplit ses narines. Il était allongé dans une masse étrange et priait tous les dieux pour ne pas se trouver dans le nid d'une bête féroce. Sans attendre une seconde de plus dans cette puanteur, il se releva pour constater qu'il se trouvait entre deux immenses châteaux vu la taille des murs devant et derrière lui. Il était probablement tomber sur les déchets princiers mais c'était la première fois qu'il voyait un peuple mettre leur restes dans des sacs.

- Dans quel genre de royaume pouvons nous trouver deux châteaux aussi prêt l'un de l'autre ?

Tout en se posant cette question, il se dirigeait hors de la ruelle quand un monstre au corps rouge fusa à quelques mètres à une vitesse vertigineuse.

-Seigneur ! S'exclama-t-il en se cachant contre l'un des murs.

Son cœur battait la chamade alors qu'il sortait doucement la tête pour vérifier si la bête était encore là. À sa grande surprise une troupeau ronronnant et glapissant allait et venait sur la route qui était elle même étrangement noire. Les gens du royaume avaient l'air habitué à voir ces choses se déplacer car ils déambulaient paisiblement en riant, discutant. Il y avait des millions de châteaux qui montaient très haut, frôlant presque la voûte céleste et des images se mouvaient sur certains d'entre eux. Émerveillé, il osa enfin sortir de sa cachette et lire sur un panneau le nom de ce paradis:

-New...York ?

Encore une fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant