Manque

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Depuis que le barde avait gouté aux lèvres de Geralt il n'avait plus envie de les lâcher. C'était la première fois qu'il embrassait le sorceleur et c'était exactement comme il l'avait imaginé. Fougueux et excitant.
La foule avait reprise sa danse sur de l'électro tandis que lui était resté scotché aux lèvres de son amant.Tout les fantasmes qu'il avait un jour eut remontaient à la surface en un puissant et insatiable geyser. Ses pensées perverses avaient commencé à affluer dans sa pauvre tête de musicien quand il avait aidé le sorceleur à enlever des morceaux de monstres qui parsemaient son corps. Son imagination était encore prude dans ces temps là, il ne s'imaginait que de chastes étreintes avec le chasseur suintant et fumant de masculinité. C'est après l'avoir vu passer à l'acte avec Yennefer qu'ils étaient devenus beaucoup plus érotiques. Et, justement, c'est cette dernière qui brisa froidement son petit nuage pornographique comportant le blond lui susurrant qu'il le ferait chanter jusqu'à l'aube.

-Je ne savais pas que vous étiez là mais j'ai à te parler Jaskier. Lança la brune en ignorant leurs papouilles amoureuses.

-Yennefer...lui déconseilla Géralt désappointé.

Elle lui lança un regard désintéressé qui démontrait à quel point elle n'avait pas l'intention de l'écouter, puis se focalisa à nouveau sur le barde qui avait enfin arrêté d'admirer le visage de son mari pour boire le reste de son cocktail. L'imagination ça donne soif.

-Je ne prendrais pas toute la responsabilité sur ce qu'il s'est passé entre Géralt et moi mais je suis quand même venu m'excuser. Je n'ai jamais souhaiter jouer les briseuses de couples.

Jaskier avala un tantinet trop vite à cette nouvelle et sentit son cerveau se geler d'un seul coup. Il grimaça, reposa son nectar apparemment ensorcelé et détailla la femme en face de lui. C'était bien Yennefer avec ses grands airs et ses yeux violacés—qui sont, dans ce monde, des lentilles— pourtant, elle semblait irréel. La sorcière la plus arrogante qu'il connaisse demandait pardon. Elle s'excusait. Cette équation était absolument erronée et ce peut importe le point de vue qu'il prenait pour l'analyser:

-Tu t'excuses ? Demanda-t-il pour être sûr de ce qu'il avait entendu.

-Oui, c'est arrivé sur un coup de tête et je n'ai pas pensé à ce que tu aurais pu ressentir. Ajouta-t-elle avec une gêne sincère. J'ai été égoïste.

Le barde écarquilla les yeux en ouvrant et fermant la bouche sans qu'un seul son n'en sorte avant de terminer son verre cu sec malgré la fraîcheur du liquide:

-Alors tu es en train d'avouer que tu as eu tord ? Lança-t-il comme si cela était la plus belle victoire au monde.

Alors qu'il gigotait dans tous les sens à se demander dans quel univers une Yennefer demandait pardon, le blond qui lui servait de chaise le remit délicatement sur ses pieds et fit face à celle avec qui il avait fait la plus grande erreur de sa vie:

-Excuse nous mais je pense qu'il vaut mieux qu'on y aille maintenant. Déclara-t-il en posant sa main sur l'épaule du barde qui revint presqu'automatiquement sur terre à ce contact.

-Je ne vous dérangerais pas plus longtemps. Les salua la brune en souriant brièvement avant de se fondre dans la masse de danseurs débutants.

Jaskier comprit toute cette mascarade en quelque secondes. Il savait bien qu'elle ne pouvait pas s'excuser tout naturellement, par bonté de cœur. Tout ce qu'elle voulait c'était se soulager la conscience et mener la danse par la même occasion. Ou—et c'était bien plus proche de la vérité—Jaskier n'acceptait définitivement pas l'idée que Yennefer ait un cœur et qu'elle sache l'utiliser. Il pensait faire part de sa déduction au rockeur quand il vit le visage tourmenté du blond.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Le questionna-t-il incapable de traduire sa tristesse.

-Elle a raison, je suis aussi responsable et j'aurais aimé ne jamais avoir fait ce que je t'ai fait.

Jaskier ne put réprimer un sourire et, sans crier gare, il attira le blond vers lui et lui susurra à l'oreille une chose qu'il avait toujours voulu dire à son chasseur. Sa phrase pleine de sous entendu fit son petit chemin et enflamma le blond comme pas permis, lui ôtant toutes pensées sombres en une fraction de seconde.

Aucuns d'eux ne se souvenaient quand ils étaient arrivés à l'appartement. Ils s'étaient embrassés durant tout le parcours et presque déshabillés dans le seul taxi qui les avaient acceptés. Tous ce que Jaskier se souvenait c'était d'avoir jeté le sorceleur torse nu contre le confortable matelas avant de le chevaucher pour reprendre leur baiser passionné. Geralt n'avait pas chaumé non plus de son côté, il avait apprécié débarrasser Jaskier de ce pantalon qui l'empêchait de lui caresser les cuisses. Il n'avait fallu qu'un seul mouvement au barde pour faire défaillir le blond. Il s'était lentement penché vers les abdos saillants du rockeur et lui avait embrassé le bas du ventre sans briser le contact visuel avec lui, partageant toutes les idées qu'il avait pour ce qui se trouvait sous le reste de tissu. Geralt l'avait donc rapidement mis sous lui pour le dévorer entièrement.

Jusque là tout allait bien, les deux hommes s'amusaient à s'attiser comme si c'était la seule chose qui comptait. Cependant, alors que Geralt était prêt à passer aux choses sérieuses et qu'il se positionnait entre ses jambes, il déclara au barde qu'il l'aimait avec une tendresse qui ramena le barde à la réalité. Ce dernier se sentit vide.
Il était envahie par l'impression de faire quelque chose de mal. Tout ce qu'il vivait maintenant se déroulait dans un autre monde. Ses caresses pleines de passions ne lui étaient pas destinées et il jouait avec le cœur d'un homme amoureux pour contenter ses rêves stupides. Il voulait de tout son être que ce soit son Geralt qui lui fasse ressentir toutes ces choses et pas un autre. Son envie de créer un empire dans ce monde disparaissait petit à petit avec l'euphorie:

-Jaskier ?

-...Tu n'es pas lui... Souffla-t-il en posant sa main contre la joue de Geralt. Je veux le voir encore une fois...une seule...

Encore une fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant