𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚗𝚎𝚞𝚏

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La fin de l'été approche à grands pas, bientôt la rentrée scolaire. Depuis la découverte de l'identité de Betty, le calme est revenu, aucun corps n'a été retrouvé et aucun meurtre à l'horizon.
Ayden est revenu de chez mes parents il y a quelques jours. Il aura passé tout l'été là-bas, il était tellement content et épanoui. C'était de vraies vacances pour lui !

« Ce soir, nous nous apprêtons à passer la pire soirée de notre vie. »

Je décide de donner le bain à Ayden avant de préparer le repas, ce qui déclenchera probablement la colère de Marc. Il aime rentrer du travail et mettre les pieds sous la table. Avant, j'aurais fait comme lui le voulait, mais aujourd'hui, j'ai envie que les choses changent, j'ai envie de m'affirmer. Peu importe si je dois me faire battre pour ça.
Le repas fut un micro détail comparé à la tempête qui est en train de se préparer, j'entends la voiture se garer et la porte se refermer délicatement.

- Chérie ?
- On est là.
- Bonsoir mes amours.

Il m'embrasse et embrasse Ayden sur le front.

- Pizza ce soir ?
- Oui oui papa ! Avec plein de fromage
- D'accord et toi Charlie ?
- Heeu, comme d'habitude ?

Ouf ! Aucun cri pour le repas qui n'est pas prêt !
Je sors Ayden de l'eau. Il enfile sa grenouillère comme un grand et il court dans la cuisine rejoindre son père.
Le repas se déroule bien, on mange, on rit, on est complices, Jusqu'à ce que mon mari décide de ranger la vaisselle et d'ouvrir le tiroir où il trouva les papiers du divorce.

- C'est quoi ça ? Me demande-t-il tout en jetant le dossier sur la table.
- J'avais pris contact avec un avocat il y a quelques semaines ..

Le ton monte, Ayden se met à hurler de peur, Marc s'avance vers moi et m'agrippe par la gorge. Je vois ses yeux remplis de haine, de sang. Je commence à manquer de souffle, il me lâche, je tombe par terre. Il me rattrape par les cheveux tout en me disant :

« Tu veux divorcer ? Jamais tu m'entends ! JAMAIS ! »

Il claque ma tête contre le mur, je touche mon visage, j'ai le nez en sang.
Ayden continue de hurler de peur. Marc se retourne vers lui en criant :

« TU VAS LA FERMER ! »

Je suis sonnée. Je le vois s'avancer vers Ayden.

- Ayden, ma patience à des limites.
- Papa arrête, tu fais mal à maman. Dit-il avec ses mots d'enfant en pleurant à chaudes larmes.
- Dégage de là, ou toi aussi tu vas avoir mal comme maman !
- Non papa, je veux pas avoir mal, j'ai rien fais.

Il attrape Ayden par les cheveux et le lève à sa hauteur tout en lui criant d'arrêter d'hurler, mon cœur de maman se sers.
Ayden demande pardon à son père, le supplie de le lâcher alors qu'il n'a rien fait. Je vois ses pieds se balancer dans le vide et ses petites mains tenir celle de son père qui lui tient les cheveux ..

J'hurle de toutes mes forces « LÂCHE LE »

Il lâche Ayden, il tombe par terre et court sous la table pour se cacher. Marc me rattrape de nouveau par les cheveux et continue à me mettre des coups, je tombe, il continue en me mettant des coups de pieds, je n'entends plus un bruit, tout devient sourd, je vois mon fils pleurer sous cette table et moi impuissante. Mère indigne que je suis.
Je ne sens plus mon ventre, je n'arrive plus à respirer. Il me regarde avec pitié, il prend sa veste et s'en va.
Mon fils sort de sous la table, il s'avance vers moi, il me touche le visage, sèche mes larmes avec ses petites mains.

- C'est tout maman, il est parti.

Ma tête tourne et mes yeux se ferment.
Je me suis réveillée avec le visage tiré, le sang avait séché sous mon nez et mes joues. J'ouvre les yeux et je vois mon fils allongé par terre à côté de moi, il dormait encore, j'essaie de me lever, en m'agrippant à ce que je peux, je souffre.
Je réveille Ayden et l'emmène dans sa chambre, il est encore très tôt. Je vois l'heure s'afficher sur le micro onde, 5 h 45.

- Écoute mon chéri, maman va aller à l'hôpital. Hier je me suis fait mal ici. Je lui montre l'endroit avec mon doigt.
- Tu veux un bisou magique maman ?
- Je ne pense pas que ça sera suffisant mon grand, alors écoute, tu vas continuer à faire un gros dodo et mamie va venir en attendant d'accord ? Pas un mot de ce qu'il s'est passé hier motus et bouche cousus d'accord ? Tu as mal quelque part ?
- Non maman je suis un super héros. Me dit-il tout en bâillant.

Il se retourne et s'endort instantanément.

- Papa ? Excuse m-moi de te réveiller, j'ai fait une chute dans les escaliers et je ne me sens vraiment pas bien. Pourrais-tu venir avec maman me conduire à l'hôpital et garder Ayden, je suis incapable de conduire.
- Oui, mais Marc n'est pas là ?
- Il n'est pas rentré.
- D'accord, on arrive.
- Merci. À toute suite

Je raccroche et file dans la salle de bain pour prendre une douche.
Mes parents viennent d'arriver.

- Alors, ma puce que c'est il passait ?
- Je suis tombée, j'ai glissé en voulant aller à la cave.
- À la cave ? À cette heure-ci ?
- Oui, j'entendais un bruit, j'ai voulu aller voir.
- Et ben bravo. Aller, mets tes chaussures, ton père va te conduire.

J'enfile mes chaussures et ma veste.
Arrivée à l'hôpital, je me présente à l'accueil, j'explique ma chute, la secrétaire me regarde septique et me demande mes papiers.
Elle nous demande d'aller en salle d'attente et qu'un médecin va me prendre en charge dès que possible.
Au bout d'une heure d'attente, un médecin se dirige vers moi.

- Charlie Miller ?
- Oui, c'est moi.
- Venez je vais vous examiner.

Mon père me fait un signe de la tête, je suis le médecin. On rentre dans une petite salle.

- Déshabillez-vous, s'il vous plaît.

Je peine à enlever mes vêtements, je m'allonge sur la table.

- Donc, c'est une chute dans les escaliers, c'est ça ?
- Oui, c'est ça.
- Vous ne vous êtes pas loupé. Il y avait des objets en bas de l'escalier ?
- Oui des cartons.
- Hum. On va passer une radio, tenez, enfilez cette blouse. Restez là. J'arrive.

Il sort de son bureau et laisse la porte contre, je l'entends parler avec l'infirmière.

- Il faut qu'on lui fasse passer une radio, je pense qu'elle doit avoir des côtes cassées. Son nez aussi est dans un sale état.
- Vous pensez que c'est vraiment dû à une chûte docteur ?
- Non, c'est typique de la femme battue. Mais on ne saura jamais la vérité.
- Je vais préparer la salle de radiographie.

J'ai envie de dire la vérité, j'ai envie de dire que mon mari me massacre et qu'il frappe notre fils.
J'ai envie de dire que son assistante était Betty et que Jeanna avait postulé dans son agence.
J'ai envie, mais ma famille volerait en éclats et peut être que ce n'est pas lui. Si je parle à la police et qu'il n'a rien à voir dans cette histoire, il va m'en vouloir.

Aujourd'hui, il me reste trois mois à vivre.

Blows and Wounds [/𝙲𝚘𝚛𝚛𝚎𝚌𝚝𝚒𝚘𝚗\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant