Infiltré (Saga des Snake)

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Hailey

L'eau chaude coule sur ma peau, je ne sais pas depuis combien de temps je suis sous la douche, mais ça me fait du bien. Mes pensées sont incohérentes, tout se mélange dans ma tête. Je sais que je suis ici parce que Sander m'a libéré de cet enfer dans lequel je vivais depuis plusieurs jours, mais je ne sais pas ce qu'il a prévu de faire de moi dans les jours à venir.

Je ne suis pas effrayée, étrangement cet homme, aussi mystérieux soit-il, ne me fait pas peur. Il s'occupe de moi comme si j'étais une chose précieuse et ça personne ne l'a jamais fait. J'ai toujours dû me débrouiller seule depuis la mort tragique de ma mère dans cet accident de voiture. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver, c'était une conductrice hors pair qui aimait l'adrénaline et lorsque nous circulions, ensemble dans la même voiture, sur les circuits privés ou encore sur les routes sinueuses de la ville, nous étions comme deux folles, hystériques. Elle m'a transmis sa passion pour la vitesse, et les courses automobiles. Elle m'a appris à magner un véhicule dès mes douze ans, et j'y prenais autant de plaisir qu'elle, mais après sa mort, je n'ai pas retouché une voiture. Je ferme les yeux, des larmes coulent sur mes joues. Ça fait maintenant quatre ans et je ne crois pas une seule seconde à un simple accident.

Après l'enterrement, mon père m'a éloigné de la maison familiale, préférant me savoir loin de lui pour je ne sais quelle raison. Aujourd'hui, il est mort, lui aussi. Je suis orpheline, mais étrangement ça ne m'affecte pas autant que ma mère. Je ne l'ai pas pleuré comme je l'ai fait pour elle. Nous n'avions pas ce lien qui uni un père et sa fille, il était déjà peu présent alors son décès ne me changera pas la vie. Je reste persuadé qu'il n'était pas innocent, et que mon enlèvement est en partie sa faute. Sander m'a dit que c'était un connard, ce qui signifie qu'il le connaissait et qu'il sait sans doute des choses sur lui dont je n'ai pas connaissance. Seulement, faire parler ce mec et connaitre la vérité sur mon géniteur ne va pas être une mince affaire. Il est aussi fermé qu'une huître et ne laisse rien paraître, c'est la muraille de Chine qu'il a érigé autour de lui.

Je coupe l'eau et m'enroule dans une serviette, j'efface la bué sur le miroir avec ma main et je grimace en voyant mon reflet dans celui-ci. Les griffures sont toujours présentes, je ne contrôle pas ces putains de crises de manque, bien qu'elles s'espacent au fil des jours, c'est une vraie torture. Mais à celles-ci s'ajoutent les cauchemars sanglant de cette nuit. Ces hommes morts éparpillés sur le sol, cette balle qui a traversé le crâne d'un de ceux qui me droguait faisant gicler des morceaux de son cerveau sur le mur. Et ce liquide rouge s'échappant de la gorge de mon tortionnaire, la nausée me prend tout à coup, je refoule l'envie de vomir, je suis plus forte que ça, j'arriverai à surmonter tout ça. Je retrouverai une vie normale, du moins je me force à y croire, c'est ce qui me maintiens encore debout à ce jour.

Je rejoins la chambre et suis surprise d'y trouver des sous-vêtements propres, un pantalon et un pull, mais aussi ravie de porter autre chose que des t-shirts sans forme. Je m'habille avec une telle lenteur que je m'agace pour attacher mon soutien-gorge. Je finis par le balancer au fond de la chambre. Après tout, je n'en ai pas besoin, ce n'est pas comme si j'allais sortir d'ici.

Lorsque j'arrive dans le salon, Sander ranime le feu, vêtu d'un simple t-shirt, je peux apercevoir ses muscles dorsaux s'agiter sous le tissu. Je me mords la lèvre et l'envie de poser mes mains sur lui se fait un peu plus présente. Je glisse mes yeux sur son corps athlétique et je me surprends à éprouver un désir que je croyais disparu.

- Arrête de me mater de la sorte, Hailey.

J'ouvre grand les yeux, je ne pensais pas qu'il m'avait entendue arriver. Il se relève pour me faire face, son regard n'a plus rien de chaleureux. Il est devenu sombre, depuis qu'il a claqué son ordinateur avec force, il y a trois jours. Son comportement a changé. Il est distant, me laisse me débrouiller seule. Même lors de mes crises nocturnes, il ne vient plus se caler contre moi, il se contente de me faire avaler mes médicaments et il quitte la pièce.