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Hailey

Entre rêve, cauchemar et réalité, je ne sais plus où me situer. Des voix résonnent autour de moi, mais je suis incapable de comprendre ce qui se dit, c'est incompréhensible. À plusieurs reprises, je tente d'ouvrir les paupières, mais elles sont lourdes alors que mes oreilles bourdonnent à cause d'un bruit incessant et répétitif. Des mains touchent ma peau, je voudrais repousser celui qui profite de moi sans que je puisse me défendre, mais en vain. Mon cerveau refuse de donner l'ordre à mes membres d'esquisser le moindre geste. Un flottement se fait ressentir, comme si je volais et étais libre, puis ma poitrine percute quelque chose de dur.

Je perds pied à plusieurs reprises dans ce rêve, mais chaque fois on me ramène à la surface. Un sifflement retenti, ce n'est pas une personne qui appelle son chien, non c'est autre chose. Cependant, il m'est impossible de savoir à quoi correspond ce son et me concentrer sur ce qui m'entoure m'est bien trop difficile. Mon corps bascule en arrière avant de reprendre cette position sur ce truc ferme. Je suis à nouveau bercée dans un mouvement rapide et souple, puis plus rien. Aucun bruit, aucun déplacement, tout est calme et apaisant. Mes yeux papillonnent, il fait sombre et j'ai la tête en bas. Je bouge légèrement pour ne pas basculer, quand mon corps glisse contre un torse. Un bras enserre ma taille, je fixe ces yeux verts que je connais, mais je ne réagis pas, jusqu'à ce qu'une voix familière arrive à mes oreilles. Je tourne la tête, mes doigts s'enfoncent dans la peau de celui qui me tient.

- Maman...

Cette dernière pivote son visage vers moi, ma bouche s'ouvre en grand, alors que je sens les larmes monter. Je sais que tout ceci n'est qu'un rêve de plus, pourtant cela semble si réel. Un homme que je n'ai encore jamais vu braque une arme sur elle, tandis que ses poignets sont liés dans son dos. Mon regard balaie les environs, et j'ai un mouvement de recul lorsque je vois des mecs à genoux prêts à se faire tirer dessus.

- Ne panique pas.

Je tente de m'échapper de la prise de Sander, mais il m'empêche de bouger, alors je me débats avec une force qui me vient de je ne sais où, tant je suis faible. Le seul but que j'ai à cet instant est de sauver ma mère de cet homme qui veut sans doute la tuer.

- Lâche-moi, grogné-je à l'encontre de Sander.

- C'est une très mauvaise idée, crois-moi.

- Alors, libère là !

- Impossible.

Mes yeux s'écarquillent, puis je les ferme pour faire disparaître cette image de la femme qui m'a élevée prisonnière de ce monstre. Je sais que Juan m'a droguée et les effets sont encore là, je ne dois pas perdre mon sang froid et revenir à la réalité. Je respire lentement durant plusieurs secondes avant de faire face à ces nouveaux cauchemars qui m'attendent. Mais rien n'a changé, nous sommes toujours là, dans ce jardin où la chaleur est bien présente. D'un mouvement hésitant, je me mets face à Sander, puis lève une main tremblante vers sa joue. Un hoquet de stupeur sort de ma gorge lorsque je réalise qu'il est bel et bien réel.

- Sander... demandé-je.

- C'est bien moi.

- Hailey, ma chérie.

La voix de ma mère est suppliante, et malgré le mal qui martèle mon crâne, je me force à faire face à la situation.

- Tu es vivante ?

- Oui, si tu savais comme je m'en veux, dit-elle d'une voix suppliante.

Sander émet un grognement en me calant plus contre son torse.

Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

- Elle n'est pas celle que tu crois, tonne la voix de celui qui braque son arme sur elle.

- Et vous ? Vous êtes qui ?

Il fixe ma mère un sourire étrange sur les lèvres, avant de revenir à moi.

- Nous verrons ça plus tard, pour l'instant considère que suis juste le chef des Snake.

Un raclement de gorge s'élève au loin et j'aperçois l'homme qui m'a accompagnée dans la douche s'avancer près de celui que je reconnais sans mal, Juan. Ses yeux bleus me scrutent un instant, alors que je ressens Sander exercer une pression contre ma taille.

- Je vais le buter, marmonne-t-il contre mon oreille.

Pour je ne sais quelle raison, je perds mon sang froid. Je me tortille avec force dans tous les sens, je fais abstraction de ma faiblesse, mes veines sont alimentées par l'adrénaline. Sander me tient tant bien que mal alors je mords avec rage son bras qui m'enserre. Il jure entre ses dents et me lâche.

Une fois libre, je le sens revenir vers moi, mais la voix du chef l'en dissuade. Il reste donc tranquille.

- N'approche pas, m'ordonne le chef.

- Laisse donc cet enfant retrouver sa maman, tonne Juan.

- Bien mes chers amis, nous ne sommes pas ici pour renouer avec les liens du passer. Irina expliquera plus tard à sa fille que c'est une traînée doublée d'un masochisme sans nom, intervient l'homme aux yeux bleus.

Il s'avance lentement et se plante devant le chef des Snake un sourire suffisant sur les lèvres.

- Où se trouve le lieu de rendez-vous, Carlton ?

- Tu crois vraiment que je vais te donner cette information, Lex ? Je sais que tu es un fin négociateur contrairement à Juan qui a dû faire appel à tes services, mais je suis aussi malin que toi. Ne l'oublie pas.

- Comme tu voudras. Par lequel je commence ? demande-t-il en balayant de sa main les hommes à genoux.

- Aucun ! m'entends-je dire.

Tous les regards se braquent sur moi, et pour une raison étrange je ne me sens pas mal à l'aise. À cet instant, je n'en ai rien à faire de leur magouille et compagnie, et même si le danger est grand, je veux savoir pourquoi ma mère a les poings liés. Puis, je m'adresse à Carlton.

- C'est ça le plan en fait ? Faire de moi une femme surentraînée pour me rallier à vos trucs de détraqués ? Depuis combien de temps vous avez ma mère et mon père dans l'histoire, il faisait quoi au juste ? Bordel, je veux qu'on m'explique ! hurlé-je.

Un coup de feu retentit et me fait sursauter, je n'ai pas le temps de chercher d'où provient le tir, que les balles fusent dans tous les sens. Des hommes tombent à terre, je discerne vaguement Carlton entraîner ma mère plus loin. Je décide de les rejoindre sans prêter attention au danger qui rôde autour de moi, lorsque qu'une vive douleur transperce de part et d'autre ma poitrine. Je m'écroule au sol, ma vue se brouille alors que j'aperçois difficilement les iris verts de Sander.

- Ne ferme pas les yeux ! Regarde-moi, Hailey. Putain, je t'en prie... Ne me laisse pas.

Sa voix meurt dans mes oreilles, je n'entends plus rien, un voile sombre se pose sur mes yeux. Puis, le noir et le silence prennent place.

Infiltré (Saga des Snake)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant