Infiltré (Saga des Snake)

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Hailey

Cela fait des heures que je n'ai vu personne, malgré le brouillard qui enveloppe mon cerveau, je m'efforce à rester, un minimum, consciente du temps qui passe. D'après les rayons du soleil qui filtrent au travers de la fenêtre et la chaleur toujours aussi insoutenable, je dirais que nous sommes en milieu d'après-midi. Ma bouche est sèche, je suis assoiffée, quant à mon estomac, il est si douloureux que j'ai l'impression qu'on y creuse un trou. Je pivote sur le côté pour tenter d'alléger ce mal. J'étends mon bras et pose ma tête dessus, puis je me perds dans des hallucinations. Elles sont tellement surréalistes qu'il m'est parfois difficile de distinguer le vrai du faux.

Dans les moments que je classe comme lucides, j'imagine ce que serait ma vie si ma mère était toujours près de moi. Bien différente, j'en suis convaincue. Malgré son travail qui lui prenait beaucoup de temps et ses déplacements à l'étranger, quand elle rentrait elle me consacrait tout son temps libre. Je me réconforte en pensant à elle, à tous ces instants passés ensemble. Je souris tristement, tandis qu'une larme s'échappe de mon œil. J'ai hérité des yeux et des cheveux de ma mère, mais pas de sa prestance. Elle était de ces femmes que l'on remarque. Toujours apprêtée, belle et rayonnante, peu importe ce qu'elle portait. Pourtant, son mari la regardait à peine, et souvent je les entendais se disputer. Je trouvais ça normal, mais avec le recul et les révélations de Sander, ma mère devait sans doute être au courant pour mon père et ses frasques et il l'a en quelque sorte tuée. Je le hais pour ça.

Un ricanement sordide m'échappe et m'effraie quand je prends conscience qu'en ce qui concerne la drogue, je ne vaux pas mieux que mon paternel. Après tout cette dope, je la revendais bien à mes amis. Alors oui, on ne jouait pas dans la même cours, je le faisais pour un peu de fric et du sexe. La mort de ma mère m'a fait partir à la dérive, je n'avais plus aucune estime envers moi-même. J'étais devenue pathétique et plutôt que de soutenir sa fille, mon géniteur m'a évincée de sa vie pour tremper dans des affaires si illégales qu'il était prêt à me laisser crever. Aujourd'hui, si je suis prisonnière et sur le point de mourir, dans un coin du globe terrestre, c'est à cause de lui et ses magouilles. Et je n'ai plus d'espoir, je ne me fais plus d'idée, personne ne viendra me chercher ici. Comment Sander et le Cartel pourraient savoir où je me trouve ? Étant donné la chaleur, je suis dans un autre pays et je doute que ce bâtard de Juan ait réservé un vol touristique dans une agence de voyages pour s'y rendre.

Je soupire, puis je tends l'oreille. Ça s'agite dans le couloir, instinctivement, je me recroqueville sur moi-même.

Que va-t-il me faire aujourd'hui ?

La porte s'ouvre, deux hommes et le chef entrent. Les ordres de ce dernier fusent dans tous les sens, je ne comprends pas tout. Des mains enserrent mes bras et la précipitation dans laquelle ils me font sortir de ma prison m'apeure. Mes pieds, nus, rappent le sol quand les deux hommes me traînent avec eux dans ce couloir sans fin. Je tente de me débattre, mais je suis si faible que j'abandonne vite l'idée. De toute façon, où irais-je ? La panique s'immisce encore plus dans mes veines lorsque je constate que nous dépassons la salle de torture. Une chaleur étouffante s'empare de moi, mon cœur martèle ma poitrine si fort, que j'ai du mal à gérer ma respiration qui se fait plus difficile. Je ne sais pas où ils m'emmènent, je suis terrifiée et je tente tant bien que mal de chasser mes pensées les plus sordides quant à ce que Juan me réserve.

Juan passe devant ses hommes et pousse une grosse porte en bois, je ferme les yeux et frissonne, lorsque la fraîcheur caresse ma peau en franchissant celle-ci. Mes paupières se soulèvent quand mes orteils frappent quelque chose de dur. Un escalier, un immense escalier recouvert d'une moquette rouge se trouve en face de moi. J'observe vite fait les alentours, c'est luxueux et propre.