18

3.1K 342 48
                                    

Hailey

Mes jambes me font souffrir, je ne suis pas certaine de pouvoir encore marcher des kilomètres. En attendant le retour de Sander, je m'assois sur une caisse en bois afin de m'octroyer un massage de mes mollets endoloris. Je soupire d'aise même si je rêve d'un bain chaud.

Un grincement se fait entendre derrière moi, le revoilà enfin. Après cette randonnée mouvementée, savoir Sander près de moi me rassure. Il m'a promis qu'il ne m'arriverait rien et je le crois. Un léger picotement se fait sentir sur mes lèvres, je pose mes doigts dessus. Notre baiser était juste parfait, comme je l'imaginais sauvage et brutal. Je suis certaine qu'il saura me rassurer au moment venu.

Lorsque je tourne la tête vers l'entrée, je me fige et mon sang se glace malgré le rythme frénétique de mon cœur qui martèle ma poitrine. Je bondis de la caisse, mais une main s'agrippe autour de ma taille, alors qu'une autre se pose sur ma bouche. Je tente de me débattre et geins quand je prends conscience que c'est inutile, la personne qui me tient est bien trop forte, et ma rage n'a aucun effet sur elle. Un homme plus vieux apparaît sur le pas de la porte, il se dégage de lui une aura malsaine et le sourire carnassier incruster sur sa face ne me dit rien qui vaille.

Des images me reviennent par vague, lui avec son plateau d'argent me planter une seringue dans le bras. Je cesse de bouger, mes yeux s'humidifient et les larmes coulent sur mes joues. Je ne veux pas revivre ça, la dépendance, le manque, les vomissements et les hallucinations. Non, je refuse de subir à nouveau toute cette souffrance.

- Alors petite traînée, tu pensais vraiment que j'allais te laisser saine et sauve ?

Je ne bouge plus, mon cerveau se déconnecte de la réalité. Je me contente de le fixer, sa main glisse sur ma joue, ce geste me répugne et je sens la bile remonter le long de ma gorge. Puis, il attrape mes cheveux et relève ma tête.

- Mon homme va ôter sa main de ta jolie petite bouche. Tu la fermes, sinon je te bute, même si je préfèrerais le faire devant ce traître de Sander. Voir l'échec dans son regard serait ma plus grande joie et ensuite je m'occuperai de lui.

Cette ordure tire sur ma tignasse et me contraint à le suivre dehors. Une fois à l'extérieur, il me force à me mettre à genoux, puis je sens un truc froid se poser sur ma tempe. Je fixe Sander qui est toujours au téléphone et qui nous tourne le dos. Lorsqu'il raccroche et fait volte-face, son visage habituellement s'y confiant est remplacé par une inquiétude profonde. Il sait comme moi qu'il est impossible pour nous d'échapper à ces hommes. Ils sont bien trop nombreux.

- Laisse-la partir ! grogne Sander avec rage.

- Crois-tu vraiment être en position de force ? ricane Juan.

Je vois Sander bouger légèrement la tête, c'est bref presque imperceptible. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, un sourire étire ses lèvres et il recule d'un pas, puis d'un autre. Il se barre ! Ce connard est en train de fuir en me laissant seule avec ce type infâme. Puis, il stoppe tout mouvement et lève ses deux bras tel un chef d'orchestre prêt à diriger son groupe.

- On a demandé du renfort ? Flash, pour vous servir, Monsieur !

Un homme cagoulé sorti de nulle part, fanfaronne avec son fusil à la main, puis d'autres apparaissent d'un peu partout et nous encerclent. C'est irréel, je vais finir à l'asile complètement folle.

- Par lequel, je commence ? demande l'homme près de Sander.

- Je te laisse choisir, répond ce dernier.

- Ne fais pas le malin, crache Juan en appuyant un peu plus le canon contre ma peau.

- Tu n'auras pas le temps d'appuyer sur la gâchette que tu seras déjà mort.

Une sorte de comptine me parvient aux oreilles, je cherche d'où elle vient et je tombe sur cet homme étrange. À se demander s'il n'a pas fumé un truc avant de venir.

- Am stram gram, pic et pic et colégram...

Ce mec est complètement barré, il est train de faire plouf plouf pour savoir lequel il va descendre en premier.

- Flash ? l'interpelle Sander.

- Oui ?

- Si je dis, Roosevelt ?

Je hausse un sourcil et me demande sérieusement où je suis tombée. Pourquoi prononcer le nom du trente-deuxième président des États-Unis ? Sander reporte son attention sur moi et sans que je comprenne ce qui arrive, des coups de feu fusent dans tous les sens. Mon premier réflexe est de me plaquer au sol en posant mes mains sur la tête. Un homme vient s'écrouler sous mes yeux, une balle a traversé son crâne et étrangement ça ne me révulse pas comme la première fois. Son regard éteint de toute vie me pousse à ne plus prêter attention aux coups de feu ni à cette couleur rouge qui recouvre la neige si blanche qui m'entoure. Un contraste détonnant pour ce lieu censé être ressourçant.

Mes pupilles dévient sur le fusil près du corps. Mon bras se tend vers celui-ci, alors que mes doigts s'apprêtent à agripper la crosse, je sens que quelqu'un me tire vers le haut. Une fois sur pied, l'homme pose quelque chose de froid sur mon cou. Je n'ose pas bouger, Sander et les autres sont lancés dans une fusillade sanglante et aucun ne prête attention à moi.

- Un seul mouvement de ta part et je te saigne comme Sander l'a fait pour mon fils, tonne l'homme.

Je suis pétrifiée, encore pire que le jour de mon enlèvement et je prie pour que cela ne se répète pas encore une fois. Sander pivote et me cherche au sol où je me trouvais, il y a deux minutes. Son regard se dirige vers moi et ce que j'y perçois est indéchiffrable.

- STOP ! hurle-t-il.

Les coups de feu cessent, les hommes de mon kidnappeur se regroupent à ses côtés et à mon plus grand étonnement, ils sont plus nombreux que tout à l'heure.

- Laisse-là, Juan, grogne Sander.

- Non, je vais m'amuser un peu avant de la buter. Je vais tellement la faire souffrir qu'elle me suppliera d'en finir.

- Sander, couiné-je.

Ses yeux s'accrochent aux miens, ils brûlent d'une lueur sauvage, presque animale. Il s'avance d'un pas décidé vers nous.

- Sander.

Un homme, celui qui chantait la comptine l'arrête en lui saisissant le bras.

- Je vais le démolir, crache Sander.

- Oui, on va le faire. Mais là, même si je suis le meilleur tireur, je ne peux pas empêcher les autres de nous mitrailler.

Sander finit par revenir sur ses pas en grognant, tandis que la panique s'empare de moi. Je ne peux que reculer lorsque Juan m'incite à le suivre. Je sens les larmes glisser sur mes joues au fur et à mesure que je m'éloigne de ceux qui m'ont sauvé une première fois.

Sander serre les poings, impuissant devant le spectacle qui se déroule sous ses yeux. Puis sa voix fait écho dans la montagne.

- Tu n'aurais jamais dû la toucher. Je te jure que tu vas crever comme un chien, Juan, dit-il avec hargne.

Infiltré (Saga des Snake)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant