J’attends assise à côté de mon avocat, un grand blond d’une quarantaine année qui, à mon avis prend bien soin de lui, ma sentence qui va tomber d’un moment à l’autre. Il n’y a pas beaucoup de monde dans la salle, en face de moi ce trouve le juge, d’un côté se tient tous les membres du jury et de l’autre des grandes fenêtres donnant sur le lac. Derrière moi s’installe le public, l’audience étant ouverte à tout le monde comme à chaque fois, sauf si on paie une fortune pour que ce soit à guichet fermer.
Mon crime : avoir eu des relations avec des mineurs.
A chaque fois que j’avais une relation, j’obtenais le consentement de la personne qui me posait des limites, ou pas.Comment en suis-je arrivée là ? J'ai continué avec mes relations d'un soir.
Le problème ? Je ne me souciais plus de l'âge de mes partenaires, uniquement du consentement et le groupe de 3 jeunes hommes était mineurs, ce qui causa le début de mes problèmes. Mais en même temps je ne regrette rien et quelque chose me dit qu’eux non plus.
Je tremble de la tête au pied. Ma hantise de rester seule, enfermée, va peut-être ce réaliser.
Depuis mon divorce, j'ai toujours eu des histoires sans lendemain pour éviter cette solitude que je ressens le soir et surtout le week-end. Pour me sentir vivante, certaines nuits étaient plus intense que d'autres, mais voilà le résumé de ma vie depuis cinq ans.C’était trop bon, me remémorai-je, vivement Nouvel an pour remettre ça.
La réponse à la question, comment je suis arrivée dans ce tribunal reste une énigme pour moi. Je pense que ces idiots en ont discuté entre eux tranquillement dans la rue et maintenant qu’on est sur écoute partout depuis les votations de l’an dernier sur la surveillance vidéo ; nous sommes contrôlé au minimum 12 heures par jour, ça peut aller jusqu’à 24 heures. Alors je soupçonne que la police a dû trouver cette conversation entre les adolescents assez louche. Après une enquête et interrogatoire aux concernés, ils m’ont trouvé et comme je n’ai rien à cacher, j’ai tout avoué pour la relation de cette nuit-là sans penser aux conséquences et là j’ai appris qu’ils étaient mineurs.
Comme tout le monde le sait, les lois ont beaucoup changé, elles sont devenues de plus en plus strictes.Il y a 5 ans, les gens qui étaient accusés de ces crimes étaient envoyés en prison pendant différentes années en fonction de la gravité de l’acte. Dans certains pays, ces délits n’étaient pas punis par la loi mais par la famille, s’il était jugé pas grave, tant mieux, sinon c’était la mise à mort sur la place publique.
Aujourd'hui, les criminels, quel que soit l’importance de leurs gestes, sont directement mis en cellule.
Peut-être que pour mon cas ce sera différent; ils ont tous annoncé qu'ils étaient consentants et même prêt à recommencer, ce qui me donne un peu de baume au cœur dans ces moments d’angoisse.
— Madame Blanchard, âgée de 30 ans, domiciliée à Bourg-St-Maurice, la cour vous condamne à un petit séjour en prison pour avoir eu des relations avec des mineurs. Comme les juges sont cléments vue que ces derniers étaient consentants et apparemment bien servi…
Il y a quelques petits rires dans la salle, quelques discutions que j’essaie de comprendre mais ce fut difficile.
Oui les « petits puceaux » étaient bien contents de la soirée… je vous le raconterai à l’occasion.
— …vous passerez la soirée du Nouvel An, soit du 31 décembre 2025 au matin jusqu’au 2 janvier 2026 en prison, continua-t-il. Là, vous serez surveillée jour et nuit afin de savoir si vous représenter un danger pour vous ou autrui. En fonction de votre comportement, ou vous y resterez quelque temps de plus, ou votre condamnation sera réduite et vous pourrez sortir; mais vous resterez suivi par des services spéciaux pendant 5 ans soit en allant chez un psychiatre, soit en vous rendant un jour sur deux au commissariat. Nous verrons les formalités en temps voulu. La séance est levée, nous reverrons l’accusée le 2 janvier afin de prolonger sa condamnation ou non, en accord avec le jury ici présent.
Ça veut dire pas d’aventure à Nouvel An, c’était une tradition pour moi pour rentrer comme il faut dans la nouvelle année.
Chaque 31 décembre, je passais ma soirée dans un night-club dont l'ambiance nocturne est, comment dire, très chaude. Où je retrouvais toujours un ou plusieurs mâles ténébreux comme j’aime pour passer la nuit à vibrer, à me sentir la plus désirée du monde, et ne pas être seule. Cette fin d'année va être très différente, voir ennuyante.
Bon, pas de champagne, pas de sexe, rien de rien, mais je vais bien me rattraper, je dois cependant rester sur mes gardes et ne pas faire d’écart en vue de cette surveillance constante…
Pourquoi est-ce qu’il m’a dit ça ?
Les gardes me prennent par les bras pour sortir de la salle. Je dis au revoir avec une mine un peu déçue du résultat à mon avocat.
— Je suis désolé, on se revoit le 2 janvier. A bientôt me dit-il en me serrant la main.
Je n’ai pas le temps de répondre, les gardes me forcent à avancer.Lorsque que je vois les avocats et le juge se réunir, je tends l'oreille par curiosité n’étant pas très rassurée.
— Monsieur le juge, demande mon avocat, pourquoi l'envoyer à cette prison, la plus dure, la plus isolée, la plus… bizarre ?
Je remarque que l’avocate de la défense reste attentive et surprise de la conversation qui suivie.
— Ce qui se passe entre ces murs, personnes ne le sait mieux que moi vu que mon frère en est le directeur et qu’on a créé ensemble ce dispositif avec l’accord du gouvernement.
— Vous en êtes sûr ? coupe mon représentant. Ça peut la transformer en bien ou en mal d’après les rumeurs qui circule.
— Ne vous inquiétez pas, en l'envoyant là-bas, continue-t-il, soit elle est dégoutée à vie, comme ces personnes rentrées dans les ordres, soit elle se transforme complètement et là ça va être un peu plus compliqué de la récupérer comme avant. De toute façon, on doit la revoir début janvier pour faire le point. Sur ceux, passé un bon réveillon et à l’année prochaine.
— A l’année prochaine, répondent-ils en cœur.
Je ne sais pas ce qui m’attendait mais en écoutant cette conversation je pense directement au pire.
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Centre spécialisé (terminée)
Short StoryLe 30 décembre 2025, Clara Blanchard, une jeune femme à la vie sexuelle extrêmement active, est jugée pour avoir eu des relations avec des mineurs. Elle est envoyée dans une prison pour y être surveillée jusqu'au 2 janvier 2026. La suite de sa peine...