Ai tombom ste yun

Chapitre 33

Elle courut si vite que ses jambes n'arrivaient pas à suivre, il était peut être trop tard pour empêcher le mariage mais il n'était pas trop tard pour la protéger. Lexa ne méritait pas de mourir, pas comme ça.

Par chance la porte de sa chambre était entre-ouverte et aucun garde ne surveillait son entrée. Elle se faufila rapidement à l'intérieur, espérant n'y trouver que la commandante. Elle avait cru comprendre que Ontari avait rendez-vous avec l'ambassadeur d'Azgeda, du moins c'est ce que Titus lui avait affirmé lorsqu'elle l'avait bousculé sur la route.

La luminosité était faible et seules quelques bougies éclairaient la pièce, donnant une ambiance à la fois triste et chaleureuse. La brune se trouvait de dos et semblait obnubilée par un objet. Mais Clarke n'eut pas le temps de le voir qu'une lame se trouvait déjà sur sa gorge. La commandante, se trouvait devant elle, un poignard à la main et dévisageait la blonde de ses grands yeux verts humides. Elle avait pleuré, ce qui ne lui ressemblait pas. Elles se regardèrent quelques instants sans qu'aucun mot ne sorte de leur bouche. La brune relâcha immédiatement sa prise lorsqu'elle reconnut son ancienne amante.

- Clarke ? Qu'est ce que tu fais ici ? Demanda t-elle étonnée.
- J'ai besoin de te parler.

Lexa souffla. La blonde l'avait évité pendant des jours, jusqu'à s'en aller loin d'elle. Et maintenant que le moment n'était plus opportun, elle était revenue pour lui parler. La brune était perdue, elle ne pouvait lui expliquer les véritables raisons qui l'avaient poussé à se marier. Elle préférait laisser Clarke penser que son peuple en était la principale raison.

- Tu ne devrais pas être là
- Tu es en danger Lexa...

Mais la commandante reagissait comme si elle ne comprenait pas ce que la blonde venait de lui dire. Elle se contentait de la fixer de son regard vert mais Clarke devait la convaincre. Elle ne pouvait pas la laisser aux mains de Ontari.

- Je t'en supplie Lexa, dis moi que ce n'était pas ton idée...
- J'ai fait ce qui était le mieux pour mon peuple.

Clarke la regarda avec de grands yeux. La brune avait dit la même chose avait de la trahir et de l'abandonner au Mount Weather. Elle qui avait promis de la protéger, elle qui lui avait promis qu'elle ne la trahirait plus...
Elle ne reconnaissait plus la commandante, elle n'était pas cette femme froide et distante.

- Tu dois partir, affirma Lexa en détournant le regard.
- J'ai bes...

Clarke n'eut pas le temps de finir sa phrase que des bruits de pas se firent entendre, Ontari revenait de son entretien avec les ambassadeurs.

- Cache toi, murmura Lexa à la blonde.

Clarke se précipita rapidement dans la salle de bain, ce n'était sûrement pas la meilleure cachette mais elle ne pouvait pas risquer de croiser le chemin d'Ontari. Elles avaient passé un pacte et la blonde n'avait plus le droit de revenir à Polis. La Reine d'Azgeda avait été manipulatrice, elle l'avait fait quitter la capitale afin de pouvoir tuer la commandante plus facilement, et sans éveiller le moindre soupçon.
Clarke en voulait à Lexa, du plus profond de son cœur, mais elle ne pouvait se résoudre à la haïr. Ses sentiments à son égard étaient bien trop forts et elle avait besoin d'explications pour passer à autre chose.
Alors elle resta derrière la porte de cette salle de bain, à attendre le moment opportun pour sortir.

Ontari traversa la porte d'entrée le sourire aux lèvres, sa réunion avec l'ambassadeur devait avoir été intéressante. 

- La cérémonie s'est bien passée, commença Ontari en s'avançant vers le lit près de Lexa.

La brune ne réagit pas, elle n'avait pas l'habitude de parler avec la Reine d'Azgeda et elle n'en avait pas non plus l'envie.

- J'étais un peu inquiète que ton peuple réagisse mal... continua t-elle. Je ne suis pas vraiment la bienvenue ici.

La commandante hocha simplement la tête. Elle n'était pas heureuse et elle ne savait pas parler à Ontari, les deux femmes n'avaient rien en commun excepté le Natblida. Elle aurait tant voulu que les choses se passent autrement.

- Je vais prendre un bain, dit Ontari fermement avant de se lever du lit sur lequel elle venait juste de s'asseoir.

Clarke écarquilla les yeux, elle pouvait entendre la conversation se déroulant entre les deux femmes et entrer dans la salle de bain n'était pas une bonne idée. Elle avait couru vers la chambre de la commandante sans se soucier de Ontari alors qu'elle risquait la mort.

Lexa mit quelques temps à réagir avant de se souvenir que la salle de bain était une zone proscrite. Elle n'avait que quelques secondes pour persuader Ontari de ne pas s'y rendre.
Elle l'attrapa alors par le bras et l'attira à elle. Alors que leurs visages ne se trouvaient plus qu'à quelques centimètres, elle décida de poser ses lèvres sur celles de sa femme, doucement mais pas tendrement.
La Reine d'Azgeda répondit immédiatement à son baiser et quelques échanges se firent avant que Lexa n'y mette fin.

Les lèvres d'Ontari avaient un goût amer, un goût différent de celui qu'elle aurait aimé gouté. Lexa n'avait pas embrassé beaucoup de personnes dans sa vie, peut être 2 ou 3 mais cela lui avait été suffisant pour savoir celle qu'elle voulait. Et elle se trouvait dans la salle de bain.
Alors elle posa de nouveau ses lèvres plus fougueusement, s'efforçant de faire comme si elle en avait envie. Elles se séparèrent à bout de souffle

- Que me vaut ce baiser ? Demanda Ontari avec un léger sourire en coin.
- Tu es ma femme, répondit simplement Lexa.

La brune se leva alors et prit la main de sa femme pour l'emmener sur le lit, entre les fourrures chaudes.
Elle se plaça derrière la commandante et commença à embrasser sa nuque tout en tripotant l'arrière de son dos.

- Ontari qu'est ce que tu fais ?
- J'enlève ta robe...

Lexa la repoussa, se retournant afin de pouvoir la regarder. Elle n'avait jamais pensé aller plus loin. Ce mariage était un mariage d'affaires et non un mariage d'amour, elle ne pouvait se résoudre à offrir une telle chose à sa conjointe.

Clarke pouvait toujours entendre leur conversation depuis la salle de bain. Elle arrivait également à les apercevoir à travers le petit espace se trouvant entre le mur et la porte. Et son cœur se brisa. Voir la femme qu'elle aimait avec quelqu'un d'autre était plus dur qu'elle ne le pensait. Elle avait détesté voir Finn aux côtés de Raven mais cela n'était rien comparé à ce qu'elle ressentait maintenant.

- Tu as eu ce que tu voulais et tu n'auras rien de plus de ma part, affirma Lexa calmement.
- Un mariage se doit d'être consommé... Je pensais que tu le savais.
- Je ne fais pas ça.

Mais la brune l'ignora et attrapa alors son amante par le bras afin de l'attirer de nouveau vers le lit. Mais la commandante réagit immédiatement à son toucher et Ontari se retrouva devant elle, ne comprenant pas la situation.

- Ne me touche pas ! Cria t-elle en la repoussant, les mains tremblantes.

Ontari aperçut alors l'avant bras de sa femme ainsi que les horreurs qui s'y trouvaient dessus. Lexa portait une énorme cicatrice, témoin de la torture que lui avait fait subir la brune pendant son enlèvement à Azgeda. La commandante avait été torturé des jours entiers, presque nue et avec des températures extrêmement froides. Cet événement avait beau ne pas être récent, la brune en portait toujours les séquelles. Elle avait subi beaucoup de choses à cause de son statut mais personne ne l'avait jamais fait souffrir de cette manière. La torture avait été autant morale que physique et les cicatrices sur son corps ne lui permettaient pas d'oublier cet horrible supplice. Elle était maintenant mariée avec son bourreau.

- Je.. je suis désolée, s'excusa Ontari presque sincèrement.

Et, malgré toute la haine que Ontari avait pu ressentir envers son ancienne rivale, elle ne pouvait se résoudre à la détester maintenant. Elle lui avait fait du mal et elle l'avait ensuite épousée afin d'assouvir ses propres intérêts personnels. Pendant un instant elle éprouva de l'empathie, chose qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.
Elle décida donc d'oublier ses objectifs pour une nuit et se glissa sous la couette invitant sa femme à faire de même. Elles se couchèrent dos à dos et s'endormirent presque immédiatement, épuisées par la cérémonie de mariage.