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Il était 22 heures quand Fanny-Eve monta dans sa chambre. Elle envoya un message à ses parents et M. Mercier, pour leur dire qu'ils étaient bien arrivés. Elle inspecta sa luxueuse chambre et rangea ses affaires en prenant bien soin de mettre ses bijoux dans le coffre-fort mis à disposition.
Après avoir pris une douche, elle enfila une de ses djellabas préférées et rattrapa toutes les prières de la journée. Elle ne se sentait pas du tout fatiguée et décida d'aller faire le tour de l'hôtel. Fanny-Eve troqua sa tenue de prière contre une robe d'été. Elle se regarda dans le miroir. Ses locks relevés en chignon mettaient en valeur son long cou où pendait un fin collier en or offert par sa mère et qu'elle adorait. Sa robe ¾ fluide soulignait sa taille de guêpe et ses formes généreuses. Elle ne se trouvait pas particulièrement belle mais elle avait un charme indéniable. Le regard des hommes à son passage en était la preuve. Elle avait hérité du teint foncé de son père contrairement à ses frères qui étaient clairs comme leur maman. Fanny-Eve secoua la tête en rigolant, « ma vieille on va arrêter de se mirer, cela frise le narcissisme », pensa -t-elle. Elle enfila ses sandales et sortit de la chambre l'esprit léger.
L'hôtel était vraiment magnifique, il n'y avait pas grand monde dans le hall à cette heure-ci. Elle entra dans une grande salle qui faisait aussi office de restaurant. Un orchestre jouait des morceaux de jazz et des gens discutaient et sirotaient leur cocktail. Il y avait également des personnes assises au bar et parmi elles, un jeune homme assis seul, son verre dans la main, attira l'attention de Fanny-Eve. Il était en jean et basket et portait une chemise bleue. Il avait l'air pensif. Fanny-Eve se rendit compte qu'elle n'arrêtait pas de le dévisager, mais n'arriva pas à détacher son regard de son profil magnifique. « Dis donc ce ne sont pas des bonnes manières » se sermonna-t-elle.
« Il est vraiment canon », pensa-t-elle. Son cœur battait la chamade, quand tout à coup, sans rien y comprendre, elle trébucha et se retrouva par terre. Dans sa chute, elle voulut s'agripper à la table à coté et tira la nappe faisant tomber les verres qui se trouvaient dessus.
Quelle honte !
Fanny-Eve n'osa pas lever la tête, elle resta clouée au sol pendant ce qui lui parut une éternité. Soudain, une voix s'éleva, chaude et rauque.
- Vous allez bien Madame ?
Fanny-Eve ouvrit les yeux et se retrouva face à une paire de baskets. Elle leva la tête et plongea son regard dans les plus beaux yeux qu'elle ait jamais eus à voir. Le jeune homme du bar se tenait devant elle, légèrement penché et la main tendue pour l'aider à se relever. Elle lui donna la sienne et au contact de sa peau, tout son corps fut transpercé par ce qu'elle pourrait décrire comme une décharge électrique.
« Debout ! » se sermonna-t-elle intérieurement. Elle se leva et se sentit vraiment toute petite du haut de son 1m78, face à cet homme qui devait mesurer 1m90 minimum. Sous sa chemise, on pouvait devinait sa puissante musculature. Il sentait vraiment bon, un parfum frais et boisé. Son visage était bien dessiné, avec une mâchoire carrée. Il avait une barbe en forme de « O » et une bouche parfaite.
- Merci, dit-elle dans un souffle.
- De rien, répliqua le jeune homme, la prochaine fois, regardez où vous mettez les pieds, enchaîna-t-il d'un ton dédaigneux.
Fanny-Eve se rendant compte qu'elle avait encore sa main dans la sienne, l'arracha d'un coup sec. « Pour qui il se prenait ce goujat ! ».

Trois femmes, sûrement des membres du personnel de l'hôtel s'activaient autour d'eux, ramassant les débris de verres. Fanny-Eve, morte de honte, se décala du côté du bar, pour leur permettre de faire leur travail, suivie de près par le jeune homme du bar.
- Je vous offre un verre, proposa le jeune homme tout naturellement, comme s'ils étaient potes.
- Non merci, répondit sèchement Fanny-Eve, je n'apprécie vraiment pas vos manières. Pour qui vous prenez-vous pour me parler sur ce ton, M. euh...
- Je m'appelle Elimane, si c'est ce que vous voulez savoir dit-il, d'un ton tout aussi sec et toutes mes excuses si je vous ai offensée, Mme euh...
Ne sachant quoi dire Fanny tourna les talons, s'enfuyant presque comme poursuivie par un quelconque démon. « Mais quel crétin ! », pensa-t-elle.

Entre deux feux!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant