Trois jours étaient passés depuis la visite surprise de Elimane. Fanny-Eve s'était jetée corps et âme dans le travail pour ne pas penser à lui.
Le dimanche, elle avait passé la matinée avec son frère qui l'avait réveillée très tôt. Ils avaient brunché à l'hôtel. Ils avaient beaucoup discuté du projet de Iba qui était vraiment très ambitieux et intéressant. Ils avaient aussi parlé de l'affaire de Fanny-Eve et de sa complexité. La jeune femme avait décidé de taire son agression et le décès du gérant de l'auberge pour ne pas inquiéter son frère. Vers 13 heures Iba prit congé, il devait se rendre au lac Rose rencontrer de potentiels investisseurs.
Dans l'après-midi elle reçut un coup de fil de Jean qui était de retour à Dakar, il était obsédé par la mort de Yves Brun, il voulait savoir si sa mort était d'origine accidentelle ou criminelle. Il stressait beaucoup à cause de la confrontation. Fanny-Eve envoya un message à Malick pour lui dire que son client n'avait pas disparu et qu'il s'était tout simplement rendu à Mbour, rendre visite à une amie.
Le lundi, elle avait travaillé toute la journée avec Laporte pour préparer le face à face avec la victime, au cas où l'échange virerait au procès avant l'heure. Ils avaient aussi abordé la mort de Brun et Laporte n'avait aucune info, la police menait son enquête en parallèle, mais rien n'avait fuité. Il avait aussi fait le guet ces dernières nuits devant la maison de la jeune femme et rien de ce côté-là, non plus.
La confrontation devait avoir lieu au commissariat central. Cheikh les déposa à 10 heures, Jean Bernard, Laporte et Fanny-Eve. Ils furent accueillis par un policier qui leur demanda de patienter dans le couloir et qu'un de ses collègues, allait venir les chercher.
Jean Bernard semblait très agité, sûrement le fait de revoir la jeune femme de l'auberge, il n'arrêtait pas de croiser et décroiser les jambes. Fanny-Eve était elle aussi très stressée, mais pour une toute autre raison. Elle se demandait si l'inspecteur Sall allait être présent, malgré ses efforts elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui.- Bonjour dit une voix qu'elle aurait reconnu entre mille.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Laporte et Bernard répondirent à Elimane quant à elle, elle était incapable de dire un seul mot.
- Vous deux, suivez-moi dit-il en désignant Jean Bernard et l'avocate, vous, vous attendez là, s'adressant à Laporte.Fanny-Eve se leva, en lissant sa jupe comme pour effacer un pli imaginaire. Le flic tourna les talons et partit sans même les attendre. Il avait retrouvé tout son professionnel, il était vraiment loin de l'homme qui lui avait fait sa déclaration trois jours plus tôt. Ils arrivèrent devant une porte qu'il ouvrit et leur fit signe d'entrée.
La pièce était assez spacieuse et éclairée. Il y avait un grand bureau sur lequel trônaient deux ordinateurs portables et une imprimante.
- Installez-vous leur dit Elimane, le policier qui va mener l'interrogatoire sera là d'un instant à l'autre.
- Je vais chercher Mlle Niane, ajouta-t-il avant de partir.
Jean Bernard et Fanny-Eve prirent place sur deux des quatre sièges en face du bureau. A peine, étaient-ils installés qu'un homme d'une cinquante d'années entra dans la pièce.
- Bonjour dit-il, restez assis je vous en prie ajouta-t-il en les voyant se lever pour le saluer. Je suis le commissaire Mbengue je vais arbitrer, si je puis dire, la confrontation. Sachez que je ne suis pas là pour vous juger dit-il en s'adressant à Bernard. Nous sommes là uniquement à la recherche de la vérité.C'est à ce moment que Elimane entra avec la jeune femme. Elle était vraiment très belle, avec ses grands yeux et ses lèvres pulpeuses. Elle avait mis un pantalon blanc et une tunique en mousseline qui laissait deviner ses formes généreuses. Elle évita le regard de Jean et Fanny-Eve et vint s'assoir raide comme un piquet.
L'inspecteur alla s'asseoir à côté du commissaire et riva son regard sur Fanny-Eve.
- Nous sommes réunis ici pour tenter d'y voir plus clair dans cette histoire dit le commissaire Mbengue. Mlle Marie Niane ici présente a porté plainte contre vous M. Bernard pour viol. Pourriez-vous nous redire le déroulement de cette soirée mademoiselle.
Marie Niane fixait Elimane et celui-ci lui fit signe de la tête de parler. Cette dernière commença à raconter les faits d'une petite voix.
- J'étais à l'auberge ce soir-là pour rencontrer une amie, malheureusement elle n'est pas venue. Ne la voyant pas, j'ai décidé de boire un verre avant de partir. C'est là que cet homme s'est approché et a proposé de me payer un autre verre. Au début je l'ai trouvé gentil, il me faisait rire et était très charmant. Nous avions commencé à parler littérature une de mes passions, quand il m'a proposé de monter dans sa chambre où il avait beaucoup de livres qu'il aimerait bien me faire découvrir. Je l'ai suivi naïvement, et arrivés dans la pièce, il ferma la porte à clé. Avant même de comprendre ce qu'il se passait, il s'était jeté sur moi et ...
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Entre deux feux!
General FictionFanny-Eve jeune avocate parisienne, d'origine sénégalaise est envoyée à Dakar par son cabinet pour défendre un client arrêté pour une sombre histoire de moeurs. Cette affaire qui semblait facile à gérer va s'avérer plus complexe puisque mêlant chant...