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Fanny-Eve se retrouva devant la chambre de Laporte, elle toqua avec force. Quand celui-ci ouvrit quelques secondes plus tard, elle se rua à l'intérieur comme une furie. Elle était dans une colère noire. Elle s'en voulait, elle en voulait au cabinet qui l'avait envoyée ici, elle en voulait à la terre entière. Quand elle se retourna pour faire face à Laporte, toute sa colère retomba face au spectacle qu'il lui offrait. Il portait un short vraiment trop grand. Sur son petit T-shirt, qui laissait entrevoir son gros ventre, était dessiné un gros cornet de frites nappées de sauce rouge, avec l'inscription suivante : « le ketchup, c'est la vie ». Fanny-Eve ne savait plus, si elle devait rire ou pleurer. Laporte la dévisagea comme si elle sortait de l'asile.
- Je viens d'être agressée, dit-elle dans un souffle.
- Agressée répéta Laporte, Où ? Quand ? Par qui ?

Elle lui expliqua le déroulement des faits sans omettre le moindre détail. Il était abasourdi.
Je pense qu'il faut faire appel à la police, dit-il.
Non mais tu n'as pas entendu ce que je viens de te dire. Si je le fais, je signe mon arrêt de mort. Avec ce qui vient de se passer, je suis persuadée qu'il y a des gens puissants derrière l'affaire de Jean. Ils savent qui on est, où on loge et...
La sonnerie de son téléphone l'interrompit, en parlant du loup... C'était Jean. Elle décrocha et mit le haut-parleur.

- Allo, bonjour Jean.
- Bonjour Fanny-Eve, répondit-il nerveux. Je vais quitter le pays, je ne suis plus en sécurité.
- Calmez-vous dit Fanny-Eve, dites-moi ce qu'il s'est passé ?
- J'étais sorti pour faire une petite course, quand je suis revenu, on avait glissé un papier sous la porte avec le message suivant : « Monsieur vous feriez mieux de payer pour le viol. La somme initiale a doublé. Nous vous recontacterons pour vous dire quand et où. Appeler la police serait une erreur monumentale que vous pourriez regretter ».
Il se tut un long moment avant de reprendre.
- Je ne vais surement pas rester là et risquer de me faire tuer.
- Et si vous partez vous serez poursuivi pour délit de fuite en plus du viol dit Fanny-Eve, je vous le déconseille.
- D'accord dit-il d'une petite voix, mais je vous en supplie, sortez-moi de là, je ne tiendrai pas longtemps.
- Avec Laporte on va tout faire pour cela.
Jean raccrocha sans même dire « au revoir », il semblait très perturbé.

- Écoute dit Laporte, tu ne veux pas que j'appelle la police mais laisse-moi au moins voir avec la sécurité de l'hôtel, peut-être qu'ils ont des vidéos de surveillance.
- D'accord, mais sois discret et surtout fais attention. Je pense qu'il faudrait aussi renforcer la surveillance autour de la jeune fille, surveiller ses allées et venues, qui elle fréquente, à mon avis c'est le seul moyen pour nous d'avoir des informations. J'étais sensée aller manger, mais là je n'ai plus d'appétit, je vais me coucher. Bonne nuit.
- Attends je te raccompagne.
- Non ça va aller, et puis ...
- Ne discute pas la coupa Laporte, je te raccompagne.
« Méchant Laporte est de retour » pensa Fanny-Eve. Elle ferait mieux de faire ce qu'il lui dit.

Fanny-Eve fut réveillée par des coups à la porte, « c'est quoi ce boucan ». Elle regarda son téléphone, il était 10 heures. Elle sauta du lit, elle avait mis son réveil à 8 heures, elle ne l'a pas entendu sonner. Les coups retentirent à nouveau.

- Oui, oui ! Qui est-ce, aboya-t-elle en enfilant sa robe de chambre.
- C'est Laporte, tu vas bien.
- Bonjour, je vais bien répondit-elle en ouvrant.
- Tu m'as fait peur, d'habitude je ne m'inquiète pas de ne pas te voir au petit-déjeuner, mais avec les événements d'hier, je n'ai pas pu m'en empêcher. En plus je suis passé deux fois depuis ce matin. A chaque fois je toquais et pas de réponse.
- Désolée, je n'ai même pas entendu mon réveil. J'étais vraiment épuisée, sûrement le contrecoup de tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours.

Laporte la regarda un long moment avec compassion.

- Je dois aller à l'auberge aujourd'hui dit-il, le barman m'avait dit que le gérant serait présent aujourd'hui. Ça te dit de venir ?
- C'est une bonne idée, laisse-moi le temps de me préparer et on y va.
Son ventre gargouilla, lui rappelant qu'elle n'avait rien mangé depuis la veille au petit-déjeuner.
- Je crois que je vais également manger un morceau avant ajouta-t-elle avec un sourire.
- Pas de souci je t'attends à l'accueil. Ah oui j'allais oublier ajouta-t-il, j'ai parlé avec un des agents de la sécurité sans vraiment entrer dans les détails. Il m'a confirmé qu'il y avait bien des caméras dans les couloirs. Il me montrera les images peut-être ce soir, mais de manière officieuse.

Entre deux feux!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant