11

195 26 8
                                    

- Alors, demanda Laporte.
- Toujours rien, ça sonne dans le vide. Mais quel crétin ce Jean, siffla Fanny-Eve entre ses dents.
- Calme-toi, lui dit Fatou peut-être qu'il prend sa douche.
- Tu es sérieuse rétorqua l'avocate, en la regardant.
Cette dernière haussa les épaules, effectivement elle était sérieuse.
- Ecoute Fanny-Eve, nous n'allons pas tirer des conclusions hâtives, continue de l'appeler, quant à moi je vais aller à l'auberge. On ne sait jamais peut-être que je vais tomber sur une personne qui pourra me donner des informations.
- Ok, vas-y, tiens-moi au courant.

Laporte hocha la tête et partit.

Fanny-Eve était dans un état de stress et de nervosité sans commune mesure. Elle espérait sincèrement que Jean n'avait pas quitté le territoire comme il menaçait de le faire. Et Yves Brun dans tout ça, oh mon Dieu mourir de cette façon et surtout qui a fait ça. Pourvu que ça n'ait rien à voir avec leur affaire qui était déjà bien compliquée comme ça. Elle composa à nouveau le numéro de son client. Il décrocha à la troisième sonnerie.

- Allo dit-il d'une voix bourrue.
- Mais bon sang où êtes-vous cria la jeune femme dans une colère qu'elle avait du mal à contrôler.
- Je suis chez une amie à Mbour, pourquoi ?
- Pourquoi, vous osez me demander pourquoi répondit-elle. Vous êtes à Mbour et vous n'avez même pas pris la peine de me prévenir. Dois-je vous rappeler dans quelle situation délicate vous vous trouvez.
La jeune femme parlait doucement, mais à l'intérieur, elle bouillait. Elle avait juste envie de le taper, « non à la violence, Peace and Love » pensa-t-elle.
- Ecoutez, je ne me sentais plus en sécurité à Dakar, alors je suis venu ici. Je suis désolé, j'aurai dû vous prévenir. C'est quoi l'urgence ?
- L'urgence est que votre pseudo ami Yves Brun est mort dans l'auberge qui a pris feu et que la police croit que vous êtes en fuite.
La femme se tut, laissant les mots faire leur chemin dans la tête de cet homme irresponsable.
- Oh non, dit l'homme dans un sanglot.
« Pitié ! Pas les larmes » se dit Fanny-Eve.
- On l'a tué demanda Jean.
- Pour l'instant je n'ai pas plus d'informations sur sa mort répondit-elle. Depuis combien de temps êtes-vous à Mbour ? c'est qui cette amie ?
Elle commençait à se méfier des soi-disant amis de Jean Bernard.
- Je suis venu hier matin très tôt, c'est une sénégalaise que je connais depuis longtemps, quand elle était étudiante en France. Je lui ai expliqué ma situation et elle m'a gentiment proposé de venir passer quelques jours chez elle.
- Très bien, cela vous fait un bon alibi car je suis sûre que vous ferez partie des suspects de la police dans cet incendie. Vous savez Jean vous pouvez aller où bon vous semble dans le Sénégal, mais vous devez me prévenir et ce n'est pas négociable.
- Excusez-moi, je ne pensais pas que ça allait poser un problème.
- Essayez de revenir au plus vite et de mon côté je vous préviendrai dès que j'en saurais plus. Au revoir.
Fanny-Eve raccrocha sans même lui laisser le temps de répondre. Pendant tout le temps qu'elle parlait Fatou n'avait pas arrêté de la regarder.
- Quoi lui demanda-t-elle d'un ton sec.
- Rien lui répondit-elle, enfin si, tu es vraiment de mauvais poil, on dirait moi quand j'ai mes règles.

Fanny-Eve éclata de rire. Elle s'avança et la prit dans ses bras. Heureusement qu'elle était là.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te crier dessus. Je suis un peu à bout, rien ne se passe comme je l'espérais. Mon client est un sale pervers même si je pense qu'il est innocent dans notre affaire. Maman qui a fait son AVC. Les frères SALL qui vont finir par me rendre chèvre.
Sa cousine se détacha d'elle, la prit par les bras et lui dit :
- S'il y a une personne capable de faire face à tous ces problèmes, c'est bien toi. Ne te laisse pas abattre. Je te connais assez pour savoir que la solution va sortir de ta petite tête, comme d'habitude.
- Merci ma puce heureusement que tu es là dit Fanny-Eve.
- Ça te coutera 50000 Fcfa, et c'est parce tu es ma cousine chérie dit la jeune fille, espiègle. Au fait c'est aujourd'hui qu'il arrive Iba ? Non ?
- Si, et je voulais le récupérer à l'aéroport, mais Monsieur a une copine qui viendra le chercher.
- Quel Don Juan ton frère dit Fatou, donc on ne le verra pas ce soir ?
- Non je ne pense pas.
Elles se mirent à rire de bon cœur. Fatou était sa « douceur » dans ce monde de brute.

Entre deux feux!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant