10

157 21 3
                                    

Fanny-Eve et Laporte restèrent longtemps silencieux, elle toujours assise sur le bord de son lit, tête baissée, et lui debout, les bras croisés sur la poitrine, la fixant intensément.

- Fanny-Eve dit-il, je ne suis pas né de la dernière pluie et j'ai vu clairement qu'il y avait quelque chose entre vous deux. C'est pour cela que j'ai tenu à te voir ce soir. Hier il t'a dit à samedi et t'a fait la bise. Pour des gens qui se sont rencontrés, il y a moins d'une semaine, je trouve qu'il y a quand même une certaine promiscuité.
La jeune femme leva la tête et regarda l'enquêteur, elle allait dire quelque chose puis se ravisa. Laporte reprit :
- Je ne te juge pas, bien au contraire, je veux juste que tu fasses attention. Il faudrait également qu'on accorde nos violons sur la démarche à suivre. Premièrement, nous devons garder les informations que nous venons de récolter, pour nous, il ne faut surtout pas en parler, ni à l'inspecteur Sall, ni au procureur. J'aimerais en savoir un peu plus sur la relation qu'il entretient avec la jeune femme. Deuxièmement, je voudrais montrer les images de ton agresseur à Jean Bernard, s'il s'agit du serveur de l'auberge, il devrait le reconnaitre. Qu'est-ce que tu penses de tout cela ?
- On va faire comme tu as dit lui répondit Fanny-Eve.
- Ça ne me dit pas, ce que toi, tu en penses dit Laporte, avant d'enchainer, écoute je peux comprendre que tu sois un peu sonnée par la nouvelle, mais ne te laisse pas abattre. Nous avons un avantage considérable, c'est que, lui ne sait pas que nous l'avons vu chez la jeune femme.
- Tu sais Laporte, je m'en veux tellement de m'être fait avoir de la sorte. De manière générale, j'ai plus de jugeotte que cela. Mais tu as raison, je suis là pour une mission bien précise et je compte la mener à bien. J'ai ma cousine, qui est « une véritable tornade », elle a invité les frères Sall à manger demain, évidemment sans me demander mon avis. Quant à la bise, moi-même j'étais plus étonnée que toi...
- Tu n'as pas à te justifier, la coupa Laporte. Tu sais, j'ai du flair et un sixième sens qui m'ont beaucoup aidé dans mon métier et le courant est bien passé entre Sall et moi. J'ai envie de croire que je ne me suis pas trompé à son sujet. Tout ceci a forcément une explication, donc ne nous emballons pas. Je vais te laisser, il est vraiment très tard. Bonne nuit et surtout ne t'en fais pas, tout va bien se passer.

Quand Laporte quitta sa chambre, Fanny-Eve resta longtemps assise à fixer un coin. Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête. Elimane était-il un flic ripou ? Avait-il décidé de reprendre l'enquête, quand il a su que la jeune femme était impliquée ? Ou faisait-il tout simplement partie du complot ?
Sans même s'en rendre compte, elle s'allongea sur le lit en position fœtale. Quelques minutes plus tard elle s'endormait d'un sommeil profond.

Une douleur dans le dos la réveilla. Elle n'avait pas changé de position dans son sommeil et avait gardé sa robe de chambre. Elle s'étira longuement fit quelques mouvements pour réveiller ses muscles endoloris et alla prendre sa douche. Elle descendit pour prendre le petit-déjeuner à 9 heures. Elle n'avait pas très faim, elle prit un bol de salade de fruit et un café. Elle prit son téléphone pour envoyer un message, « Bonjour Malick, j'espère que vous allez bien. Finalement je vais partir plus tôt chez Fatou pour l'aider. Elle habite à Mermoz, non loin de l'école IAM, arrivé là-bas appelez-moi je vous guiderai. A tout à l'heure ».

Elle n'avait pas envie de « trainer » avec aucun des frères SALL. Elle ne pouvait pas annuler ce déjeuner mais après cela, tous les contacts qu'elle aura avec eux, seront strictement professionnels.

Pour l'occasion Fanny-Eve mit une robe en wax qui lui arrivait à mi-mollet, elle était prête à partir quand elle eut une idée. Elle appela Laporte.

Une heure plus tard, elle sonna à la porte de Fatou, l'enquêteur était avec elle. Quand sa cousine ouvrit, elle eut l'air surpris, pendant un moment très furtif puis plaqua un sourire aux lèvres. Fanny-Eve avait réussi à convaincre Laporte à venir avec elle. Puisque le procureur et son frère seraient là, il pourrait peut-être recueillir des informations dans la conversation. Elle lui dit que c'était aussi une occasion pour lui de gouter le vrai « Tiéboudiene ». Il avait alors répondu que ce dernier argument l'avait convaincu de venir plus que le fait que le flic soit présent et qu'il pensait que ce dernier était beaucoup trop intelligent pour laisser fuiter des informations.

Entre deux feux!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant