Chapitre 4

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Après encore trois bonnes heures de marche, ils firent enfin halte dans l'immense forêt pour établir leur campement. Sarabi sortit une légère couverture et un pull en coton épais noir de son sac pendant que Jhin faisait un feu avec les branches qui traînaient autour d'eux.

- Sommes-nous partis pour dormir à la belle étoile le restant du trajet? Demanda la jeune danseuse pour couper le blanc qu'il y avait entre elle et le tueur depuis quelques heures.

- Non, quelques auberges assez discrètes et reculées apparaîtrons plus tard sur notre route. Répondit ce dernier sans ne serait-ce que la regarder.

- Tant mieux. Non pas que le camping soit une torture pour moi mais je ne refuse jamais le confort que peut apporter un lit.

Cette fois, il ne daigna même pas répondre. Elle souffla. Le trajet allait être long si il y avait si peu d'échange entre eux. Même si elle souhaitait hardiment sa mort.

- J'ose supposer que si nous n'utilisons pas les grands axes c'est que je vais ou suis déjà recherchée. Je me trompe? Questionna-t-elle.

- Vous avez vu juste. Vu le tempérament de votre mère, je doute que vous ne soyez pas encore recherchée des plus efficacement dans les 10 heures suivant votre disparition. Je me trompe? Répondit-il en daignant enfin lui accorder une attention visuelle.

- Vous avez vu juste. Mais j'y pense, ne devriez-vous pas aller nous chasser quelque chose à manger? Continua-t-elle avec un ton innocent.

- Pas ce soir, nous avons quelques vivres dans le sac à votre gauche et je ne vous donnerais pas l'occasion de vous enfuir.

Il s'assit alors devant le feu, adosser à un arbre et attrapa le sac de vivre. Il en sortit deux grosses pommes rouge et deux miche de pain et donna la moitier à Sarabi. Elle les prit sans rechigner, elle avait trop faim pour ça et le remercia.

- Comment vont se passer les tours de garde? Demanda la brune entre deux bouchée.

- Je prendrais le premier tour.

- Ce qui veut dire que je monterais la garde aussi? Je pensais pourtant que vous ne me donneriez aucune opportunité pour m'échapper...

- En effet, vous ne pourrez pas vous échapper. Dit-il, de la mesquinerie dans la voix.

- Comment ça? Interrogea-t-elle, curieuse.

- N'ayez crainte, vous le saurez en temps voulu.

Sa voix se voulais rassurante mais Sarabi y décela une pointe d'amusement alors que dans ses yeux braillait une lueur de sadisme et de folie. Il aimait la faire tourner en bourrique, jouer avec elle comme avec une poupée. Une chose était sure, ça allait continuer et si elle voulait que cela s'arrête, c'est elle qui devait prendre le rôle du marionnettiste. Mais comment? Telle était la question. Il semblait n'avoir aucun point faible sur lequel elle pouvait jouer. La tâche s'annonçait compliquée. 

Sarabi finit par s'endormir. Elle voulait rester éveillée mais la fatigue était trop forte. Elle sombra dans un sommeil lourd et brumeux où elle voyait des choses sans les distinguer vraiment. Elle entendit soudain une voix au loin qui se faisait de plus en plus forte tout en restant assez douce. Elle ouvrit les yeux et vit le masque de Jhin près de son visage. Elle fut tellement surprise que par réflexe, elle recula la tête en lançant sa main droite vers la menace. L'homme rattrapa de justesse le projectile humain qui fonçait vers lui et sembla surpris.

- Je suis violente quand j'ai peur. Lança la jeune brune pour casser le blanc qui venait de s'installer entre eux.

- J'avais cru comprendre oui. Répondit son interlocuteur en relâchant doucement sa main. C'est à votre tour de monter la garde maintenant, jusqu'à l'aurore. 

- Et si j'essaie de m'enfuir? Demanda Sarabi avec défi.

Jhin attrapa un morceau de bois près du feu et le lança plus loin. Soudain, une détonation se fit entendre et une explosion qui prit une forme de fleur de lotus rougeâtre apparu là où le bois était tombé.

Sarabi était bouche bée. Comment? Comment cela était-il possible? Elle se rappela alors des cadavres des quatre pestes de l'opéra. Eux aussi était relier à des fleurs, ces même fleurs. De la magie. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt? C'était évident. Il était encore plus dangereux qu'il en avait l'air.

- Et si je dois aller aux toilettes? Demanda-t-elle une fois la stupeur passée pour se donner un sentiment de contrôle si infime soit-il.

- Vous voyez les trois arbres qui forment un triangle là bas? Répondit-il calmement. C'est le seul périmètre qui n'est pas piégé. Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit.

Il partit s'allonger sur une couverture près du feu sans prendre la peine d'enlever son masque. 

- Quel homme étrange... Dit Sarabi pour elle même.

Elle se mit à réfléchir à un moyen de s'échapper, elle pouvait lui prendre une de ses armes mais même si elle parvenait à le tuer, il restait toujours les mines tout autour du campement. Elle ne pouvait pas s'échapper et il le savait tout comme il savait qu'elle tenait trop à la vie pour tenter de passer les mines et en fonçant tête baissée. Il était fin stratège. La nuit allait être longue... Heureusement, elle avait déjà été camper avec ses parents et connaissait donc un minimum la faune et la flore de la région. Enfin, juste assez pour ne pas avoir peur des bruits et des animaux.

Elle eu soudain une idée. Et si ce voyage s'annonçait être une chance? Une chance d'éliminer la menace qui pesait sur elle et sa famille. Jhin l'avait dit lui même, son travail consistait à l'amener jusqu'à la demeure de cet homme à Piltover et rien d'autre. Il se fichait de ce qu'il se passait après. C'était parfait, Jhin allait la conduire à ce dégénéré tout en la protégeant et elle pourrait l'exécuter tranquillement après. Quelle drôle d'histoire tout de même que de se faire escorter chez un malade par un autre malade. Mais oui, ce plan était tout à fait faisable même si il restait encore assez brouillon. Elle cogita encore comme ça le restant de la nuit et sans qu'elle ne s'en rende compte, le soleil commençait déjà a se lever. Elle se leva avec une nouvelle détermination et se rapprocha de Jhin pour le réveiller. Elle s'accroupi dans le but de le secouer un peu mais ne pu s'empêcher de regarder son masque d'un peu plus près. Il était vraiment beau quand même avec tous ces détails, sa couleur ivoire et sa forme. Elle n'eu pas le temps de faire un seul mouvement que le tueur tourna la tête vers elle et la fixa de son œil visible. Elle sursauta légèrement mais se repris très vite en se relevant pour rejoindre ses affaires et les remballer.

- Bonjour. Lança-t-elle sans même le regarder. 

Elle l'entendit se lever derrière elle.

- Bonjour. Vous semblez déterminée. Puis-je en savoir la raison? Demanda l'homme masqué.

- Disons que ce voyage ne sera peut-être pas si inutile et désagréable. Se contenta-t-elle de répondre en finissant son sac. Vous êtes prêt? 

- Voyons, prenons d'abord un petit déjeuner voulez-vous?


DécadanseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant