Chapitre 1 : La rentrée

5 1 0
                                    

Pour cette histoire, je ne vais pas vous dire mon vrai nom. Je vais m'appeler Nol. Mon nom de famille : Aïfe. J'aime bien.

En revanche, même si ce livre, c'est pas ma vie parce qu'il faut pas pousser non plus, je vais quand même m'en inspirer. Parait que le premier roman qu'on écrit, c'est de l'autobiographie. Pourquoi pas ? Surtout que je vais rajouter plein de trucs et que vous saurez pas ce qui est vrai et ce qui est faux.

Mon histoire commence en seconde. Ma mère est venue se rapprocher de sa mère parce qu'elle est très vieille et surtout parce qu'elle a du fric. Ma mère, elle sait pas gagner du fric, elle dépense plus que ce qu'elle empoche et on galère toujours.

Mon père est un vicelard qui a l'alcool mauvais et qui boit toute la journée. Donc, mon père est du genre mauvais toute la journée. C'est pas pour rien, non plus,qu'on a déménagé, ma mère et moi. On l'a laissé sur place, dans l'appart qu'il loue à son nom et maintenant, ma mère a le sien, à son nom à elle.

Je suis pas belle. Je dis pas ça pour qu'on me dise : « mais non ! t'es super mignonne ! ». Je suis pas belle je suis pas belle, on va pas en faire un drame, non plus.

Je suis mal fringuée. Là, on peut en faire un drame ! Comme on n'a jamais de fric, et que la grand-mère, elle lâche pas le sien comme l'aimerait ma mère, eh ben, j'ai des fringues d'occase, des pantalons qui baillent un peu à des endroits pas sexy, genre au niveau de la braguette, des pulls où tu peux passer un doigt entre les mailles, ou bien des tee-shirts aux couleur délavées. Je te parle pas des sous-vêtements parce que là,j'ai que du neuf acheté chez les soldeurs. Du coup, ils « soldent »aussi sur moi, les dessous. Les élastiques abandonnent au bout de trois lavages, les coutures se défilent, le tissus devient vite translucide à cause de l'usure, toujours au bout de quelques passages à la machine seulement.

En bref, j'ai déjà entendu un mec dire de moi, pensant que j'entendais pas (en plus d'être moche, il aurait voulu que je sois sourde, ce con !) que je le faisais pas bander. Bon, il était aussi hideux qu'un crapaud en décomposition,mais ça fait rien, ça blesse.

Dès la toute première minute passé en cours, j'ai su que ça n'allait pas être une partie de plaisir,cette année. Mon tel est le plus vieux modèle de la classe. Je le sors pas, tellement. Bon, de toute façon, comme personne m'envoie quoi que ce soit, j'ai pas vraiment besoin de le prendre avec moi. Je pourrais le laisser à la maison : ce serait un portable fixe.

Si quelqu'un me demande, je laisserais croire que je suis sensible aux champs magnétiques. Bon, y a personne qui m'a demandé ça, jusque là. De toute façon, je sais pas si je pourrais dire ça pare que mon cul, ouais ! Je me ferais bien bouillir le cerveau avec le dernier cri des Iphone ! Et que ça se voit trop sur ma tronche. J'ai juste pas le blé pour me le payer.

Du coup, à la première récrée,quand les autres filles se sont agglutinées vers le coin des terminales, j'ai bien essayé de m'incruster histoire de leur faire comprendre que j'existais quand même, mais personne ne m'a adressé la parole. J'ai pourtant posé une question.

Je mange pas au self. Tant mieux.Bon, en fait, c'est trop cher pour ma mère et on habite pas trop loin. Y a une fille qui prend le même chemin que moi pour se rendre au lycée. On aurait pu faire connaissance mais elle discute tout le long avec son tel. Je crois qu'elle dit du mal des filles de la classe avec une des filles de la classe qui rentre chez elle seule,aussi.

Bon, de toute façon, il faut que je m'y fasse.

Mais bordel, si un jour je pouvais sortir avec le plus beau gars du lycée, je leur en ferais baver, à ces connasses. C'est pas cool de snober les autres comme elles le font, genre, « nous on cause pas à n'importe qui ». Eh !Tu pètes plus haut que ton cul et tu vas t'enfumer, poufiasse !

Du coup, pendant le premier trajet pour rentrer chez moi, me voyant seule, y a le loser de la classe,Martin (voilà le prénom !) qui est venu me dire bonjour. Alors lui, c'est plus des fringues d'occase qu'il a sur lui, c'est du préhistorique ! Has been ! Avec les lunettes qui vont bien pour ceux qui naissent vieux. Il a le look d'un centenaire et il vient me causer !

Comment je te l'ai snobé !L'autre. Je le crois pas. Déjà que je vais ramer pour qu'on me considère un peu, si on me voit avec lui, je suis morte.

Voilà, le décor est à peine planté, là. Je crois que ça vous donne le ton pour le reste et que vous comprenez que si on y rajoute quelques ingrédients bien pourris, ça pue tellement que j'avais le droit de me tailler les veines, non ?

Maintenant que je suis morte, je peux vivre comme je veux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant