Chapitre 2 : Après une semaine, scène dans les chiottes

6 1 0
                                    

Le plus dur pour moi c'est que j'ai quitté les copines du collèges en déménageant. Ici, toutes les poufiasses se connaissent depuis la maternelle. C'est limite consanguin, dans le coin. Elles ne pensent qu'à une chose : les mecs. Pas n'importe lesquels, bien sûr, elles matent les beaux, les musclés, les plus vieux qu'elles qui ont déjà une caisse ou une moto.

Les gars de la classe n'ont aucune chance. De toute façon, ce sont encore des bébés qui ne pensent qu'aux jeux vidéos. Tous des puceaux.

Quoique, parmi les filles, je ne pense pas que beaucoup aient déjà couché. Elles prennent toutes la pilule alors que c'est pas plus utile que du charbon pour faire rouler une voiture. Elles en sortant la plaquette du sac en cherchant leurs affaires. C'est d'une nullité ! L'autre fois, y a le plus abruti des mecs qui en a pris une, de pilule, pour voir si ça allait lui faire pousser les nichons.

C'est pour dire le level !

Je me suis faite copine avec l'autre paria de la classe, Mathilde, une nana sympa mais pas toute seule dans sa tête. Y a une histoire pas nette chez elle, genre elle dort dans la même chambre que le fils de son beau père, et que parfois...

Enfin, je sais pas trop mais ça n'a pas l'air gai, son histoire. Du coup, elle bugge de temps en temps.En fait, je crois qu'elle aimerait que je sois sa sœur ou un truc dans le genre, que je la protège. Un boulet, quoi. Je dis rien, je veux pas l'encourager à me coller au cul mais ça fait toujours moins con d'être à deux dans la cour plutôt que toute seule appuyée contre un poteau, comme si j'attendais le client.

Là, je sors tout juste des chiottes et alors que j'étais en position crapaud au dessus de la cuvette, y a des nanas qui sont entrées. Les filles de ma classe.

— Il est trop bien ton insta avec Pit ! Beau gosse et sympa. La dernière fois, il m'a dit bonjour et m'a fait la bise.

— Eh ! C'est mon mec !T'avise pas de l'approcher trop près ! Je t'enterre vivante !

— T'occupes ! T'es ma pote, je vais pas te faire ça !

— De toute façon, si tu le fais, toi, tu seras plus ma pote et je te tue, c'est clair. Après,tu fais comme tu veux.

Une autre voix.

— Tu couches avec ?

— Ben tiens ! Tu crois qu'on se regarde dans le blanc des yeux tout l'aprem ? Surtout qu'il a du flouse et qu'on va passer l'aprem à l'hôtel. Je sais pas si tu vois.

Les autres gloussent. Elles vont pondre un œuf dans pas longtemps.

— C'est comment ?

La nana de l'hôtel s'indigne :

— Quoi ! T'as jamais couché !

— Non mais ! Tu me prends pour une Nol !

Là, ça me fait mal. Je suis devenue une façon d'être tendance naze.

Gloussement des pondeuses.

— Je te demande ça pour comparer.

Elle s'en sort bien.

— Ben moi, ça me chatouille dans tout l'intérieur et à un moment, ça fait comme un flash et j'ai des frissons des pieds à la tête. Et puis ça dure après,comme si j'avais pris une décharge électrique.

— Tout pareil, dit celle qui veut pas être prise pour une moi.

— Mais pas toujours, rajoute l'hôtelière.

— Pareil. Y a même des fois,ça me brûle.

— C'est parce qui te fait pas les « prémillénaires ».

Ah ! Le niveau intellectuel reprend le dessus. Les autres elles disent rien. Et moi, bien sûr,je ferme ma gueule. Surtout qu'il y en a une qui pisse dans le chiotte à côté du mien. J'ai mis mes pieds sur la cuvette, des fois qu'on pourrait les voir de dehors si je les laisse au sol.

Puis, elles passent tout à coup au cours qui vient, les math. Et elle sortent. J'ai pas entendu l'eau couler. Elles se lavent même pas les mains, ces pouffiasses et après, elles viennent te faire la morale.

Je redescends du chiotte, je remonte ma culotte usée, baisse la jupe en nylon bleu marine et je sors : j'ai pas envie de passer mes mains sous l'eau froide, non plus.

Mais, moi, c'est pas pareil.

Maintenant que je suis morte, je peux vivre comme je veux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant