Chapitre 10 : Comme dans un rêve

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Quand Angel vient me chercher le lendemain, je ne sais comment j'arrive à rester debout. La simple vu de sa silhouette au loin me fait vibrer. Il n'est pas resté pour la nuit, mais durant l'après-midi, nous nous sommes rapprochés tout doucement pour finir dans les bras l'un de l'autre.

J'ai aimé ses baisers. J'ai aimé sa tendresse. J'ai aimé qu'il me déshabille et passe ses mains partout sur mon corps. Je voulais en faire autant sur lui mais il m'a défendu de la faire. Il m'a dit qu'il avait besoin de me connaître avant qu'on puisse faire l'amour. Et que ce ne serait pas cette fois.

Ça aussi, j'ai aimé.

Il a réussi à me donner tellement de plaisir que j'en ai été toute retournée durant des heures. J'étais nue, entre ses mains impudiques et je me suis abandonnée.

Puis il est parti et je suis restée allongée sur mon lit, savourant la chance que j'ai de sortir avec Angel.

Et le voilà qui s'assoit sur le trottoir, ce matin, comme d'habitude mais je ne vois plus le même Angel. Celui qui m'attend dehors, je l'ai dans la peau. Si jamais il me touche, je pense que je vais avoir un orgasme, comme ceux de la veille. Juste le contact de sa main sur moi, je le sais.

Je prends mon sac et je sors.

Il me sourit, je lui souris et on se serre dans les bras. Je vibre. Je perds toutes mes forces et je m'accroche à son cou pour ne pas m'étaler sur le trottoir.

Au lycée, il ne veut pas que les autres sachent que nous sommes ensemble. Ça me déçoit mais il arrive à me convaincre. Il me laisse donc partir devant , à une centaine de mètres de l'entrée. Puis, en cours, il ne s'assoit pas à côté de moi et aux récrés, il reste avec les garçons. Aurait-il honte de sortir avec moi ?

J'en aurai le cœur net en rentrant le soir. Durant la journée, Édith me gave un peu avec une histoirequ'elle a avec son frère. Je l'écoute et dit quelques mots de temps en temps mais j'ai la tête ailleurs, bien sûr.

La journée est longue. L'heure de rentrer arrive. J'attends Angel dehors et quand il passe, j'ai envie de lui prendre la main. Je me retiens.

— Pourquoi tu ne veux pas que les autre sachent qu'on est ensemble.

— Ça ne regarde que nous, non ?

— Et alors ? Si les autres savent, ça change quoi ?

— Ils vont nous mettre à part.

— Et puis ? Ça ne me dérange pas : ils m'ont toujours mis à part.

Angel hausse les épaules. Je crois qu'il ne sait pas lui-même pourquoi il ne veut pas que les autres soient au courant.

Je me dis que c'est pas grave. Du moment qu'il reste avec moi, je suis prête à accepter beaucoup de choses.

— Tu restes un peu à la maison, ce soir ?

Il semble surpris.

— Ta mère n'est pas revenue ?

Mince ! C'est vrai ! Il n'y a que moi qui sait qu'elle ne reviendra pas. Bon, en même temps,elle n'est jamais partie, elle ne peut donc pas « revenir ». D'ailleurs, il ne manquerait plus que ça, qu'elle revienne d'entre les morts, ça me ferait flipper grave.

— Si, mais elle est chez ma grand-mère et elle va rentrer vers 20 heures. Ça nous laisse un peu de temps.

Il hésite.

— Je me laisserai faire, dis-je avec un air coquin.

Il sourit et hésite encore. Nous faisons quelques pas de plus et il se décide.

— D'accord. Je reste une heure, pas plus.

C'est suffisant pour moi. D'ailleurs,de savoir que ses mains vont parcourir mon corps nu, j'en frissonne déjà et j'accélère l'allure.

— Eh ! me dit-il, on n'a pas de train à prendre, non ?

Un train ? Non ! On a mieux !

Quand on rentre dans la maison, elle est silencieuse comme une tombe. Et ça me glace un peu le sang. En passant devant la chambre de ma mère, j'essaye de percevoir si une odeur particulière s'en échappe par la porte. On dirait pas. Pourtant Angel tourne la tête et semble se demander ce qu'il y a derrière, comme si c'était un peu trop louche. J'avoue que, sur le moment, ça me coupe l'envie de me retrouvée à poil dans la chambre d'à côté en train de vivre chacun des orgasmes que me donne Angel avec ses caresses. Je trouve ça un peu déplacé.

Mais toutes ces pensées disparaissent très vite, une fois seuls sur mon lit.

Puis Angel s'en va, on s'embrasse longuement avant que nos deux corps se séparent. Il n'a toujours pas voulu se déshabiller entièrement, lui. Il a gardé son boxer, comme la dernière fois, alors qu'il m'a vu nue sous toutes les coutures, si j'ose dire. Et quand j'ai voulu lui caresser le sexe, il a retenu ma main. Je n'ai pas insisté.

Je suis à nouveau seule, devant la chambre de ma mère. Je l'imagine, de l'autre côté de la porte, en décomposition. Peut-être voit-on déjà les os du crâne. J'en ai la nausée. Je suis trop baladée d'un côté et de l'autre de mes sensations.

J'ai bientôt plus d'argent. Il va falloir que j'aille voir ma grand-mère. Il va falloir que je lui mente. Combien de temps avant qu'on découvre que j'ai tué et« stocké » ma mère ? Je me doute que je mérite la prison. Ma vie serait foutue.

Non, en fait, ma vie est déjà foutue. Sauf si on part loin d'ici, Angel et moi. Si loin que personne ne nous retrouvera. On changera de nom et on aura une petite vie tranquille. Si on ne se fait pas remarquer, personne ne viendra creuser dans notre passé, je suppose.

Pour ça, il faut de l'argent.

Et il faut aussi que je raconte tout à Angel.

Ces deux points là ne vont pas être faciles à résoudre sans dégâts, je crois.

Maintenant que je suis morte, je peux vivre comme je veux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant