La Gladiatrice II - Fanfiction Hunger Games -

2.

- Combien je te parie que je te mets à terre en moins de deux la Gladiatrice ? railla Will.

Je souris, il s'était écoulé deux mois durant lequel plus personne ne m'avait appelée comme ça. Deux mois après l'enfer, deux mois après ma Victoire.

Nous nous étions rassemblés dans un cabanon au fond de l'Exploitation pour passer une ensemble. Une des dernières car Darius allait quitter le Sept en même temps que moi pour ma tournée de la Victoire pour achever son entraînement de Pacificateur. Nous tenions tous à paraître enjoués mais personne ne l'était, surtout pas moi.

Je me rappelais sans cesse de mes Jeux et de l'horrible souvenir de Kaden qui ne cessait de me hanter.

- Tout est de ta faute depuis le début ! Elle est morte par ta faute !

Mon sourire faux se fana et Will le remarqua immédiatement. Il s'était montré très gentil envers moi depuis mon retour et n'avait à aucun moment évoqué les Jeux en ma présence même si des dizaines de journalistes étaient venus lui demander si nous étions ensemble, question sur laquelle il répondait toujours assez vaguement. Il tenta alors une légère touche d'humour en ironisant :

- Quoi, tu as peur de moi ? Je n'aurais jamais pensé que ta tête aurait fini par dégonfler !

Dune, sa petite sœur éclata de rire en jetant en arrière ses cheveux bouclés et je l'imitai tant bien que mal.

- Non, s'écria-t-elle de sa voix cristalline, ce n'est pas drôle, il faut que tout le monde joue !

Anya, assise sur les genoux de Darius qui jouait avec l'une de ses mèches brunes renchérit enthousiaste :

- D'accord, des paris ! Je te parie Darius que tu n'es pas capable de grimper plus vite que moi au Chêne.

- Oh non, râla la garçon en roulant ses yeux bleus, pas ça !

Le Chêne était le plus haut arbre de l'Exploitation, personne ne l'avait jamais coupé. C'était une sorte de symbole de force pour le district.

- J'insiste ! s'écria Anya soudain enjouée. Quel sera l'enjeu ?

Elle le regardait avec des yeux pétillants de malice. Il ne put pas y résister plus longtemps.

- Bon j'accepte. Si je gagne, j'ai le droit à une de tes bouteilles d'okamy.

Anya gloussa, il n'y avait pas meilleurs bouteille d'okamy que les siennes et Darius en raffolait. Elle annonça à son tour sa demande, sûre d'elle :

- Et si c'est moi, j'exige un bracelet du Deux !

Darius se referma dans sa mélancolie une seconde avant de la faire disparaître et de déposer Anya sur le sol pour ouvrir la porte sur le ciel étoilé.

- Ça marche, fit-il, prépare les framboises Annie !

Il éclata de rire suivi par Anya qui se rua à sa poursuite. J'échangeai un regard complice avec Dune et Will et nous sortons tous les trois dehors en laissant le vent froid siffler dans nos oreilles.

Dune grimpa immédiatement sur les épaules de son frère qui s'élançait déjà dans la forêt sans plus attendre. Je m'attardai une seconde, il manquait Arran et Cycy.

Je soupirai en sentant un nœud monter dans ma gorge mais il ne fallait pas que j'y pense, c'était du passé et je ne pouvait plus rien faire pour Cycy même si le souvenir d'Arran me hantait encore.

Je secouai la tête pour chasser mes pensées négatives et suivis Will qui avait déjà quelques mètres d'avance sur moi. Il ralentit pour que j'arrive à sa hauteur et sa sœur sauta à terre, elle avait vite compris que son frère voulait me parler seul à seule.

Elle fila devant en disparaissant dans le premier grand arbre tandis que Will m'observait mais j'évitais son regard. Il avait néanmoins vite compris ce qui me tracassait, comme toujours.

- Laura, ne soit pas trop dure envers toi-même, commença-t-il d'une voix douce.

Je ne lui répond pas gardant le regard figé. Il soupira :

- Je sais que tu te sens coupable de la mort de Cycy mais tu n'y es pour rien !

Ma lèvre se mit à trembler, c'était faux je le savais !

Je m'arrêtai brutalement de marcher et me mis à pleurer silencieusement.

- Laura...

Will me prit dans ses bras en me serrant contre lui comme quand j'étais plus petite. Je me rappelai alors de ce jour où j'étais seule avec Cycy, c'était le jour avant la Moisson et j'étais terrorisée.

- Calme-toi Laura, il y a des centaines de papiers et ton nom n'est inscrit que cinq fois !

- Cinq chances d'aller aux Hunger Games. Cycy, j'ai un mauvais pressentiment !

- Ce ne sera pas toi, je te l'assure.

- Vraiment ?

- Oui, tu n'iras pas aux Jeux Laura, pas tant que je serai encore vivante.

- Promets-le moi...

- C'est promis.

Je l'avais littéralement envoyée aux Jeux sans le savoir à ce moment-là et elle avait tenu sa promesse. Mes pleurs redoublèrent et je me laissai tomber le long d'un arbre tandis que Will s'assit à côté de moi et me prit ma main en silence. Je la serrai comme si ma vie en dépendait. J'avais tellement besoin de quelqu'un sur qui compter que j'aurais été prête à tout pour m'accrocher à lui. Je ne voulais plus perdre personne. Je lui murmurai ma pensée à voix basse et il se contenta de passer tendrement sa main dans mes cheveux avant de me murmurer une berceuse à voix basse. Au départ, je ne la reconnus pas puis je reconnus la comptine que Parthe avait chantée à sa sœur. Je ne pus retenir d'autres larmes en songeant à la petite fille morte dans cette maudite arène. Je me blottis contre Will, mon visage appuyé sur son épaule.

Je ne savais pas combien de temps je restai ainsi, probablement longtemps car le soleil avait maintenant complètement disparu du ciel.

Le petit visage de Dune apparut dans des feuillages et elle regarda timidement Will. Ce dernier leva la tête en fronçant les sourcils et sa petite sœur commença :

- C'est Anya qui a gagné de peu mais je crois que Darius réclame sa part quand même. Il l'a raccompagnée chez elle.

Intelligente façon de sous-entendre qu'il était tard et qu'il fallait rentrer avant la ronde habituelle des Pacificateurs dans l'Exploitation.

- J'arrive, murmura Will qui connaissait parfaitement sa sœur, tu rentres avec nous Laureleen ?

Je levai ma tête vers lui et tentai de décrypter son émotion ; il l'espérait.

- Je vais fermer la cabane, allez-y sans moi.

Will baissa les yeux, visiblement déçu même si j'ignorais pourquoi. Il se leva alors et suivit sa sœur entre les arbres non sans m'adresser un dernier regard.

Je restai encore un peu de temps sous le sapin, une sensation de sérénité m'envahissant petit à petit. Je me levai quelques minutes plus tard puis dirigeai vers la cabane. Je n'en étais qu'à une dizaine de mètres quand un détail retint mon attention, j'étais persuadée d'avoir fermé la porte derrière moi quand je l'avais quittée mais celle-ci était maintenant entrouverte.

C'est le vent, songea-je pour me rassurer.

J'avançai pourtant avec une pointe de doute et me décidai de sortir ma lame de fer de ma ceinture qui me servait d'arme dans le Sept.

J'avais à peine franchi le seuil de la porte qu'une main ferme se plaqua sur ma bouche. Je tentai de me débattre mais mon agresseur était plus fort. Je sentis la panique prendre le contrôle de moi et je me mis à me débattre comme un beau diable en tentant de récupérer ma lame qui m'avait échappée des doigts.

- Chut ! murmura une voix à mon oreille. Je ne cherche pas à attirer l'attention.

Je me figeai. J'aurais reconnu cette voix entre mille, c'était celle de Warren Thompson, l'ancien Vainqueur.