13.

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J'attendais devant la porte qui menait sur la place où je devais faire mon discours, incapable de me remettre de la nouvelle ; tout était allé trop vite, beaucoup trop vite...

Je fixais un pont dans le vide sans pouvoir m'en dégager, c'était lui, Blight, qui était responsable de tout ça... J'aurais du réagir, faire quelque chose mais j'en étais incapable. C'était sans aucun doute le but pour ne pas que je fasse trop de vagues dans le Dix.

Quand on me l'avait annoncé, j'étais sortie de la pièce en trombe pour aller m'enfermer dans la pièce la plus proche mais les Pacificateurs m'avaient vite rattrapé et remise sur le bon chemin.

Je n'avais pas pleuré mais je me sentais vide, exactement comme quand j'avais gagné les Jeux. Je me sentais une nouvelle fois voguer sans but.

Le Capitole avait tentait de me faire flancher je le savais et je ne devais pas tomber dans leur leur piège mais là, c'en était trop. Je n'aurai même pas eu le courage de m'afficher devant les familles des tributs pour les honorer comme il le fallait.

J'inspirai un grand coup, j'allais bientôt entrer, il fallait que je me ressaisisse. Je le souhaitais de tout mon cœur, tout le Dix comptait sur moi mais je ne pouvais pas le faire, pas maintenant.

J'entendis alors la voix de Warren dans ma tête :

- Laureleen, tu peux embraser Panem à toi toute seule, t'en rends-tu compte ? Nous avons besoin de toi !

Il avait raison, je ne pouvais pas me laisser abattre comme ça, je devais le faire pour ma mère.

Les portes s'ouvrirent et je regardai droit devant moi le regard déterminé, fier, rebelle même si ça me coûtait.

Le Dix leva les yeux vers moi et je les regardai d'un regard enflammé. Un homme d'une trentaine d'années me le rendit au milieu de la foule et je lui sourit avant de fixer la caméra et de commencer :

- District Dix, j'aurai aimé vous parler dans d'autres circonstances car j'ai toujours trouvé votre district méritant et courageux. Leurs tributs l'ont toujours prouvé.

J'entendis quelques sanglots dans la foule et j'identifiai aussitôt une femme âgée, sûrement la mère d'un tribut mort il y a quelques années. Je la regardai dans les yeux et elle leva timidement ses yeux vers les miens.

- ... toujours, repris-je. Comme de nombreux districts, tant de morts pour un Vainqueur. Je fais partie de ces chanceux et souvent, je me dégoûte moi-même mais quand j'étais dans l'arène, je pensais ne pas avoir le choix. Je me suis rendue compte bien après que l'on a toujours le choix. Alecto en avait fait un.

Je levai les yeux vers sa famille, ils étaient trois. Un grand homme au regard fier empli de larmes, une fille d'environ douze ans, serrant la main de son père, la respiration hachée par l'émotion. Tout à droite, j'aperçois un jeune homme qui devait être un peu plus âgé que moi. C'était lui, Boggs.

Il était très carré, avait des cheveux rasés de près, la peau foncée et les bras croisés sur son torse musclé. Sa fossette au menton me rappela immédiatement Alecto. Il me fixait d'un air inquisiteur, comme s'il cherchait à m'évaluer.

- J'ai fait tout ce que j'ai pu pour lui, jusqu'au dernier moment. Il m'avait sauvé la vie sans même que je sache pourquoi.

Ma voix se brisa un moment et ma robe commença à se parsemer de rouge par minuscules tâches.

- ... alors si je suis ici aujourd'hui c'est aussi pour lui rendre hommage, pour le remercier de tout ce qu'il a fait pour moi durant l'arène. Je l'admirais, il était fier et droit. Pour rien au monde il n'aurait quitté son objectif des yeux et s'est sans doute sacrifié pour lui.

Je m'arrêtai pour regarder sa famille, j'avais fini. Je me retournai pour m'en aller quand une voix interrompit mon geste.

- Laureleen, attends !

Je tressaillis et me retournai, son frère était descendu de sa tour pour se frayer un chemin jusqu'à moi. Tout le monde s'écartait à son passage.

Un Pacificateur l'arrêta à quelques mètres de l'estrade mais le jeune homme lui adressa un sourire hypocrite en susurrant :

- Avec tout le respect que je vous dois, puis-je lui parler ?

Il avait fait fort, il fallait dire qu'il avait parlé assez fort pour que les micros captent ses paroles, le Capitole ne pouvait plus couper.

Le Pacificateur échangea un regard avec son supérieur et finit par le laisser passer à contrecœur.

Je me retournai vers lui, ma robe maintenant entièrement rouge.

- Salut, commença-t-il, je suis Boggs, le frère d'Alecto. Il t'a parlé de moi avant sa mort.

- Je m'en souviens très bien, répondis-je en tentant de cacher le flot d'émotions qui montait en moi.

- Je voudrais juste m'adresser une fois au public de Panem en l'honneur de mon frère.

- C'est tout à fait normal Boggs, je t'en prie.

Il s'avança vers le micro et me fit un signe discret. Il voulait que je l'accompagne. J'obéis et il prit la parle d'une voix grave :

- Je n'ai pas pu m'empêcher de venir quand j'ai entendu Laureleen parler de mon frère, elle avait tout à fait raison. Quand il avait un but, il le suivait jusqu'au bout et il finissait toujours par triompher. Il a fait un choix ce jour-là, s'il voulait gagner, il fallait qu'il se sacrifie. Alors non, il n'a pas succombé a combat, il ne mourra jamais car il restera toujours dans tous nos cœurs sous la forme d'une flamme de courage terrée au fond de nous. Vous pourrez toujours vous souvenir de lui alors je lui rend hommage aujourd'hui.

- A Alecto, complétai-je.

- A Alecto, répéta l'assemblée en cœur d'une voix sourde.

Boggs se retourna vers moi et me mit une de ses mains musculeuses sur mon épaule :

- Quant à toi petite Gladiatrice, j'espère que nous nous reverrons bientôt.

Je lui offris un sourire carnassier pour seule réponse qui en disait long. Boggs me le rendit avant de descendre souplement de l'estrade pour reprendre sa place près de son père. 

La Gladiatrice II - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant