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Tous mes muscles se raidirent et il le sentit. Le jeune homme me relâcha un peu et je me dégageai vivement, ne sachant pas trop comment réagir. Il avait beau avoir tué Cycy, il ne restait pas moins quelqu'un qui m'intriguait et je lui faisais étrangement plutôt confiance.

Il n'avait pas changé, ses cheveux blonds brillaient sous l'éclat de la lune et ses yeux dorés me donnaient toujours l'impression qu'il pouvait sonder mon âme. Gênée, je passai ma main dans mes mèches châtains clair et je lui demandai à voix basse pour reprendre contenance :

- Qu'est ce que tu fais là ?

Il ricana doucement :

- Je suis venu te parler, ça ne se voit pas ?

Il avait tout de même l'air assez incertain comme s'il doutait encore ce qu'il allait faire. Je décidai donc de le mettre en confiance.

- Vas-y j'ai tout mon temps. Mais dis-moi d'abord comment as-tu réussi à passer du Quatre au Sept sans te faire prendre.

- Le Capitole m'aime bien, il m'accorde souvent quelques faveurs, déclara-t-il simplement.

Il y eut un silence durant lequel je savais qu'il hésitait et tentait désespérément de résoudre un duel mental.

- Crache le morceau Warren, tu ne serais pas venu jusqu'ici pour rien, soupirai-je.

Il balaya la pièce du regard et me demanda :

- Je préférerais que l'on soit... tranquilles.

- On l'est déjà si tu fais référence aux caméras qui, depuis mon retour, sont cachées un peu partout chez moi.

Il parut se détendre puis son visage se ferma, soudain sérieux comme je ne l'avais jamais vu.

- D'accord Laureleen, je ne sais pas quelle vision tu as de moi. Probablement un Carrière meurtrier qui tue sans vergogne mais il va falloir que tu me fasses confiance.

- Économise ta salive, soupirai-je, je sais déjà que tu n'es pas un Carrière et si je ne te faisais pas confiance tu serais déjà sur le sol en train de te vider de ton sang.

Il me regarda, vraiment surpris avant de se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire.

- Tu te crois vraiment capable de me battre moi, le plus célèbre Vainqueur ? Je te rappelle que c'est moi qui ai bien failli te vider de ton sang il y a cinq minutes, riposta-t-il faussement menaçant.

Cette fois, ce fut à moi de rire guère impressionnée et il se joignit à moi avant de grimacer :

- Chut, il ne faut pas que l'on me voie ici !

- Ça m'étonnerait que l'on nous entende de la ville si tu veux mon avis.

Il leva les yeux au ciel avant de répondre mi-agacé mi-amusé :

- Apprends à être prudente veux-tu ?

Il marqua une pause avant de reprendre :

- Bon, je viens au fait, si je suis ici c'est parce que je me suis porté volontaire. Normalement, ça aurait du être Galatée, nous n'aurions pas pris de risques mais j'ai insisté. Je ne voulais pas que tu me prennes pour un meurtrier. Enfin il faut que tu saches que nous attendons beaucoup de toi.

- Mais qui ça nous ? l'interrompis-je une pointe de doute dans la voix.

Il me fixa dans les yeux avant de déclarer :

- Les rebelles.

Je le regardai, bouche bée, même si je savais bien qu'au fond, cette idée générale ressortait, je ne m'attendais pas à ce qu'elle fut déjà si avancée. Je tentai de dissimuler ma surprise en conservant un masque indifférent mais en réalité, mon cerveau s'était mis à fonctionner à toute vitesse.

- Mm, donc vous attendez de moi que je fasse un peu de propagande durant ma tournée comme j'ai fait durant mes Jeux c'est ça ?

J'avais parlé d'un ton léger que j'étais loin de ressentir.

- C'est ça, approuva Warren visiblement très heureux que je ne le prenne pas mal, mais tu t'es déjà bien débrouillée durant tes Hunger Games, félicitations.

Je le fusillai du regard avant de cracher :

- Félicitations ? Mon ami est devenu Muet par ma faute et il se fait probablement torturer en ce moment même mais tu me dis félicitations !

Le visage de Warren se referma avant qu'il ne me regarde dans les yeux en déclarant d'un ton déterminé :

- Rien ne t'oblige à nous suivre, je m'attendais bien à ce que le Capitole cherche à faire pression sur toi mais tu peux résister. Les districts se raccrochent à toi comme si tu étais une lueur d'espoir, il faut que tu le reste.

- Tu ne comprends pas... murmurai-je.

Je me mordis la lèvre pour m'empêcher de sombrer dans mon désespoir et il le remarqua.

- Laureleen, commença-t-il, je sais que ce que nous te demandons est dur et crois-moi, j'en suis conscient mais tout Panem à le regard braqué sur toi et tu ne peux pas le laisser tomber.

Il mit sa main sur mon épaule en signe de réconfort et je me tendis brusquement. Il la retira aussitôt, gêné avant de se reculer pour mieux me dévisager.

Je pris une grande inspiration, il avait raison, je devais sortir de là et cesser de faire mon égoïste pour ne pas qu'il arrive aux autres la même chose qu'à moi. Je relevai la tête avant de répondre :

- Tu as raison on ne peut pas rester comme ça indéfiniment. Dis à tes supérieurs ou à je ne sais pas qui que j'accepte mais je veux en savoir plus.

Warren fut tellement pris au dépourvu par ma réponse que j'en ris doucement. Vexé, il envoya un morceau de bois qui traînait sur une table dans ma direction que j'évitai agilement.

Je m'assis alors sur un des fauteuils défoncés et il prit place en face de moi.

- D'accord, que veux-tu savoir ? demanda-il.

- D'abord, combien êtes-vous et depuis combien de temps tout cela dure ?

- Nous sommes une cinquantaine sans doute répartis un peu partout dans Panem. Je sais que nous sommes peu mais c'est un bon début. Je suppose que tu te doutes que Galatée en fait partie.

A l'évocation du nom de ma styliste, mon visage s'éclaira, j'étais ravie qu'elle approuve ce que je faisais, ça me rassurait, en quelque sorte.

- Nous avons commencé à nous réunir il y a environ cinq ans, enfin je n'en faisais pas encore partie mais nous avons beaucoup progressé et certains districts semblent favorables à cette idée.

Je hochai la tête avant de reprendre :

- Comment t'es-tu enrôlé là-dedans ? On ne pouvait pas imaginer pire Carrière que toi, je ne vois pas comment ils ont réussi à remarquer ton esprit rebelle.

Le jeune homme grimaça mais répondit tout de même :

- C'est grâce à Mancora, une gamine de mon district. Son père en faisait partie et il a tout de suite remarqué mon léger... dédain pour les règlements, depuis, la petite m'a adopté.

Je souris en comprenant brusquement pourquoi Mancora semblait si complice avec Warren lors de l'Entraînement de mes Jeux. Je ne comprenais même pas comment je n'avais pas pu m'en rendre compte. Je repris :

- Et qu'attendez-vous de moi exactement ?

- De rester comme tu es. Tu es parfaite dans ton rôle de rebelle naturellement. Par contre, si ça ne tenait qu'à moi, je te dirais de garder ton collier exactement comme tu le portais dans l'arène. Ça à marqué les gens.

Il me sourit gentiment quand soudain je réalisai.

- Attends Warren ce n'est tout de même pas toi qui m'as... 

La Gladiatrice II - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant