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Je tournai alors le dos aux caméras pour rentrer. Je craignais le pire de la part de Blight mais que pouvait-il me faire d'autre ? Tuer encore un de mes proches finirait par être louche.

A peine sortie du champ des caméras que deux Pacificateurs m'escortèrent jusqu'à la pièce que j'avais quittée où se trouvait encore le maire, Morgan Galatée et Blight qui me fixa d'un regard empli de haine. Je l'ignorai et m'assied au même endroit en crachant à Blight :

- Oups, la petite annonce de tout à l'heure m'a mis hors de moi désolée.

Il me fusilla du regard, je voyais qu'il peinait à se retenir de me m'étrangler. Je le provoquai encore plus en lui adressant un regard enflammé.

- C'était très émouvant Laureleen, piailla Morgan les yeux brillants, tu n'as pas à t'excuser. Surtout quand son frère est venu !

Galatée hocha la tête mais le maire du Dix se contenta de faire une tête étrange, il devait redouter quelques protestations dans son district.

- Maintenant, si cela ne dérange personne, je pense que je vais rentrer me démaquiller et enlever cette fichue robe avant que je finisse par tourner folle.

Galatée se leva avec moi et nous quittions la pièce sous le regard meurtrier de Blight. J'entendis le pas léger de Darius qui se plaçait juste derrière moi tandis que je sentis l'adrénaline tomber de tout à l'heure. Je sentais que j'allais bientôt craquer et je ne devais pas me le permettre.

Galatée me guida vers ses appartements et me démaquilla avec soin sans dire un mot. Elle savait que j'avais besoin d'être tranquille.

Une fois dans ma chambre, j'enlevai ma robe et choisit un short noir et chemisier vert. J'avais besoin de me détendre donc je m'affalai sur mon lit et là, je craquai. Mes larmes coulèrent d'elles mêmes. Ma mère était morte. Morte, on l'avait tuée !

Je hurlai de douleur avant de tomber à genoux, ma tête entre mes mains. J'avais l'impression de revivre tous les moments que j'avais passé avec elle, elle avait toujours été là pour moi, pour me soutenir et cela même dans les moments les plus désespérés comme à la mort de mon frère.

J'essayai alors d'imaginer la détresse de mon père, j'avais trahi ma promesse. J'avais pris des risques et ma mère en avait payé le prix.

J'envoyai valser une vase à l'autre bout de la pièce qui se brisa en un grand bruit. Mes mains étaient couvertes de sang.

Je m'écroulai par terre et pleurai encore et encore en poussant un hurlement de douleur de temps à autre. Je n'avais même pas eu le temps de lui dire au revoir. Je finis par m'endormir, épuisée.

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On frappa quelques coups secs à ma porte.

- Mademoiselle, mademoiselle, réveillez-vous !

Je grognai mais me levai en reconnaissant la voix de Garett j'allai immédiatement ouvrir en titubant.

- J'arrive, fis-je en boitillant vers la porte.

Elle s'ouvrit sans un bruit en laissant apercevoir le jeune Pacificateur et à ma plus grande surprise, Boggs, le frère d'Alecto.

- Mademoiselle ! s'écria-t-il. Que c'est-il passé ?

Je jetai un regard circulaire à la pièce en désordre avant d'esquisser un geste d'indifférence :

- Aucune importance Garett.

- Mais tu saignes ! s'écria-t-il horrifié en regardant mes mains tailladées par les bouts de verre.

- Laisse, ça va aller.

En réalité, j'avais taché la moitié du tapis ainsi que mon chemisier qui arborait maintenant de petites tâches rouges.

- Hors de question, riposta-t-il d'un ton sans réplique, je vais te faire un bandage.

Sur ces mots il déchira un morceau mon drap blanc qui avait miraculeusement survécu et commença à laver la plaie qu s'était formée.

Boggs se racla la gorge pour signaler sa présence et je levai les yeux vers lui.

- Désolée pour tout ça, fis-je avec un geste englobant toute la pièce à moitié détruite, mais j'ai été mise au courant d'un événement assez perturbant.

J'eus un rictus ironique tandis que Garett tentait de me passer un bandage autour de la main.

- Je vois, marmonna Boggs, mais je souhaiterais te parler maintenant car je n'aurai probablement pas d'autre créneau pour entrer dans tes magnifiques appartements.

Il réussit à m'arracher un sourire tandis que Garett se relevait le regard inquiet.

- Ça ira ?

- Ne t'inquiète pas, il ne va pas me manger, ricanai-je.

- Ce n'est pas de ça que je parle et tu le sais très bien.

Je sentis comme un pic glacé me transpercer à cette pensée avant de murmurer :

- Il va bien falloir que ça aille mieux Garett.

Il m'adressa un sourire compatissant et me serra l'épaule.

- Dans ce cas, je te laisse, il faudrait mieux que vous sortiez prendre l'air.

J'acquiesçai et fis un signe de tête à Boggs qui me suivit. Une fois dehors, il me tira par le bras et me murmurant à toute allure :

- Je ne sais pas quand les Pacificateurs vont se rendre compte que je ne suis pas chez moi mais ça ne saurait tarder. J'ai fait croire à ton Garett que tu m'avais invité et il a tout gobé.

J'eus un sourire et il poursuivit en jetant un regard derrière son épaule :

- On va s'éloigner d'ici le plus vite possible et le moins longtemps. Il ne faut pas que l'on remarque ton absence.

Je hochai la tête d'un air entendu et Boggs fila sur la droite en direction d'un vaste champ rempli de bétail. J'hésitai une demi-seconde mais finis par le suivre au pas de course, si Alecto m'avait demandé d'aller le voir, ce n'était pas pour rien.

Nous entamons une course effrénée durant une dizaine de minutes sous le rythme soutenu de la course du jeune homme. Il sauta agilement par-dessus quelques troncs d'arbres et je le suivis sans peine. Il se stoppa seulement sous une sorte de grotte humide et il s'adossa à la paroi en croisant les bras. Je m'installai en face de lui en scrutant les moindre recoins de la grotte.

- C'est l'un des seuls endroits du district à ne pas comporter de caméras si c'est ce que tu cherches.

J'opinai rassurée et un silence s'installa durant lequel il m'évalua du regard. Je haussai un sourcil, attendant qu'il prenne la parole mais il attendit encore avant de déclarer lentement :

- Quand je t'ai vraiment prêté attention pour la première fois en compagnie de mon frère dans l'arène et je n'ai pas compris pourquoi il ne t'a pas tuée. Tu étais qu'une gamine peut être, mais sacrément manipulatrice et tu aurais très bien pu lui retourner le cerveau à ta guise en te servant de tout ce que tu aurais pu utiliser. Je n'ai pas mis de temps à cerner ton petit jeu ; jouer la faible et ensuite sortir toutes tes capacités pour surprendre le public et et faire aimer.

Il marqua une pause, je l'écoutais attentivement sans élever d'objection.

- Je t'ai vite considérée comme une menace envers mon frère. Tu n'avais eu aucun mal à te débarrasser de la fille du Un puis de celle du Onze. Tu semblais invincible mais pourtant tu avais une faiblesse ; ton partenaire de district Kaden.

A l'évocation de son nom, je frissonnai en détournant le regard, je ne voulais plus penser à lui.

- Et pourtant mon frère t'a aidée, il t'a pris son son aile, t'a sauvé trois fois la vie alors je me suis demandé pourquoi. Ce n'est que quand il est mort que j'ai compris, quand il t'a demandé de venir me voir. Nous avons besoin de toi Laureleen, tu n'es plus une gamine pour nous.

Je déglutis, cette phrase, Alecto me l'avait déjà dite et je ne l'avais pas comprise sur le coup mais là, je la comprenais.

Alecto était un rebelle. 

La Gladiatrice II - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant