✓ Chapitre 5 : L'enfant (effrayé)

24 1 26
                                    

- JOY -


J'étais assise derrière le LET, sur l'un des quelques bancs qui longeaient le petit parc de jeux. Je surveillais les enfants qui se dépensaient et couraient dans tous les sens. Le plus jeune s'amusait seul dans son coin, avec ses jouets dans le sable.

Un groupe de quatre garçons jouaient aux pirates, se donnant pour but de sauver la «princesse Samantha», celle-ci étant une fillette de huit ans aux cheveux de blé qui lui arrivaient aux hanches. J'aurai adoré les lui coiffer, même pendant des heures, seulement elle détestait tout ce qui avait attrait avec la féminité, en particulier la sienne. Elle laissait donc pendre sa magnifique chevelure dans son dos, sans s'en préoccuper. Malgré sa négligence, ils demeuraient souples et soyeux.

Elle haïssait cette bande de garçons dégénérés qui ne comprenait rien à ses états d'âme. Elle leur jeta un regard dédaigneux et leur tourna le dos, partant les poings serrés à l'extrême opposé du château de bois où étaient réfugiés les garçons. Ceux-ci eurent les yeux brillants devant le charme de cette demoiselle de caractère. Ils poussèrent des cris excités et amoureux, ce qui eu pour conséquence d'exacerber l'agacement de la petite Sam. Elle leva les yeux au ciel en contournant le bâtiment.

- Dis, je suis sensée vous surveiller, alors ne va pas trop loin ! lui criai-je.

- Je vais courir en face.

- D'accord, amuse-toi bien.

Elle me fit un sourire entendu avant de tourner les talons vers le terrain de sport, à peine à quelques mètres du parc de jeux. Elle s'élança sur la piste rapidement, parcourant un saut d'obstacle. Elle continua le même tour durant une heure et demi, sans jamais faillir.

Les enfants dont je devais m'occuper étaient tous différents. Il y avait le groupe des quatre garçons et celui de trois filles. Ensuite, il y avait les autres.

Samantha au fort caractère, puis Sara qui ne quittait jamais sa console de jeux. Un peu plus âgée que les autres, elle n'était pas très sociable. Malgré tout, elle passait son temps avec Noah, l'artiste dessinateur. Ils ne discutaient pas beaucoup, se contentant de rester ensemble en silence, vaquant à leurs occupations respectives.

Ensuite, il y avait Jean-Lou. Le plus petit des jeunes. Il avait seulement trois ans et restait perpétuellement seul dans son coin. Je passais la majeure partie de mon temps avec lui. Il ne parlait pas beaucoup, était toujours calme. Je faisais de mon mieux pour que chacun de ces enfants soient bien ici, même si cela restait un orphelinat et qu'ils se sentaient parfois très seuls.

Malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils devaient vivre, ils m'impressionnaient parfois. Ils étaient pourtant très jeunes, mais se révélaient plein de surprises, d'imagination, de personnalité et tous unique. Je regardais l'heure sur la montre accroché à ma ceinture. Dix-huit heures. Dans environ une demi-heure, il faudra se préparer à aller prendre le dîner au self service. Je me levais en étirant mes jambes toutes ankylosées.

Je regardais une dernière fois les enfants s'amuser et Samantha courir. Puis je leur annonçais qu'il était temps de rentrer prendre leur douche avant d'aller manger. Ils ronchonnèrent avant de suivre en sautillant. Je fis signe à Samantha, qui se joignit au groupe, ruisselante de sueur. Je devais les déposer aux douches où une dame de l'établissement, dont j'ignorais totalement le nom, les surveillait et s'occupait notamment du petit Jean-Lou.

Raphaëlle venait ensuite les récupérer pour les amener au réfectoire. Selon moi, elle le faisait uniquement pour se faire bien voir de la directrice ou pour avoir un bon dossier scolaire. Elle détestait les enfants et ne parlaient jamais à personne. Elle passait son temps à étudier et ignorait les autres. Bizarrement, elle nous faisait nous sentir inférieur et insignifiant, bien que je doutais qu'il ne s'agissait d'une volonté de sa part. Elle traçait simplement son chemin, sans prêter attention aux autres. Sa vie solitaire ne me rendait pas jalouse, pourtant. Pas un modèle de sociabilité pour autant, je jouissais de la chance de posséder quelques amitiés précieuses, que je ne voulais perdre pour rien au monde.

L'orphelinat des enfants trouvés [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant